Communication stratégique et prescriptions de l'Ecole de Palo Alto
Citation d'Epictète
Communication stratégique et prescriptions de l'Ecole de Palo Alto
Citation d'Epictète
Rédigé le 26 juillet 2024 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je vous annonce la naissance d'un atelier en visioconférence de supervision et groupe de pratiques en thérapie systémique et stratégique du modèle de Palo Alto. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu le besoin et l'envie de créer et de transmettre. C'est chose faite.
Cet atelier aura pour vocation une supervision de votre pratique en mode confidentiel de 4 participants-e dans un espace temporel de 2 heures. Chacun-e pourra se faire superviser en profitant de 3 autres problématiques, et bénéficier ainsi de ces autres cas présentés.
Cet atelier de rencontre collective se fera en mode mensuel ou bimestriel, à déterminer avec vous. J'aime l'idée de vous accompagner régulièrement sur une année, et profiter de vos avancées. De plus, apprendre à vous connaître nourrit le lien et l'alliance indispensable à ce travail de supervision.
Plusieurs créneaux à déterminer avec le plus grand nombre:
- lundi matin de 9h à 11h
- Jeudi matin de 9h à 11h
- Jeudi soir 19h à 21h
Démarrage et décollage dés le 24 avril!
Le tarif: 90 euros l'atelier
Le printemps m'a soufflée cette envie en plein milieu d'année, histoire de profiter de cette sève inspirante et régénérante de cette saison. L'idée d'un atelier résonne forcément avec le fait de sculpter sa vie, sculpter de la terre glaise ou du bois et en obtenir une oeuvre: La vôtre, révélatrice d'une construction parfaite pour vous-même.
Me contacter via mon mail: [email protected]
A bientôt!
Rédigé le 03 avril 2023 | Lien permanent | Commentaires (0)
Cas illustré d'une thérapie indirecte avec les parents
La problématique
Les noms sont fictifs afin de protéger la confidentialité des patients
Je les remercie d'avoir accepté de livrer ce témoignage de leur vie
M. et Mme Brosseau sont les parents de quatre enfants et me contactent pour de violents conflits avec leur fils aîné, Nicolas 17 ans, avec décrochage scolaire, addiction au cannabis et échanges violents, tant verbal que physique. Le père et le fils en sont déjà venus aux mains. Depuis six mois, les parents ont "les nerfs à vif", dorment de plus en plus mal et autant dire qu'ils sont désespérés lorsqu'ils m'appellent. Ils vivent dans le sud-ouest de la France, et bien que réticents dans un premier temps, acceptent de tenter l'expérience d'une thérapie à distance au téléphone, et d'être les patients de cette thérapie. Nicolas n'étant absolument pas demandeur de quoique ce soit, Ils deviendront en quelque sorte les co-thérapeutes de leur fils à son insu.
Les séances
Ce sont des extraits de séances comportant les passages les plus explicites pour le lecteur; mais aussi par là même très réducteur du contenu d'une séance.
Les passages en italique sont des éclairages sur le fonctionnement de la thérapie systémique et stratégique.
Le problème s'est régulé en sept séances (sans aucune participation de leur fils).
Première séance
Je cherche à savoir quel est le problème, depuis quand et comment il se manifeste, qui intervient, qui fait quoi et dit quoi pour tenter de résoudre ces conflits et cette violente opposition de leur fils. J'ai besoin de connaître le contexte, le système pertinent (qui est concerné, qui souffre, qui se plaint, qui interagit et intervient...), la vision du monde des parents, les tentatives de solution qui maintiennent et aggravent le problème; En quelque sorte comment s'est construite cette escalade dans la confrontation?
La situation décrite par les parents: Depuis deux ans, notre fils Nicolas de 17 ans 1/2 est totalement démotivé depuis sa première S, qu'il a redoublé, alors qu'il était bon élève et travaillait dur jusqu'en Seconde. Il s'est retrouvé en première ES, et a commencé à sécher les cours, à fumer de plus en plus de cannabis, et a refusé toute autorité parentale. Depuis 6 mois, la situation s'est totalement dégradée, et depuis la semaine dernière il ne va plus du tout en cours. Il se dispute violemment avec nous, se lève en fin d'après-midi et se couche au petit matin. Il passe sa vie à jouer sur son ordinateur ou va chez sa copine. Nous avons toujours été une famille unie, aimante et là tout s'effondre. Nos trois autres enfants de 14, 12 et 10 ans en pâtissent et assistent tous les jours à des scènes de plus en plus violentes. Nous avons fait appel à la maison des adolescents, à la mairie et aux services sociaux, mais tout ce qu'on a pu nous dire c'est "Lâchez-le, il fait sa crise d'adolescence, ça va passer!" Nous sommes désemparés car nous avons tout essayé, rien ne marche.
La situation nous échappe totalement.
"Quelqu'un qui ne fait rien est un parasite"
Le père: Depuis six mois, nous avons les nerfs à vif, nous dormons mal et si ça continue, ça va mal se terminer...
Thérapeute: C'est à dire mal se terminer?
Le père: Je ne le supporte plus, la dernière fois, on en est venu aux mains, et je sens que je ne réponds plus de rien....Il nous pousse à bout, ça va mal finir.
La mère: Et depuis lundi, il ne veut plus aller à l'école, nous ne savons plus quoi faire....Nous sommes désemparés
Thérapeute: Et que lui avez-vous dit?
Le père: Quelqu'un qui ne fait rien est un parasite...
La mère: Si tu veux gagner de l'argent, travaille bien à l'école...
Le père: Ah oui parce qu'il faut vous dire que depuis deux-trois ans, Monsieur veut être milliardaire! Flamber l'argent! C'est une partie bien construite chez lui maintenant.
Thérapeute: Et comment votre fils compte-t-il s'y prendre pour gagner cet argent? Il vous en parle?
Le père: Il veut boursicoter sur internet, c'est n'importe quoi, il n'y connait rien et c'est devenu une obsession! On ne le reconnait plus.
