Victoire Programmée de Rodrigue Ndzana
Un grand merci
à Rodrigue Ndzana pour sa très belle plume qui vient illustrer à point
nommé cette bouteille à la mer dont je parlais dans ma précédente note.
A tous les adolescents qui n'osent pas demander de l'aide, je vous offre ce magnifique slam de Rodrigue.
La leçon suivait son cours tranquillement
Et comme toujours, mon attention nageait à contre courant
Ainsi plongé dans cette attitude qui touchait le fond
Je savais qu’elle ne m’aidait pas vraiment à construire le pont
Entre moi et ces autres garçons
Mais c’est que, face à leur attitude si carrée, moi je me sentais… comme un rond
Plus cet espace horaire réservé aux tableaux et aux chiffres, s’agrandissait
Et plus mon univers se réduisait, lui, à cette autre opération que je faisais
Mon inspiration passait de ma main à mon stylo puis s’étalait
Et cette tristesse, glissant entre les lignes comme sur du velours, me soulageait
Mon absence se tenait là, au milieu de tous mes camarades si attentifs et si assidus
Et je me sentais si extérieur à cette atmosphère de concentration détendue
Car je n’avais pas le même hochement de tête ni le même sourire entendu
Les yeux de mon visage les jalousaient souvent
Et mon sourire tentait tout le temps de compenser par des performances en matière d’étirement
Ainsi j’essayais toujours de gagner au jeu
De celui à l’air le plus heureux
Pourtant, tout ce que je demandais
C’était de rompre d’avec cette impression tenace qui me collait
D’être plus vidé, plus brisé et plus débranché de leur univers, à chaque seconde qui passait
Je voulais qu’ils aillent derrières mes yeux et surprennent tous leurs messages cachés
Que j’avais trop honte de leur étaler avec des mots détaillés
Aimez-moi ! Je vous en supplie, ma vie en dépend
Ne me répétez plus que je suis différent et bizarre avec mon air méfiant
La distance sur mon visage ne témoigne pas de mon éloignement
La faute échoit à toutes ces chutes sans parachute que mon cœur entreprend
On ne connaissait réellement aucune parenté à mon mal être,
Malgré les rumeurs de mes flashs d’enfance qui lui donnait des origines diverses
Aussi, j’essayais désespérément et de toutes mes forces de m’arracher de cette situation sans solution
Pour me libérer de ma tortionnaire de dépression
Au point où ma honte n’empêcha pas quelques occultes consultations
Mais personne ne comprenait la lumière de mes obscures explications
Au sujet de cette délicate situation
Simple et sensible
J’étais seul et sans cible
N’étais jamais vraiment content
Prisonnier de cette pression du condamné à plein temps
Je savais que le compte à rebours était lancé
Et malgré toute ma volonté désespérée de le rattraper
Toutes ces étapes que j’avais traversées
Et toutes ces méthodes que j’avais enjambées
Finalement, c’est arrivé…
En tête à tête dans ma chambre avec ma tentation et son charme
J’essayais de leur résister par la pensée de la douleur qui s’emparerait de ma mère
De la déception grandissante qui réduirait mon père
De l’effondrement de mes sœurs et l’ensevelissement de mon petit frère
Pour le reste qui m’était égal à l’infini
Le temps s’était amusé à débrancher la prise de mon emprise sur les petites amies
Et si elles découvraient que ma réalité s’était enfuie
Toutes ces personnes seraient-elles encore restées, elles, dans ma vie
J’avais de plus en plus de mal à contenir ce malaise qui me malmenait
Mélange explosif de terreur, de honte, de fatigue, et de culpabilité qui, en moi, se débattait
Le bras de la pression a fini par se faire plus pesant dans le bras de fer qui se faisait
Contre celui de la repoussée de l’oppression que mon esprit subissait
J’en ai eu le courage, ai bu la tasse et il y a eu ce drame qui a suivi
