Parfois je pense à un livre que j'ai lu il y a plusieurs mois, voire plusieurs années, et le besoin de le reprendre, de le toucher, de l'ouvrir et de le relire se fait sentir comme une urgence. Je n'en connais pas toujours la raison et je ne la cherche pas. Mon cerveau, lui, sait pour moi...
Jade et les sacrés mystères de la vie de François Garagnon fait partie de ceux là. J'ai retrouvé avec une jubilation non dissimulée, la poésie et la magie de ses mots. L'intemporalité de Jade et tout autant celle de ses lecteurs et lectrices m'avait charmée.
Faire la connaissance de Jade, c'est aussitôt lui faire une petite place dans sa vie pour toujours....C'est ouvrir grand ses yeux avec l'émerveillement retrouvé de l'enfant, et c'est faire belle la place de notre imaginaire et de nos rêves. Je vous livre La quatrième de couverture ainsi que quelques extraits, et vous souhaite une belle relecture ou découverte.
Quatrième de couverture
Jade est une petite fille qui se passionne pour les choses spirituelles (au sens à la fois mystique et humoristique du terme).
Ce livre, qui rapporte ses propos essentiels, projettent avec une lumineuse simplicité des idées fondamentales, illustrées par des anecdotes chargées d'humour ou d'émotion.
Jade s'est mis dans la tête qu'il fallait sauver le monde dans sa saveur. Aussi met-elle tant de coeur à chercher le lien entre sa petite graine de vie et le grand bouquet de l'infini. Elle est irrésistible par sa fraîcheur inventive et son esprit d'émerveillement. Elle est inoubliable.
Notes de l'auteur
Dieu, puisque c'est de lui qu'il s'agit, semble s'amuser comme un beau diable à faire transiter par la bouche de cette gamine des histoires et des paraboles "tellement importantes, j'te jure, que l'avenir de l'humanité en dépend"
Bref, Jade aime qu'on l'écoute à l'étage au-dessus. Son jargon mériterait parfois quelques annotations de traducteur ou de lexicologue. Certains mots resteront, pour vous comme pour moi, un brin hermétiques. Réponse de l'intéressée: " Un mot, c'est comme une pomme; il faut mordre dedans pour en découvrir la saveur cachée, la fruissance".
...
Et puis un jour, elle me parla de feu, de flamme, de tendresse et de choses comme ça. Elle me disait qu'elle voulait être non pas une femme, mais une flamme. Elle avait entendue je ne sais où l'expression " tout feu tout flamme" et elle avait fermement décidé d'être l'un et l'autre pour de vrai...Elle voulait qu'on la regarde comme on regarde un feu de cheminée, un feu destiné non pas à consumer, mais à illuminer. Elle ajoutait, comme pour se justifier: " je voudrais être le porte-sentiment de l'espérance".
Un sacré mystère
Un mystère a longtemps plané dans ma tête, avant de se poser sur une branche de ma conscience. Ce mystère avait une sacrée envergure et je l'ai approché tout doucement, d'abord parce que je voulais éviter qu'il s'envole, et puis aussi parce que j'avais un peu la frousse. Ce mystère, c'est celui de la présence de Dieu.
J'arrivais pas à comprendre pourquoi Dieu qui était soi-disant partout, on le voyait nulle part. Or un jour, je me suis réveillée tout ensoleillée de bonheur. Ça m'arrive des jours, je sais pas pourquoi, j'ai tellement de ciel bleu à l'intérieur de moi que j'ai l'impression d'avoir mangé de l'infini. Ça te fait mousser le coeur, ça te monte à la tête, et tu te sens pétiller.
Un jour, je me promenais sous un p'tit nuage gris foncé. C'était drôle, parce que j'avais l'impression qu'il me suivait, comme un cerf-volant, comme s'il était relié à moi par un fil invisible. Au bout d'un moment, naturellement, il s'est créé une certaine complicité entre nous, de sorte que ce nuage gris foncé, j'ai fini par le trouver beau et par l'aimer. On les voit autrement, les choses, quand on découvre leur beauté. C'est alors que je me suis aperçu qu'un côté du nuage gris foncé, le côté tourné vers le haut, était toujours illuminé par le soleil. Il pleut dessous, mais là haut, c'est toujours le grand beau.