Thérapeute: En effet ça doit être très difficile pour vous, ses parents, de ne plus reconnaître votre fils...On dirait qu'il réussit très bien à vous pousser à bout...Et que lui dites-vous à propos de ce boursicotage et de cette obsession d'être riche?
La mère: Agit! Sans rien faire, on ne peut rien faire!
Thérapeute: Oui ça paraît être une logique raisonnable, et il vous répond quoi?
Le père: Oh il s'emporte, nous dit qu'on ne comprend rien et ça monte vite en dispute, ou il claque la porte et quitte la maison....
Thérapeute: Et il va où? Vous m'avez dit vivre dans un petit village avec pas grand-chose aux alentours
La mère: Il va chez sa copine, chez les parents de sa copine....Il y reste souvent dormir le week-end
Thérapeute: Et ça se passe comment chez les parents de la copine? Il les fait aussi tourner en bourrique?
La mère: Ah mais non, chez eux tout se passe bien!
Le père: Et heureusement, parce que sinon on aurait trop honte!
Thérapeute: Oui vous êtes donc devenus ses "bourriques préférées"....
...
"Aujourd'hui, on ne fait plus rien, on a lâché prise ou presque...On n'a plus trop d'espoir"
Thérapeute: Depuis ces deux années difficiles, je suppose que vous avez tenté beaucoup de choses pour le remettre dans le droit chemin, pouvez-vous m'éclairer sur les sujets de discorde et ce que vous avez fait et dit pour lui faire entendre raison?
La mère: Aujourd'hui, on ne fait plus rien, on a lâché prise ou presque...On n'a plus trop d'espoir
Le père: Oui, juste qu'il quitte la maison ou il va y avoir un drame...
Thérapeute: Oui j'entends bien votre colère et votre désespoir, on le serait à moins....Mais avant au tout début?
La mère: Il y a six mois, pour les grandes vacances, il nous a dit "Non! Je ne pars pas en vacances avec vous!" Et ça été vraiment le début de l'escalade
Le père: On l'a obligé à venir, la confiance n'était pas suffisante pour lui laisser la maison, il se comporte trop mal
Thérapeute: Et comment ça s'est passé?
Le père: Finalement, il y a eu de très bons moments, même si il ne l'a pas avoué. On a pu souffler un peu et se retrouver en famille, un peu comme avant, mais de retour à la maison, tout a recommencé.
...
"Oui on dirait bien que Nicolas a pris le contrôle de la relation"
Thérapeute: Et quels sont les sujets de discorde qui reviennent quotidiennement?
Le père: Dès qu'il veut sortir et qu'on lui dit "tu rentres à telle heure!", les conflits éclatent et il part en claquant la porte.
Thérapeute: Et Nicolas respecte l'heure? il rentre? La porte reste ouverte?
Le père: Pensez-vous, il n'en fait qu'à sa tête, il rentre quand il veut....Quand on ferme la porte, il passe par la fenêtre, et puis on ne peut pas laisser notre fils dehors en pleine nuit; on vous l'a dit aujourd'hui on capitule.
La mère: Très souvent il reste dormir chez sa copine, et ça nous rassure de savoir qu'il est chez eux et ne passe pas la nuit à traîner dehors. Mais on dort très mal, et mon mari et moi travaillons dur et là nous sommes épuisés. Sans compter que nous avons trois autres enfants et que nous n'avons même plus de temps et d'énergie à leur consacrer...Nicolas nous accapare totalement.
Thérapeute: Oui et je me demande bien ce que Nicolas pense de lui-même en ce moment? Je parle de son échec scolaire en première S alors qu'il était un très bon élève, de son envie de liberté dans ce petit village devenu bien trop petit pour ses hormones de jeune mâle qui le submergent, de ses émois amoureux, sans parler du cannabis qui "l'illusionne".... Et puis de tout ce qu'il vous fait vivre....Sa mère qu'il fait pleurer tant il lui parle mal, son père qu'il fait sortir de ses gonds en le provoquant dans un bras de fer quotidien...On dirait bien d'ailleurs un combat de coqs, le plus jeune voulant détrôner le plus vieux, sans vouloir vous offenser Monsieur Brosseau....
Tout ce cocktail, ça doit bien lui mettre la tête à l'envers!.... Et vous parents aimants qui voulez transmettre vos valeurs à vos enfants, vous avez voulu lui remettre la tête à l'endroit, et plus vous avez voulu lui remettre à l'endroit, avec une logique toute raisonnable, plus il résiste et plus il devient déraisonnable...D'autant plus qu'à l'adolescence, les parents doivent apprendre à changer les règles du jeu
Les parents: Mais que devons-nous faire alors?
Thérapeute: Pour cette première séance, je vous demande juste d'y penser, vous voulez bien?
Les parents: Oui, nous y pensons déjà....
Deuxième séance
Elle réserve une surprise de taille, notamment concernant la consommation de cannabis de Nicolas, et je retrouve Mme Brosseau dans une colère froide, effondrée et épuisée par les événements de cette semaine, d'autant plus qu'elle a été seule pour les gérer, son mari ayant été en déplacement professionnel.
Après un violent bras de fer avec sa mère, Nicolas - qui n'a pas le permis de conduire - lui a volé les clés de sa voiture et est parti au volant de celle-ci, pour aller s'acheter des cigarettes. Il avait déjà fait une première tentative et sa mère l'avait menacé d'appeler les gendarmes s'il s'avisait de recommencer; ce qu'elle fit bien courageusement, et ces derniers l'ont "cueilli" roulant à 165 km/heure avec test salivaire positif et analyse de sang attestant d'un taux très élevé de cannabis. M et Mme Brosseau tombent de haut car ils ne pensaient pas que leur fils étaient à ce point sous l'influence de cette substance. Le système judiciaire est lancé pour Nicolas, convocation et déposition au commissariat, empreintes, photos donc "fiché" et convocation devant un juge d'enfant par la suite....