Néanmoins, trois tentatives n’ont pas suffi
Et je m’en suis sorti, tout en faisant entrer en moi une sagesse infinie
J’ai failli partir mais suis resté avec toutes ces bénéfiques ecchymoses
Des tonnes de kilos d’instinct de survie en plus, et en bonus, le don de voler plus haut que la prose
Je n’éprouve plus aucune gêne à étaler ces démons que je couvre
Parce que l’imperfection n’empêche pas la magnificence des œuvres du Louvre
Parce que je m’enfuis chaque jour par le sentier du bonheur
En m’enfouissant jour après jour à travers celui de la paix intérieure
Parce que je me suis rendu compte de la profondeur mon erreur…
Il a fallu cette chute, où j’ai touché le fond, pour m’aider à me propulser vers le plafond
J’ai compris enfin que ma douleur se nourrissait de ma culpabilité et mon autodépréciation
Parce que je ne me nourrissais des autres, que d’indigestes impressions
Et parce que ma mauvaise opinion de moi-même copulait secrètement
Avec celle, au moins aussi exécrable que j’avais de tous les autres tempéraments
Je veux croire à nécessité de me présenter à eux tel que je suis
Aujourd’hui ma confiance me donne l’impression d’une puissance infinie
Comme si les lettres de mon nom avaient augmentées en nombre
Douce aspiration que ton cœur torturé par les rayons brûlants de ce froid sombre
Voudra croire en l’ombre de ma lumière qui éblouit
Mon passé n’a tiré sa force que des lettres d’encouragement que lui faisait mon présent
Il n’a survécu que par l’anticipation de ton présent plaisir de lecteur
Alors, qui que tu sois, laisse ton passé s’éloigner
Accueille ton présent et ses qualités
Pour que ton futur soit assuré de bien arriver
Efface tes douleurs
Et ne prend pas mal que l’habitude du mal se face prendre par malheur et sans réflexion
Par les autres et le feu de l’action de leur quête de réaction à leurs malheurs
Sache que le bien est la fondation de tous les cœurs !
Homme de rien, sans rien
Sans parchemin, ni assurance de réussite
Sans finances titaniques, ni facilité pratique
Riche de ce seul courage de ressuscité
Et armé de cette seule foi en ce qu’un jour tu traiteras de réconfort personnifié
Ces quatre vingt dix kilos de sincérité
Pour presque autant plus cent de centimètres d’originalité
Cette vingtaine d’années damnées qui produit sans cesse cette nécessité
De foudroyer les feuilles d’émotions sans toucher à une seule parcelle de beauté
Ces mots que j’écris à chaque fois que la température de mon cœur s’attise
Ma foi en ce que quelque chose au dessus de nous veut notre bien
Et nous l’apportera si notre doute s’écarte de son chemin
Peu de personnes s’attribuent un score inférieur
A celui que je m’accordais lors de période passée à jouer le jeu de la terreur
Mais l’amour et le temps ont recyclé la peur en assurance
Et le visage du désespoir a retrouvé des traits de foi croissante
Seul avec ma chambre comme d’habitude
Au moment ou je romps mentalement d’avec mon passé de vicissitude
Personne n’est au courant de mon projet
Mais je suis sûr qu’un jour le monde l’accueillera sans rejet
Et me reconnaîtra le mérite d’avoir ignoré les conseils de mes déboires
Comme preuve qu’on a toujours raison d’y croire
Parce que si j’ai vaincu la mort
Ce n’est peut-être que pour t’aider aussi à triompher dans la vie
Ce n’est peut-être que pour te présenter à ces mots qui te
rassurent
Sûr ta victoire programmée malgré les aléas du futur
Je ne demande pas de prix de littérature
Juste ce sourire, signe du plaisir… que mon rythme cardiaque te procure
A : le bruit de la mer, oh oui, je partage avec toi ! mais aussi le chant des cigales qui rythment l'après-midi, où je me vois allongée sous les tamaris...