Je ne dis pas ça pour l'embêter, d'ailleurs, je l'aime bien ma maîtresse, elle est gentille_un peu simple d'esprit, mais pas plus que les autres grandes personnes. Elle se trompe, parce que dans la vie, l'important ce n'est pas la volonté, c'est l'abandon.
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C'est une fabuleuse trouvaille, l'abandon à la volonté de Dieu. le problème, c'est que les gens n'y croient plus. Ils ne croient qu'en eux, alors ils font leur petite volonté, et bien sûr, ça ne marche pas, ou pas très longtemps. Et comme ça ne marche pas, ils disent que la vie est mal faite. C'est un vrai drame. Parce que la vie, c'est une grande histoire d'amour, et les gens la ratent parce qu'ils aiment pas assez. Y z-osent pas aimer, ou bien y z-aiment mal.
Libérer la source
Il faut devenir des sources, il faut que les autres aient envie de se désaltérer à notre source.
Vous avez remarqué? On ne dit pas: "je meurs d'espoir", pourtant on dit: "je meurs de soif". C'est bien la preuve que c'est drôlement important, la soif, puisque notre vie en dépend. Il y a énormément de gens qui continuent à vivre sans s'apercevoir qu'ils sont morts....Vous savez pourquoi les gens, y z-osent pas? Et bien parce qu'ils font de leur vie un petit filet d'eau. Ils ont peur de manquer, alors ils ouvrent le robinet tout doucement, ils font du goutte-à-goutte pour s'économiser.
Je vais vous dire: Raphaël, c'est un ami à moi. Lui, c'est pas un petit filet d'eau, c'est une vraie cascade!
- Tu as déjà regardé une cascade? c'est comme une chute et une renaissance perpétuelle. L'eau n'arrête pas de tomber, à profusion. On dirait même que plus elle s'enfuit, et plus elle arrive! plus elle dépense d'énergie et de fougue, et plus elle est généreuse!
Raphaël, il parle souvent du bonheur. Selon lui, il y a trois B-attitudes: le Beau, le Bon, et le Bien. Si votre climat intérieur se dégrade, c'est sûr: vous avez un problème de B-attitude.
Un jour, il a voulu créer un groupe de gens heureux: le Club de la Bonne humeur. Le plus dur, ça été pour recruter: on était juste que tous les deux, alors que les gens de mauvaise humeur, ils étaient des millions de millions. Au début, évidemment, le Club de la Bonne Humeur attire beaucoup, parce qu'il y fait toujours beau, seulement c'est très difficile. Pas pour y entrer, non: mais pour y rester.
Quand vous vous réveillez le matin, parfois vous êtes tout ensoleillé de bonheur, tellement-tellement que vous rayonnez. Et puis, la journée commence, et vous rencontrez des gens qui ont dans la tête des nuages gris-foncé qui filent à la queu-leu-leu. Ils sont si menaçants qu'on a l'impression qu'il suffit de les piquer légèrement pour qu'ils se déchaînent en orages. Alors évidemment, c'est pas facile de rester au beau fixe. Au bout d'un moment, vous êtes découragé. Vous avez l'impression de gâcher vos rayons de tendresse pour rien du tout. Et vous finissez par passer de l'autre côté_du côté des gens de mauvaise humeur.
Je sais pas si vous avez remarqué: ce qui sépare les gens, ce sont les mots. Même les p'tits mots de rien du tout ça peut produire les pire maux. Il y a des mots blessants, et puis des mots qui tuent. Par exemple Raph' il dit que l'amour peut commencer sur un signe et finir par un mot, un mot de trop. Peut-être bien qu'on habille la réalité avec des mots parce qu'on a peur de la voir toute nue. Peut-être bien aussi qu'il vaudrait mieux se taire plus souvent. Apprendre à contempler. Rien dire. Rester dans le silence...
Moi, je parle des silences à étoiles, des silences à deux, avec des signes et des messages et des sculptures de connivence, un silence moelleux et rond comme de la tendresse, et grisant comme de l'amour. Un silence dense, la danse d'un silence....
Un grand merci à François GARAGNON pour ce petit bijou de poésie
Jade et les sacrés mystères de la vie
Aux éditions Monte-Cristo