"Je ne lui ai rien dit, j'étais fermée, trop c'est trop"
Thérapeute: Et bien dites-moi, Nicolas ne fait rien à moitié!
La mère: Non et ça n'est pas fini...Figurez-vous qu'il est revenu très cool à la maison comme si de rien n'était, raccompagné par les gendarmes, et moi j'avais tellement honte!
Thérapeute: Et que le lui avez-vous dit?
La mère: Je ne lui ai rien dit, rien, j'étais fermée. Trop c'est trop. Le soir à table, il riait encore niaisement.
Il a été convoqué au commissariat vendredi matin. Je l'ai emmené et là il m'a dit "c'est trop dur, tu n'aurais pas dû appeler les gendarmes", et j'ai dû le laisser seul pour aller faire sa déposition. Je n'avais plus le choix, non seulement il se mettait en danger, mais il pouvait provoquer un accident.
Thérapeute: En effet, vous avez dû le protéger de lui-même, et il vous a fallu une bonne dose de courage pour faire ce que vous lui aviez dit que vous feriez. Nicolas a dû faire l'expérience des conséquences de ses actes. Mais il est bien trop déraisonnable en ce moment pour en prendre bonne note.
...
Bien que devant se soumettre à la loi et faire face aux conséquences de ses actes, nous savons par expérience que malheureusement dans la plupart des cas, cela aggrave encore la logique de confrontation avec l'adolescent qui repart de plus belle dans une escalade, toujours plus dure. C'est une tentative de solution supplémentaire, dans ce cas, celle de la société, qui tente de "re-dresser" le jeune afin de lui faire reprendre le droit chemin.
L'addiction au cannabis, tout comme sa déscolarisation sont des tentatives de solution chez Nicolas, un évitement pour se soustraire à ses sensations de mal-être et d'échec et sans aucun doute de souffrance intérieure.
Pour les parents, la piste la plus fructueuse est de sortir de cette confrontation et de retrouver une relation plus "fluide" pour renouer le lien, qui se délite au fur et à mesure des crises et de tout ce qu'ils ont mis en place pour raisonner leur fils. La tâche n'est pas aisée, car il s'agit d'opérer un 180°, pierre angulaire de la thérapie systémique et stratégique. Mon principal levier d'action et de persuasion est le fait que les parents sont à bout et sont prêts à tout essayer pour en finir avec ce cauchemar qui voit leur famille aimante et unie exploser en mille morceaux.
Je leur donne deux prescriptions
1) Un premier rituel à chacun, 30 mn chaque jour de lettres de colère et de déception, voire de tristesse et de honte
Ces lettres, qui seront détruites par la suite, visent à vider et saturer ces émotions submergeantes qui nourrissent les conflits.
Puis lorsque les émotions se sont apaisées, nous passons à la deuxième prescription.
2) Une position basse stratégique envers leur fils.
" Monsieur Brosseau, c'est à vous que je vais confier cette tâche très délicate et je vous préviens que ça vous mettre la tête un peu à l'envers, mais je sens que vous êtes prêt et nous allons mettre fin "au combat de coqs"....Enfin très stratégiquement, vous allez vous arranger pour faire croire à votre fils qu'il a gagné. Comme vous partez tous en vacances, vous trouverez bien un moment opportun et vous allez lui dire, à votre façon, ceci:
"Ecoute petit, ta mère et moi on a bien réfléchi après tous ces derniers événements, et tu vois, nous n'avons pas été à la hauteur...Quand on voit tous tes derniers comportements, on ne te reconnait plus, et forcément on se dit qu'on a loupé quelque chose et que nous avons été des parents insuffisants .....Nous n'avons pas vu que tu grandissais et nous sommes restés collés à toi, et maintenant regarde où tu en es....etc."
Vous notez bien ses réactions et vous vous éloignez sans aucune autre discussion. Vous lui en repasserez une petite couche régulièrement surtout dés que ça chauffe, et vous stoppez absolument toute tentative de le raisonner. Vous allez devenir des parents déraisonnables, et imprévisibles, il est grand temps de changer les règles du jeu et de reprendre le contrôle de la relation....
Troisième séance
"Quelque chose a changé, c'est encore indicible, mais le changement est en marche à l'insu de Nicolas...."
Après une semaine de lettre de colère et de honte pour M.Brosseau, il me dit ne plus en pouvoir de "vider son sac" à propos de son fils et que cela lui fait trop de peine de penser à lui avec cette colère et ces reproches. "Je l'aime mon petit, c'est trop dur de toujours lui en vouloir..."
Pour Mme Brosseau, la colère exprimée a vite fait la place à une grande tristesse qu'elle ressentait déjà depuis un certain moment; elle me dit avoir beaucoup pleuré et se sent vide. Elle craque et accuse le coup de tous ces mois de lutte et d'impuissance vis à vis des confrontations avec son fils. Je leur demande de stopper ces lettres, ce qu'ils ont déjà fait; Ils sont prêts pour changer leur fusil d'épaule...
Nicolas était décidé à partir en vacances en famille, et celles-ci se sont bien passées. On notera que loin de la maison, les vacances permettent toujours une trêve.
"Mais non papa, c'est pas toi, c'est moi!"
Le père: On est mercredi soir, me dit M.Brosseau, je profite d'une accalmie pendant les vacances, je me lance et lui fais votre petite tirade sur les parents insuffisants...
Thérapeute: Et?
Le père: Et Nicolas m'a répondu: "Mais non papa, c'est pas toi, c'est moi!" C'est la première fois depuis si longtemps que je retrouve mon fils...Et lundi prochain, il veut reprendre l'école.
Thérapeute: Bravo M.Brosseau! Vous avez fait un grand pas, mais sachez que Nicolas est comme un sportif blessé, il va falloir le freiner pour lui éviter de se prendre un mur. Il va devoir affronter le regard des élèves, de ses profs, du proviseur, se lever tôt, se concentrer, d'autant que le cannabis lui a bien embrumé le cerveau....Ça risque d'être une très grande pression pour votre fils, et il pourrait très vite renoncer. Freinez-le...
