9h hier matin, je suis engoncée dans ma longue doudoune qui me sert de duvet ambulant, je l'avoue avec une certaine malice. RER A, gare de St Germain-en-Laye. Je fulmine intérieurement car apparemment c'est devenu une habitude pour ce train de partir avec 15 minutes de retard. J'ai chaud maintenant dans mon duvet, je décide de l'enlever au risque de déranger mes voisines. Repérée, celle d'en face qui a une mine renfrognée, fermée à double tour. Je me demande à quoi elle peut bien penser pour que son visage soit privé à tel point de toute expression. C'est juste pas engageant pour moi qui suis en face. Enfin les portes se ferment, j'ai 20 minutes dans la vue avec mon coaching du matin. Merci RATP chérie! Je commence à calculer le trajet et à le visualiser mentalement, je devrais arriver pile poil à l'heure. Et comme je suis coach ( prenez le degré qui vous convient) je décide de me faire une petite respiration abdominale. Là, ça va nettement mieux. Ce qui me désole, c'est que balayant d'un regard mon environnement matinal, je n'ai que des visages hermétiquement coincés dans leur grisaille comme paysage. C'est contagieux, mais ils ne m'auront pas!
Et puis une musique s'égrène derrière moi, me tirant "la manche" vers du vivant. Deux magnifiques voix s'élèvent et je reconnais tout de suite: " Besame Mucho ". Un Besame rythmé en diable qui me donne illico presto l'envie de me lever et de danser. Je me retourne happée par ces voix pleine de soleil. J'accroche le regard de l'une d'elle qui me le rend au centuple avec un sourire jusqu'aux oreilles et ses yeux qui se plantent dans les miens. Nous nous parlons de pupilles à pupilles, de vivant à vivant. Je lui décoche à mon tour mon plus beau sourire et je me dis que je vais pouvoir me passer de ma doudoune pour la journée, tellement cette magie du moment m'a réchauffée le coeur et les os. Je me retourne, revient à mes voisines qui n'ont pas ciller, et je fredonne emplie de joie et de gratitude, à défaut de ne pouvoir danser.
Faites passer ce sourire, c'est bien plus contagieux que les portes de prison. Et puis si vous rencontrez ces deux jeunes femmes dans le RER, dites-leur que leur joie de vivre est imprimée là dans mon blog. Dites-leur que je parle d'elles....