Prenez un fauteuil et installez-vous dans mon atelier,
là où vous le désirez...A vos cahiers et carnets de bord,
cet atelier va se décliner en mode écrit et pratique.
Suite à mon billet Comment faire votre propre malheur, librement inspiré de l'ouvrage de Paul Watzlawick [Faites vous-même votre malheur] je ne pouvais pas, vous vous en doutiez bien, faire l'économie du bonheur. J'ai mis du temps à savoir comment et par où, j'allais attraper la "bête". Et finalement, les trois principaux axes de ma réflexion, (ce qui empêche le bonheur, ce qui le favorise, et la pratique pour passer à l'action) enrichis de mon expérience personnelle, de mes lectures et de mon travail d'accompagnement, se sont imposés peu à peu, dominés par cette idée fulgurante : Il va falloir de toute façon remonter ses manches et aller chercher l'huile de coude!
Je sais que vous ne savez pas que vous savez que je plaisante avec cette idée de fulgurance, et pourtant l'idée de l'effort pour accéder au bonheur est souvent rebutante au plus grand nombre. Je vous confusionne? C'est que vous commencez à saisir ce que je vous dis, tout va bien.
Je vais éviter sciemment toute définition du bonheur, qui tenterait par là même de le stigmatiser une fois de plus. Le bonheur se décline en rapport, et uniquement en rapport avec la vie et la sensibilité de chacun, et avec son histoire. Le bonheur, il est sûr, est plus que l'absence du malheur, plus que le plaisir que procure la satisfaction immédiate de nos envies. Le bonheur est à la fois universel et pourtant intrinsèquement subjectif. Je vous invite donc à prendre votre cahier, votre plume et un peu d'huile de coude.
Eclairage: LES TROIS TAILLEURS DE PIERRES
Trois personnes taillent des pierres avec les mêmes outils, au même endroit et au même rythme. Ils font rigoureusement la même chose.
Le premier a l'air vraiment malheureux.
Le deuxième ne semble ni heureux ni malheureux.
Quant au troisième lui, il a l'air franchement heureux.
Lorsqu'on leur demande ce qu'ils font,
Le premier répond amèrement: "je taille des pierres pour purger ma peine".
Le deuxième répond sur un ton neutre: "je taille des pierres pour nourrir ma famille".
Quant au troisième lui, il répond avec un grand sourire: "je taille des pierres pour construire la nouvelle cathédrale".
Huile de coude 1) Que vous inspire le bonheur? Et quel est votre rapport au bonheur? Avant de répondre, inspirez-vous de l'histoire des trois tailleurs de pierres:
A quel groupe de tailleurs de pierres appartenez-vous? Comment résonne cette histoire pour vous? Fermez vos yeux si vous le voulez bien, un peu comme on ferme les rideaux derrière une fenêtre, et je vous propose de vivre ces 3 "positions" en allant dans les chaussures de chaque tailleur. D'abord le 1er, vous êtes ce tailleur de pierre, que ressentez-vous? Cet état vous est-il familier? Est-ce que ce sont bien vos chaussures? Faites la même chose avec le 2ème et le 3ème tailleur...
Pour certains, le bonheur paraît plus inaccessible que pour d'autres, et pourtant il s'agit en un premier temps de prendre un peu de distance en changeant l'éclairage sur une même action: tailler des pierres. Peu importe ce que je fais finalement, l'axe de changement apparait clairement dans le sens que je donne à mes actions. C'est tout? Oui et c'est beaucoup! Je vous invite à prendre la décision de donner un sens à tout ce que vous faites et qui vous parait ennuyeux, loin de vos rêves et d'une vie peut-être bien idéalisée.
Eclairage: "Ecouter la forêt qui pousse plutôt que l'arbre qui tombe" Friedrich Hegel
Huile de coude 2) Sur quelle action ennuyeuse , rébarbative ou contraignante allez-vous donner un sens nouveau qui vous apporte de la satisfaction, du bien-être ou tout simplement du contentement? Utilisez votre cerveau droit et votre créativité pour donner du sens à ce que vous faites. J'ai parlé des deux hémisphères du cerveau dans Richesse de la symbolique. Pour commencer, prenez de petites actions quotidiennes, petit pas deviendra grand...