La rechute faisant partie de l'équilibre, il est indispensable de préparer M. et Mme Brosseau à de nouvelles crises. Nous en sommes à un balbutiement de changement. De plus, freiner Nicolas "tu es sûr, ça n'est pas trop tôt après tout ce que tu as traversé?" lui évitera les affres d'un nouvel échec et d'une nouvelle spirale d'évitement.
Quatrième séance
"Vous ne m'aimez pas!"
Les conflits ont repris de plus belle, Nicolas est bien retourné au lycée une heure, puis a rebroussé chemin.
Traverser ses peurs n'est pas chose aisée, reprendre le rythme des cours non plus. Mme Brosseau ayant pris rdv avec un avocat pour aider son fils à la prochaine convocation devant le juge d'enfant, Nicolas stresse et refuse d'y aller. Un bras de fer s'ensuit avec son père et Nicolas insulte ses parents et leur lance "Vous êtes des enculés!".
Thérapeute: Ah oui, il a mis la dose! Et qu'avez-vous fait M. Brosseau?
Le père: Une baffe! Je lui ai donné une baffe, c'est parti sans que je puisse contrôler quoique ce soit, j'ai vu rouge!
Thérapeute: Et Nicolas, comment a t-il réagi?
La mère: Il a crié "Vous ne m'aimez pas!"
Le père: On n'y arrive plus, il faut trouver une solution, encore des insultes, je l'ai tapé, ça devient trop dangereux.
La mère: J'ai appelé les parents de sa copine pour les prévenir des agissements de notre fils. Il y reste tous les week- ends, ils doivent être au courant, c'est de notre responsabilité.
Thérapeute: Je comprends bien votre désarroi, d'autant plus après cette petite pointe d'espoir et c'est bien normal, mais c'est une belle rechute, une belle grande rechute! Et elle fait partie de l'équilibre, d'autant plus que pour le moment tout est très fragile. Je vais vous demander à tous les deux de vous préparer aux prochaines crises, de les prévoir et de reprendre votre position basse.
M. Brosseau, la prochaine fois que votre fils vous traite "d'enculés", parce qu'il va recommencer à la première frustration et peur venues, vous devez vous entraîner et vous lui direz: "Mais non petit tu es bien trop gentil avec nous, on est bien pire que ça!"
Le père: Ça ne va pas être facile!
Thérapeute: Non je sais bien, mais je vous en crois bien capable, et une "petite" lettre de colère devrait vous soulager. et vous y aider.
...
"Rajouter des bûches pour éteindre le feu"
Le père: On doit vous dire aussi que son histoire d'argent, c'est pire que tout, il nous demande sans cesse de participer avec lui sur internet, il y croit dur comme fer!
Thérapeute: Et Nicolas vous demande de participer financièrement?
Le père: Oui bien sûr, tout le temps, il nous lâche jamais avec ça
Thérapeute: Et laissez-moi deviner, vous le raisonnez, n'est-ce pas?
Le père: Oui forcément, il a quitté terre....Et ça nous inquiète beaucoup
Thérapeute: Mme Brosseau, vous avez besoin de repos en ce moment, c'est pourquoi je me tourne encore vers votre mari, vous êtes d'accord?
La mère: Oh oui!
Thérapeute: M. Brosseau, concernant l'obsession de votre fils de gagner beaucoup d'argent en bourse sur internet, Je vais vous demander de jouer un gros coup, c'est le cas de le dire et de devenir plus déraisonnable que lui? Vous vous sentez prêt?
Le père: Je commence à vous connaître et je crains le pire (dit-il en riant)
Thérapeute: Vous allez user d'un stratagème vieux comme le monde, il s'agit de "rajouter des bûches pour éteindre le feu". La prochaine fois qu'il vous en parle, voilà ce que vous allez lui dire, toujours à votre façon en reprenant votre position basse stratégique: " Tu joues bien trop petit! Tu veux vraiment te faire de l'argent? Alors voilà, avec ta mère on a bien réfléchi, et on se dit qu'on ne t'a jamais vraiment bien écouté, c'est pourquoi on se disait que tu as besoin de notre aide et on a décidé d'hypothéquer la maison!"
Les parents: Non vraiment? (et ils éclatent de rire)
Thérapeute: Oui vraiment et ça n'est pas tout.
M. Brosseau, vous allez prendre rendez-vous avec un conseiller de votre banque pour devenir un expert en placement boursier, et vous allez emmener votre fils.
Le père: Il ne viendra jamais!
Thérapeute: Sans doute, mais ça devrait bien le calmer....
Les parents: On commence à s'amuser en effet (et ils éclatent de rire à nouveau)
Les stratagèmes ont bien des vertus. Non seulement ils sont très efficaces en créant des situations paradoxales à 180°, mais ils permettent aux parents de devenir totalement imprévisibles pour leurs enfants, rompant ainsi le cercle vicieux de la confrontation et de l'escalade. Et cerise sur le gâteau, ils permettent aux parents de dédramatiser les situations et de retrouver le sourire et l'espoir.
Je dois dire que pour les 180° et la position basse stratégique, je me suis bien inspirée de la nature de M.Brosseau: Imaginez-vous plonger dans l'univers de Pagnol, l'accent, le soleil, le grand coeur, le sens de l'humour et de la dérision. A ce jeu de la stratégie, il va devenir un maître...
Cinquième séance
"C'est presque trop beau pour y croire"
Le ton a changé, je retrouve des parents réjouis et remplis d'espoir; Nicolas s'est remobilisé un peu comme un automate cassé à qui l'on aurait remplacé les vieilles piles usées.
Le père: Depuis la dernière séance, le calme est revenu à la maison, Nicolas ne parle pratiquement plus de son obsession et de ses jeux d'argent
Thérapeute: (sur un ton malicieux) Ah bon? Est-ce que ça veut dire que vous lui avez fait votre petite tirade infernale?