K : un ballet flamenco (cf Sara Baras : sophistiquée, gracieuse, précise, forte, sensuelle, inspirante)
Oh ce que ça évoque pour moi ? En un mot : l'éblouissement. C'est un mix de plusieurs choses : la maîtrise et la précision, et puis la sensualité, la séduction. C'est tout un univers de beauté et de grâce dopé d'énergie, un peu magique.
O : le parfum de l'ambre, qui plane dans un petit salon accueillant
G : la glace au citron d'un citron givré
Agnès :
A l’inverse il y a les sens, que j’ai apprivoisé, et rangés à disposition dans ma boite à outils, très peu visuelle, il y a toutefois une image, que j’utilise pour neutraliser une émotion négative ou désagréable en sophrologie, c’est une jolie cruche bleue, posée sur mon frigo, image très familière, dénuée d’émotion ou intérêt mais qui me permet de courcircuiter une émotion dont je ne veux pas.Il y a plusieurs façons de vivre ses sens ! Il y a les sens qui me traversent, me surprennent, et me projettent immédiatement dans le passé, ou un vécu … Les deux sens qui s’éveillent en premiers chez moi sont l’odorat, et le ressenti, le toucher … c’est effectivement souvent une odeur qui me projette vers un souvenir, un lieu …. Le parfum d’une personne est aussitôt « classé » dans mon trombinoscope personnel, le café c’est tata G. ; le feu de bois c’est le club house du club, les petits fards de chez Bourgeois c’est ma grand-mère …. Une odeur s’associe à un lieu que j’aime ou pas, l’odeur du savon jaune, les couloirs de l’école primaire .. et me voilà bien mal à l’aise !
Vient ensuite le toucher, le ressenti, et une ressource interne inépuisable, l’odeur de ma jument, associée à son pelage, dans un geste simple que je fais régulièrement un câlin, en calant ma tête au creux de son encolure, et là immense bien-être… l’odeur et le contact du pelage mes deux sens privilégiés activés en même temps .. ! Je peux les évoquer au besoin, en situation de stress, de besoin de réconfort, ou pour me fabriquer un p’tit chez moi à disposition, aussitôt je ressens un bien-être, une douceur, une chaleur apaisante et un je ne sais quoi de joyeux ! La douceur de la joue de ma grand mère, la petite main rugueuse de mon fils, les touches du piano .. j’ai des souvenirs plein les doigts !
Pour finir le ressenti, « je me sens bien », « je me sens capable », ou incapable sont les expressions que j’utilise et qui me révèlent (trahissent ?) quotidiennement ! Et je pense à ma fille visuelle à 200% qui me dit chaque jour « maman, regarde comme ce morceau (de piano) est magnifique » elle regarde la musique … !
Voilà Béatrice quelques illustrations autour du VAKOG ça me fait penser à un principe qu’on utilise en sophro « le corps comme réalité vécue » je perçois la réalité par mon corps, donc pas mes sens, et ça, ça prend tout son sens pour moi … !
Frédérike :
Voici ce que j’aime & qui fait appel en ce qui me concerne à tous les sens évoqués : l’esthétisme & la sensualité débordante en plus ! Mais, je ne suis pas objective, cette scène m’a émue plus que de raison…
Louise-FrédériqueLes 5 sens et internet…. On ne goûte pas, on ne peut qu'"imaginer" le goût d'un bonbon ou d'un épice, on entend des sons compressés ou des montages, la vue obéit à la qualité des écrans qui fait différer les couleurs, et, selon le choix très subjectif de la personne concernée, un visage photographié est un simple arrangement de la réalité. On ne touche pas plus l'Autre, seulement son clavier. Impossible par une poignée de mains se rendre compte de la texture d'une peau.