Les obstacles au bonheur
Un goût de l'absolu. Cette quête incessante du bonheur le rend par là même inaccessible, car la distance entre l'attente et le résultat escompté, est par essence anxiogène et contraire à mon axiome préféré: La vie ne peut se vivre qu'au moment présent et s'enrichit de l'adversité et de l'inconnu qui nous pousse à nous adapter et à évoluer. La quête est vouée à l'échec et provoque même l'effet contraire. Rien n'est trop beau pour satisfaire l'attente qui amplifie le gouffre entre vécu et fantasme. Cette quête implique un point fixe et précis à atteindre, sous tendant la notion de perfection, un pilier certain du malheur et de la souffrance, alors que le bonheur est un cheminement et un processus évolutif, nous le verrons plus tard. Et si le bonheur se trouvait dans le processus même qui vise à être heureux? Pas de point fixe mais une ressource illimitée qui ne s'use que si on ne l'active pas?
Eclairage: Quel est l'écart entre votre bonheur rêvé (ce point fixe inaccessible) et votre vie actuelle? Quels sont les freins et les leviers à votre bonheur? Allons voir du côté de votre "monde idéalisé" celui de votre inconscient qui a en lui vos ressources et une bonne partie de votre bonheur, celui qui donnera du sens à votre vie.
Huile de coude 3) Je vous invite si vous le voulez-bien à fermer vos yeux et à laisser venir à vous les images de ce que serait votre monde idéalisé, celui auquel vous aspiriez étant enfant. Peut-être allez-vous laisser s'ouvrir les portes d'un monde où vous allez retrouver vos héros et héroïnes de votre enfance? A présent comment est votre monde idéal? Je vous laisse planter votre propre décor, il n'appartient qu'à vous... Connaissez-vous cet endroit, ou est-ce un monde imaginaire et fictif? Le paysage? La faune et la flore? Les couleurs et les parfums? Y at-il des villes? Des constructions? Des pays de cultures différentes? Des frontières? Est-ce que l'on parle des langues différentes? Est-ce que l'on est heureux? Comment sont les visages des habitants de ce monde? Et vous, que faites-vous dans ce monde idéal? Quelle est votre place? Votre mission dans ce monde? Quel est le sens de votre vie? Et que ressentez-vous à présent ?Ecrivez une petite histoire pour décrire votre monde idéalisé qui vous donnera le modèle de votre monde. Vos valeurs vont émerger de ce récit et vous donner des clés vers votre bonheur à construire...
Programmés pour la survie. Sommes-nous faits pour le bonheur? Je vais sans doute vous décevoir, mais notre cerveau n'a pas d'état d'âme lui. Ca passe ou ça casse, et les solutions de survie vont souvent à l'encontre du bien-être, à fortiori du bonheur. Les impératifs de la survie nous poussent au moindre coût énergétique et au plus de confort possible, le tout étant de rester vivant le plus longtemps possible. Il est donc moins coûteux d'être malheureux, ce qui explique peut-être cette propension à faire si facilement notre malheur. En outre, nous sommes programmés pour la survie de l'espèce pas de l'individu, c'est là que le bât blesse. "La nature crée des espèces, elle ne crée pas des êtres. C’est le propre de l’individu de s’abuser sur sa destinée et de croire qu’il est né pour soi-même." René Quinton.
Etre heureux ne rime pas avec survivre, mais avec la vie que je souhaite me créer. Ce qui est sûr c'est que le bonheur va nous coûter davantage et nous demander des efforts. C'est un travail sur soi et une décision à prendre, car il ne nous est pas donné. Cependant, n'est-ce pas ce qui peut se présenter comme une formidable opportunité et un sens à notre vie que de nous déployer vers davantage de bonheur chaque jour?
(Fin de la 1ère partie...)
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