Le père: Oui et il est resté bouche bée! Il n'y comprenait plus rien le gamin! J'avais envie de rire mais je me suis retenu
La mère: Et mon mari lui a dit qu'il devait devenir un expert et qu'il avait pris rendez-vous avec un conseiller à la banque
Thérapeute: Vraiment vous m'épatez! Et alors Nicolas y est allé à ce rendez-vous?
La père: Non pensez-vous, il a reculé
Thérapeute: Et vous M. Brosseau, vous y êtes allé à ce rendez-vous?
Le père: Mais bien-sûr! Et j'en ai appris un peu plus sur les placements boursiers. En rentrant, j'en ai parlé à mon fils
Thérapeute: Et...?
Le père: Et il a marmonné je ne sais trop quoi et il est retourné dans sa chambre...C'est presque trop beau pour y croire!
Thérapeute: Oui le changement est en marche, mais je ne vous le répéterai jamais assez, la rechute fait partie de l'équilibre, vous devez vous y préparer quotidiennement.
"Mais pourquoi tu te lèves si tôt?"
La mère: Mais attendez, ça n'est pas tout, Nicolas se lève à nouveau tous les matins à 6h, comme si il allait à l'école. Il y va tous les jours 1h par ci, 1h par là...
Thérapeute: Il tâte le terrain, il réapprend à marcher et ça ne doit pas être facile pour lui de traverser ses peurs, d'affronter ses professeurs...Il est courageux votre fils, mais il a bien trop peur de ses échecs.
Le père: Oui et on hallucine, maintenant il parle de travailler! Il veut aller travailler sur le chantier d'un de nos très bons amis.
Thérapeute: J'espère que vous l'avez freiné....
Les parents: Oui on lui a dit "Mais pourquoi tu te lèves si tôt?"
Thérapeute: Excellent! Vous êtes excellents! Et alors il se lève ou il est reparti se coucher?
Le père: (très fier de son fils) Non non, Nicolas a bossé sur le chantier vendredi et samedi, et il y retourne la semaine prochaine. Il a même réclamé à notre ami d'y aller tous les jours...Et tant pis pour les études, pour le moment il a recommencé à vivre.
Thérapeute: Vous avez bien raison, le plus important c'est qu'il se remobilise et qu'il pense qu'il l'a décidé seul. Il sera toujours tant pour Nicolas de reprendre ses études, y compris à 20 ans, 30 ans....Aujourd'hui, notre vie n'est plus linéaire.
Et dites-moi, j'y pense, concernant sa consommation de cannabis, il a dû forcément bien la réduire pour réussir à travailler sur un chantier?
Les parents: C'est ce que nous pensons aussi, mais on ne lui en parle plus...
Sixième séance
"Ça va tellement bien qu'on allait oublier le rendez-vous!"
C'est toujours moi qui appelle mes patients, et j'entends à leur voix qu'ils sont surpris de m'entendre; Ils sont sur un petit nuage, ont retrouvé leur joie de vivre, tout particulièrement Mme Brosseau qui a passé un cap très difficile entre épuisement et déprime.
Les parents: Bonjour Mme Giraudeau, ça va tellement bien qu'on allait oublier le rendez-vous!
Thérapeute: J'en suis rarement aussi ravie! Racontez-moi, vos voix sont rayonnantes!
Les parents: Nicolas va sur le chantier tous les jours! De 7h30 à 18h! Il est serein, souriant, radieux, entreprenant!
Le père: Et il est même en train de retaper son bureau de quand il était petit...C'est incroyable!
Thérapeute: Mais vous allez me faire pleurer si vous continuez là...Je vous sens tellement heureux!
La mère: Et maintenant, il passe ses week ends à la maison avec sa copine
Thérapeute: Il revient donc au bercail, et avec sa copine...La confiance est en train de revenir, mais restez bien vigilants et prêts à une rechute. Je sais que je me répète, mais je n'aimerais pas qu'à la première altercation, vous retombiez de haut.
Le père: Justement, ça a failli et je suis sorti dans le jardin pour ne pas m'énerver et lui faire des reproches
Thérapeute: C'est un bon réflexe, racontez-moi...
Le père: Nicolas se fait des frites avec sa copine à 15h de l'après-midi! Et les repas c'est en famille!
Thérapeute: Oui je comprends, mais notez qu'il est courageux pour faire des frites à 15h!
La mère: Finalement, il n'est pas viré du lycée, il a reçu la convocation du bac blanc, mais on ne s'attend pas à ce qu'il y aille...
Le système judiciaire est en marche, et la protection des mineurs va faire une enquête.
Thérapeute: Ce ne seront pas des moments faciles, ni pour vous, ni pour votre fils. Accompagnez-le et repérez bien les premiers signes de stress et de peur chez votre fils, il pourrait "criser" à nouveau. Tenez-vous prêts à reprendre une position basse stratégique.
La situation est débloquée, et nous nous dirigeons vers une consolidation.
En thérapie systémique et stratégique, la prescription de la rechute a pour objectif de préparer à la consolidation du changement et ce à plusieurs niveaux d'intervention
1) Prescrire la rechute la normalise et dédramatise les réactions émotionnelles des parents, et donc par ricochet celles de leur fils Nicolas
2) S'y attendre comme faisant partie d'un équilibre, évite de vouloir aller trop vite, d'avoir de trop grandes attentes de la part des parents, et minimise ainsi les déceptions, tout en préservant leur fils d'une trop grande pression sur ses épaules.
Septième et dernière séance
"La vie a repris ses droits"
Tout va bien chez la famille Brosseau. Nicolas travaille toujours sur le chantier de l'ami de ses parents, qui est très satisfait de lui. Il est assidu, courageux et a retrouvé sa joie de vivre. Ses études sont en "stand-by" mais il n'a que 17 ans 1/2....
Il a de nouveaux projets dans l'immobilier et aimerait faire une formation dans l'agence du père d'un de ses copains. Il attend le contrat de formation. Nous tombons d'accord pour clôturer avec cette dernière séance.