Pourtant, tous s'accordent à dire que seul l'odorat, sentir, flairer, respirer est impossible avec internet. Rien n'est moins sûr!Ceci a été repris par les psychanalystes qui disent que le nez est en relation avec le patrimoine généalogique de la famille. Cet organe signe l'héritage, et physique et psycho-spirituel, que l'on reçoit à sa naissance.
Dans les peuplades de chasseurs La tradition arabo-soufi-musulmane dit que le nez figure les proches. les plus anciennes, Afrique, Japon, Laponie, Finlande… pour ne citer qu'elles, les chasseurs s'empressaient de relever le nez de l'animal abattu pour le garder comme trophée, ou même pour s'en affubler. Cela leur permettait, d'après eux, d'obtenir la même qualité de flair que l'animal en question.
Partout, on utilisait des poudres magiques, à base de museaux, pour favoriser le contact avec l'Au-Delà, les esprits, les entités.Au Japon, les personnes qui ont un long nez sont mal considérées car elles sont suspectées d'être malhonnêtes, peu fiables, menteuses, ce qui nous rapproche de Pinocchio dont le nez s'allongeait à chaque mensonge.
Le nez est incontestablement l'organe de l'intuition, il SENT, même de loin, il sent et il sait. C'est le nez qui oriente le pas, la jambe corrigeraient les bambaras. Les policiers eux-mêmes parlent volontiers de leur flair comme un guide sûr, avant la raison-raisonnante.Les expressions pour traduire les humeurs de l'être ne manquent pas:
"Je ne peux pas le sentir" ou "il me sort par les trous de nez", pour signifier une antipathie irrationnelle, "ça se voit comme le nez au milieu du visage" pour dire une évidence, "il a un coup dans le nez" pour une personne qui a trop bu et qui, de fait, a perdu sa capacité de discernement, son flair, "la moutarde m'est montée au nez" pour dire la colère, "agir à vue de nez" (ou au pif), "avoir le nez creux" (ou fin) pour signifier l'intuition ou la chance, … "Ne pas pouvoir sentir" un Autre peut très bien s'appliquer à une personne qui s'asperge d'un parfum haut de gamme tous les matins !Ce n'est donc pas son odeur réelle qui dérange, et pourtant instinctivement ou intuitivement, un signal d'alerte retentit en soi en guise de mise en garde contre cet individu dont il se dégage un on ne sait quoi de désagréable.
Comment faire via internet pour "sentir" l'Autre ?
Dans les états modifiés de conscience, rêve ou hyperventilation, il est fréquent de faire spontanément l'expérience de penser ou voir quelq'un ou une situation et l'associer avec une des odeurs bien réelles qui flottent dans l'air à ce moment T. Cette association, agréable ou désagréable, permet de reconsidérer son point de vue initial, sa vision première qui ne s'est appuyée souvent que sur des données très conditionnées par des raisonnements, des préjugés, des appréciations arbitraires, etc.
Cette association ne sera valable que pour soi, par exemple l'odeur du muguet, qui a toujours été un bon souvenir pour soi, associée à une collègue de travail que l'on juge froide et radicale,donne l'occasion non seulement de se poser la question, si tel est bien le cas, mais permet aussi d'oser un rapprochement avec elle et de vérifier son a-priori. On est toujours surpris de découvrir que sous le masque de la froideur se cachait un être généreux, souple, et rieur.
Isabelle
Visuel: le jardin japonais du jardin Albert Kahn au printemps
Auditif: l'ouverture du Tanhauser de Wagner
Kinesthesique : le sable chaud l'été sur la plage ou encore l'envol d'un pétale de cerisier japonais sur ma joue
Olfactif: Habit Rouge de Guerlain me plonge dans des émois...Comme toi je le reconnais dans la rue et suis immédiatement et irrémédiablement troublée par l'inconnu qui le porte.
Gustatif: un haut medoc intitulé La Patache d'Aux et qui me replonge dans des nuits de ma jeunesse, longues nuits de fête, de bonheur et de sens.