Nous ne pouvons pas ne pas communiquer. Et nous ne pouvons pas communiquer sans influencer l'autre.
A savoir comment nous souhaitons l'influencer et quelle relation nous désirons instaurer. Encore faut-il en avoir conscience et le décider ainsi...Gagnant-Gagnant? ou Perdant-Perdant?
Certes, d'un point de vue archaïque et lorsqu'il s'agit de survivre ou de sauver sa peau, ne rêvons pas, la relation dominant-dominé s'impose comme une évidence. La toute première programmation de notre cerveau est la notion de survivance de l'espèce, et à ce niveau là, pas d'état d'âme : "ça passe ou ça casse", "je te bouffe ou je me fais bouffer"...
Cependant avec la pensée, l'homme peut créer sa vie et sa relation à l'autre. Il peut décider de mettre à profit la combinaison Gagnant-Gagnant pour mettre fin aux rapports de force qui nuisent aux deux protagonistes, en les enlisant dans un Perdant-Perdant sans fin.
Oui, ne vous leurrez pas lorsque vous croyez avoir gagné la partie en enfonçant votre interlocuteur tout en bas, c'est le tréfonds qui vous attend aussi et vous avez gros à perdre : l'estime de vous même. Mais faudrait-il en avoir, ce qui est bien le propos de la personne qui veut blesser l'autre en titillant sa vulnérabilité, ses failles, en "grattant" ses cicatrices...". Elle préfère voir la paille qui est dans l'oeil du voisin, plutôt que de voir la poutre qui est dans le sien ", tout cela bien inconsciemment, la plupart du temps. Cela me fait penser à cette fable africaine....
Sur les bords d'un marigot, il y avait un scorpion qui désirait passer de l'autre côté. Il s'adressa alors à une grenouille.
- S'il te plaît, lui dit-il, prends-moi sur ton dos et aide-moi à traverser !
- Mais tu es fou, répliqua la grenouille. Si je te prends sur mon dos, tu vas me piquer, et je vais mourir !
- Ne sois pas stupide, répondit le scorpion. Quel intérêt aurais-je à te piquer ? Si je te pique, tu coules, et je meurs moi aussi puisque je ne sais pas nager…Finalement, à force de palabres la grenouille se laissa convaincre, et elle entama la traversée du marigot avec le scorpion sur son dos.
Mais, au milieu du fleuve, la grenouille sentit la brûlure d'une piqûre et le poison engourdir ses membres.
- Qu'as-tu fait ? Tu vas mourir avec moi!
- Je sais., répondit le scorpion. Je suis désolé… mais on n'échappe pas à sa nature. Et il disparut lui aussi dans les eaux boueuses....
Alors que faire face à un scorpion qui ne sait que piquer? Vous enfuir et vite! Il faut être deux à vouloir cette relation gagnant-gagnant. Il n'est pas en notre pouvoir de changer l'autre. C'est de l'ordre de sa responsabilité et de la prise de conscience de ses zones d'ombre qu'il devra identifier et accepter, afin de se réconcilier avec ses dualités et son propre conflit.
Il n'est pas confortable de faire ce travail sur soi-même, car cela ravive bien des blessures, et des épisodes de notre vie que nous avons voulu enfouir. Enfouissons, enfouissons, et nous ne ferons qu'enclencher une bombe à retardement. Tôt ou tard, ces démons que nous voulons oublier referont surface avec une plus grande résonance encore, et surtout, nous ne cesserons de projeter sur l'autre nos propres zones d'ombre censurées et voilées. L'autre n'est alors qu'un miroir. " Miroir, Ô Miroir......"
Oui mais Gagnant-Gagnant alors, c'est quoi? Ca n'est certainement pas Donnant-Donnant. Cette relation implique toujours un rapport de force. Je te donne si tu me donnes tout autant. " Et voilà, je t'ai tout donné et toi qu'est-ce que tu m'as donné, rien. Ca va se payer cher! " Et rebelote c'est reparti pour la foire d'empoigne...
Gagnant-Gagnant, vous l'aurez bien compris, c'est donner le meilleur de soi et se garder notre part d'ombre, éclairée par un travail sur soi qui permettra de tricoter une nouvelle histoire. C'est emprunter des sentiers où nous nous serons déchargés du poids d'un passé, transmis de génération en génération, et où la loyauté au clan est souvent le prix de frustrations, de drames, de maladies, d'impossibilité à être heureux, de répétitions de scénarios, d'achèvement de l'inachevé chez nos ancêtres.
Et là, c'est tout un travail en transgénérationnel qui annonce ma prochaine note...
Pour citer Jacques Salomé, la relation c'est être 3. Un individu + un autre indivividu + la relation à cultiver comme un jardin....