"Mais oui mon chéri, tu demanderas au juge combien de fois il faut l'arroser!"
Thérapeute: Comment allez-vous?
Les parents: Ça va bien! La vie a repris ses droits, notre famille est à nouveau heureuse!
Thérapeute: Vous m'en voyez ravie et quelles sont les dernières nouvelles?
La mère: Nous voulions partir une semaine en vacances et nous avons laissé le choix à Nicolas de venir ou pas "c'est toi qui choisis"
Thérapeute: Vous n'aviez donc plus peur de lui laisser la maison?
Le père: Non, on lui a juste demandé: "On fait comment pour la maison?" Et tout s'est bien passé! Nicolas avait tondu la pelouse, les lessives étaient faites, le ménage aussi! Il nous a même gentiment reproché de ne pas l'avoir appelé plus souvent....
Les parents: Et on lui a dit que nous étions très fiers de lui!
Thérapeute: Il le mérite en effet
Le père: Ah! il y a eu encore un petit délire de sa part. Nicolas voulait cultiver un carré de cannabis!
Thérapeute: Et qu'est-ce que vous lui avez dit?
Le père: Mais oui mon chéri, tu demanderas au juge combien de fois il faut l'arroser!!!
Thérapeute: Là vous vous êtes surpassés!
Les parents: Mme Giraudeau, vous avez sauvé six personnes, et nous vous en serons éternellement reconnaissants.
Thérapeute: M et Mme Brosseau, je suis très touchée de vos paroles, mais sachez que vous vous êtes sauvés vous-même, vous avez fait un travail phénoménal et je vous tire mon chapeau. N'oubliez pas les stratégies, la position basse et la rechute. Vous savez ce que je vais vous redire?
Les parents en coeur: Oui la rechute fait partie de l'équilibre!
Epilogue
Une année s'est écoulée, et il y a quelques jours je reçois ce mail intitulé "Nouvelles des Brosseau".
Loin de moi, l'idée d'une auto-satisfaction, mais il représente un feedback et un témoignage de l'efficacité de la thérapie systémique et stratégique. Il est donc important que je le communique, car il valide une consolidation du changement, et témoigne que le chaos a fait place au mouvement de la vie.
Bonjour Madame Giraudeau,
Depuis que nous avons cessé nos communications directes, la situation a bien progressé. Nicolas a aménagé avec son amie, en attendant le travail idéal il effectue des missions en intérim, certes rébarbatives mais à défaut rémunératrices, gage d'autonomie. Nous avons retrouvé des relations pleines d'amour. Des idées "exotiques" habitent toujours son esprit encore tourmenté, mais nos vies à tous les 6 ont bien changé.
Il a juste raté son permis pour la 3e fois, ce qui coupe des possibilités de travail comme de vacances, mais nous surmonterons cela.
Nous tenions à vous remercier encore pour votre aide salvatrice sans laquelle notre famille n'en serait peut-être plus une.
Avec nos remerciements
M et Mme Brosseau
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Rédigé le 26 mars 2023 dans Cas illustrés thérapie brève, Thérapie brève systémique et stratégique | Lien permanent | Commentaires (0)
Balises: addiction au cannabis, cas illustrés, conflits parents-adolescents, modèle Palo Alto, Thérapie indirecte, thérapie systémique, thérapie à distance, échec scolaire
Quand l'école de Palo Alto fait dormir les enfants, apaise les mamans et les papas. Surtout les mamans...
On notera que deux séances ont suffi pour régler le problème de sommeil d'une petite fille, sans que j'ai besoin de la voir. En effet, en tant que thérapeutes systémiciens, nous évaluons le système pertinent: Qui a un problème? Qui se plaint? Qui souffre? Qui fait quoi? Qui dit Quoi? Nous ne recevons pas forcément en séance la personne qui porte le symptôme.
En l'occurrence, c'est la maman qui n'en peut plus; C'est elle le levier de changement avec qui je souhaite travailler. Laissons la petite fille à ses jeux...Et rentrons de plein pied dans la thérapie indirecte Palo Altienne.
Christina, maman de deux enfants de 4 et 6 ans, fait appel à nouveau à moi, un beau matin; En effet, je l'avais déjà accompagnée pour des problèmes relationnels au sein de sa famille. Je la sens épuisée et survoltée.
Christina, pourtant bien au fait de la thérapie systémique et stratégique, pense que je vais la voir avec son bout de chou de 4 ans; Oui c'est sa fille qui ne veut pas dormir après tout, c'est elle le problème! Après un petit recadrage, je lui explique que nous allons voir cela tranquillement toutes les deux, je veux savoir ce qui se passe exactement.
Première séance
(Extraits)
Thérapeute: Bonjour Christina, alors que se passe-t-il? Expliquez-moi...
Christina: Je suis à bout! Ma fille de 4 ans ne veut plus dormir! Elle fait une crise tous les soirs, pleure, crie, se relève, empêche son frère de dormir! Cela dure des heures! Aidez-moi!
Thérapeute: Ok...Et comment s'appelle la "diablotine" qui ne veut plus dormir?
Christina: Eléonore
Thérapeute: Et cela dure depuis combien de temps?
Christina: Depuis un mois environ
Thérapeute: Il s'est passé quelque chose de spécial dernièrement?
Christina: Pas vraiment...Ah si son père a trouvé un nouveau travail depuis six mois, il est moins souvent à la maison; Je dois être encore plus présente.
Thérapeute: D'après vous, est-ce que cela a contrarié votre petite fille? Ses habitudes ont-elles été perturbées?
Christina: Oui un peu, mais cela ne l'empêchait pas de dormir. C'est seulement depuis quelques semaines.
Thérapeute: Racontez-moi, comment se passe le rituel du coucher? Vos enfants dorment-ils dans la même chambre?
Christina: Oui ils dorment ensemble, et son frère dort déjà lorsqu'elle commence sa crise; Il a le sommeil lourd.
Thérapeute: Donc ces crises ne réveillent pas son frère?
Christina: Non pas vraiment, encore heureux! Mais je l'appréhende. Faites quelque chose pour qu'elle dorme, je n'en peux plus!
Thérapeute: Racontez-moi le rituel du coucher...
Christina: Chaque soir, je raconte une nouvelle histoire avec des personnages que j'ai inventés; Les enfants sont dans ma chambre pour les histoires. Ensuite on chante quatre chansons, et ils vont se coucher dans leur lit.
Thérapeute: Ah oui quatre chansons? Vous donnez de votre personne! Et avant cette crise, Eléonore s'endormait sans problème?
Christina: C'était déjà un peu compliqué, parfois elle me rappelait mais s'endormait tout de même. Maintenant quand je lui dis "Bonne nuit à demain", elle me dit "Non je veux pas dormir! Na!" Elle crie et elle me suit dans tout l'appartement!
Thérapeute: Et vous faites quoi?
Christina: J'ai tout essayé! Au début, je la raisonnais, je négociais, j'étais douce, je restais plus longtemps avec elle. Puis au bout d'un moment, je m'énervais, je criais! Et rien n'y faisait...Parfois même, excédée, je la forçais à aller marcher avec moi dehors! Mais rien n'y faisait, je vous le dis, j'ai tout essayé!
Thérapeute: Oui, on dirait bien qu'Eléonore a pris le contrôle de la relation, et plus vous lui dites de dormir, et plus elle vous dit non, n'est-ce pas?
Christina: Oui je m'en rends bien compte...Mais c'est plus fort que moi, elle me fait sortir de mes gonds!
Thérapeute: "La diablotine" est sortie de sa boîte, et cela n'épuise que vous qu'elle ne dorme pas; Les enfants ont des ressources incroyables! Et que fait son papa, il intervient? Il vous laisse gérer la crise toute seule?
Christina: Oh comme d'habitude, je gère tout toute seule! De toute façon, elle ne veut pas que son père la couche, elle se braque encore plus et répète en boucle: "Je veux maman!" et c'est encore pire, alors je cède.
Thérapeute: Je comprends votre épuisement; C'est parfois bien ingrat d'être une maman?
Christina: Oui, tellement...
Thérapeute: Bon ok, on y va? Vous êtes prête pour le 180°? (Christina a déjà travaillé avec moi sur cette méthodologie de l'école de Palo Alto, et je peux me permettre d'être plus directe avec elle.) Pensez-vous avoir encore un peu de courage pour renverser la vapeur? Pour qu'enfin ce bras de fer cesse?
Christina: Oui bien-sûr, c'est pour cela que je reviens vers vous, j'ai hâte de m'y mettre!
Thérapeute: Pour commencer, Christina, et je vous demande de bien garder cela en tête, si Eléonore ne dort pas, nous admettons l'idée et le postulat qu'elle a une bonne raison de ne pas dormir, inconsciemment s'entend, vous me suivez?
Christina: Oui tout à fait
Thérapeute: Secundo, vous vous rappelez que plus je veux prendre le contrôle sur une fonction physiologique, naturelle et spontanée, le sommeil en l'occurrence, plus je perds ce contrôle et moins le sommeil vient?
Christina: Oui
Thérapeute: Donc, nous sommes d'accord que plus vous demandez à votre fille de dormir, alors que le sommeil ne vient pas, moins elle veut dormir, plus elle dit Non?
Christina: Oui
Thérapeute: Et finalement dans cette logique, cela parait presque raisonnable qu'elle dise non, puisque que le sommeil ne vient pas? (J'amène pas à pas la prescription très paradoxale qui va suivre, pour tout bon sens commun)
Christina: Heu...Oui
Thérapeute: Il va donc vous falloir appliquer la prescription du symptôme: "Non, ne dors pas!"
Christina: Ah oui! Quand même!
Thérapeute: Je vous rassure, vous n'allez pas lui dire comme cela; Nous allons l'adapter de façon écologique et pédagogique pour votre petite fille, afin qu'elle apprivoise le sommeil, et plus vertueux encore, nous allons faire en sorte que le sommeil devienne un ami, et non pas une punition.
Donc au moment du coucher, vous lui direz: "J'ai compris que tu n'as pas sommeil et que le petit train a du retard...Viens dans le salon l'attendre; Je vais mettre une petite sonnerie, et dès que tu l'entends sonner, c'est le signal que le petit train est enfin arrivé. Tu pourras retourner te coucher et dormir, mais pas avant."
Je propose 15 mn pour le timer, Christina préfère 30 mn, tant elle appréhende que sa fille refuse de dormir; Le prochain rdv est pris dans 15 jours, avec la demande de bien observer les réactions de sa petite fille.
Dans cette inter-séance, laissons Palo Alto, tel le marchand de sable, jeter sa poudre de sommeil sur les yeux d'Eléonore.
Je demande au préalable à cette maman survoltée, de faire quelques lettres de colère afin de vider cette charge émotionnelle.
Deuxième séance
(Extraits)
Thérapeute: Bonjour Christina, alors comment s'est passée cette prescription?
Christina: Ça a marché! Je lui ai dit: "C'est pas bon de se forcer à dormir, tu ne vas pas dans ton lit tout de suite. Tu n'es pas encore prête, viens dans le salon sur le canapé."
Thérapeute: Que répond-elle?
Christina: "Non! je veux pas! Je vais dans mon lit!"
Thérapeute: (Rire) C'est prodigieux! Et alors?
Christina: Je n'ai rien lâché et je lui ai expliqué que j'avais bien compris que le sommeil ne venait pas, que le petit train avait du retard, et qu'elle devait l'attendre sur le canapé jusqu'à ce qu'elle entende la sonnerie. J'ai mis le timer sur 30 minutes, elle s'est allongée sur le canapé et s'est racontée des histoires pendant que je vaquais à mes occupations. Je ne suis pas restée avec elle.
Thérapeute: Très bien. Et comment s'est passé le coucher?
Christina: Elle ne s'est pas faite prier pour aller se coucher! Je lui ai fait un bisou et suis sortie de sa chambre....Elle ne m'a pas rappelée; Elle a mis du temps à s'endormir, mais je n'ai rien entendu, tout était silencieux, enfin!
Thérapeute: Et les autres soirs?
Christina: Même chose. Le deuxième soir, je lui dis: "Non, tu ne vas pas dans ton lit! Tu vas dans le salon!" Elle s'allonge dans le canapé et se raconte des histoires, toute contente. Et puis au fur et à mesure du temps, Eléonore a compris que c'était un nouveau rituel. Elle veut bien ne pas se coucher tout de suite, mais elle me dit: "Juste une minute maman dans le salon!", mais je reste ferme. Je suis néanmoins passée à 15 minutes.
Thérapeute: Corrigez-moi si je me trompe, mais je vous sens encore légèrement survoltée lorsque vous lui demandez d'attendre le petit train? Non seulement, l'idée est d'apaiser le coucher mais aussi d'apprendre à Eléonore à apprivoiser le sommeil. Je comprends bien que toutes ces dernières semaines vous ont épuisées, mais néanmoins, nous ne sommes pas dans une punition.
Christina: Oui vous avez raison, j'ai peut-être un peu trop expédié la prescription.
Thérapeute: Pour la suite, vous qui aimez inventer des histoires à vos enfants, vous pourriez peut-être rester avec elle sur le canapé, ne serait-ce que 5 minutes, et lui parler du petit train...Vous pourriez lui dire: " Tu sais pourquoi le petit train a du retard? Et bien figure-toi qu'un passager avait oublié sa valise dans la gare, et il a fallu l'attendre. Il est très gentil ce petit train...Tout le monde le remercie car il veille sur nous; Peut-être pourrais-tu le remercier d'être en retard car il est si gentil?"
Je fais confiance à votre créativité...
Feedback un mois plus tard
Lors d'une nouvelle de demande de Christina, pour son fils cette fois-ci, je demande des nouvelles du "marchand de sable" Palo Altien. Tout se passe bien. La prescription du symptôme est devenu un nouveau rituel du coucher pour Eléonore. Christina a pris du plaisir à inventer de belles histoires de petit train, et chaque soir, Eléonore demande: "Je veux le minuteur!" et va dans le salon.
Elle a su apprivoiser son sommeil en retrouvant l'apaisement et la compréhension sereine de sa maman.
Reprendre le contrôle pour les parents, ne consiste pas, dans une escalade symétrique avec leurs enfants, à rentrer dans un bras de fer; Celui-ci est aggravant. Il s'agit d'épouser le mouvement en le ritualisant stratégiquement, et en le renforçant de façon écologique pour l'enfant.
L'école de Palo Alto s'apparente complètement à l'Aïkido, cet art martial qui utilise la force de l'adversaire en lui renvoyant.
Elle intègre totalement cette devise: Décourager l’attaque et non pas vaincre son adversaire.
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Rédigé le 03 mars 2023 dans Cas illustrés thérapie brève, Thérapie brève systémique et stratégique, Thérapie indirecte, Thérapie indirecte enfants | Lien permanent | Commentaires (0)
"Cette année, j'ai pris la résolution d'arrêter de vieillir.
J'ai même pas tenu une seconde, tu parles d'une volonté!"
Oscar Wilde
Quel titre à contre-courant des us et coutumes de ce début d'année, je vous l'accorde bien volontiers! J'avoue avec un brin de malice avoir toujours aimé jouer de mon propre tempo, celui qui résonne en moi avec justesse, et que je partage avec vous dans ces quelques lignes. Et puis on pourrait même se dire que c'est un 180° bien involontaire de ma part:) La pierre angulaire de la thérapie systémique et stratégique de Palo Alto.
Si vous êtes comme moi anti-résolutions de début d'année, cet article tombe à pic et donnera encore davantage de crédit à l'eau vive de votre moulin, enfin gageons-le.
Si vous êtes accro aux résolutions dés le premier janvier de la nouvelle année, vous pourriez bien vous détourner immédiatement de cette lecture, ou peut-être votre curiosité pourrait-elle s'en trouver attisée?
"Une fois que ma décision est prise, j'hésite longuement." Michel Tournier
Je vous avoue que les résolutions de début d'année, voir même dés le réveillon de la saint Sylvestre, m'ont toujours laissée perplexe, voire me donne envie de nager à contre courant de cette coutume pourtant bien ancrée dans notre culture. Sans compter que le développement personnel y a très largement contribué, trop largement, je n'ai pas peur de ces mots.
Autant d'injonctions contre-productives que nous devrions nous marteler avec une répétition indéfectible de l'après saint Sylvestre? Pauvre de lui. Et pourquoi pas faire ces changements le 1er juin, le 29 septembre ou le 28 avril de chaque année? Entre nous, juste entre nous, ça se saurait si ça fonctionnait, non? Un désir de mue chaque année à la même date? Et toujours la même? Certains me voient venir avec mes gros sabots car je vais citer Albert Einstein, c'est trop tentant!
"La folie, c'est se comporter de la même manière et s'attendre à un résultat différent."
En tapant Résolutions sur Google, j'ai trouvé entre autres deux articles sur les origines de cette coutume: Le Figaro, article très récent de décembre 2022 et c'est pourquoi je le cite, et Le Soleil Numérique.
Pour les plus courageux, la lecture est à portée du clic!
Ces résolutions toujours empreintes d'une excellente intention, visent à prendre des engagements avec soi-même et les autres, sur divers plans aussi bien physique que mental, interactionnel ou comportemental, sans oublier plus de réunions avec la famille et les amis etc. Autant dire une longue liste de changements à mettre en place, que l'on aura concoctés entre deux coupes de champagne, les petites bulles faisant office d'illusions parfaites, pourtant obligatoirement sous le contrôle de la Volonté, et de la duperie faite à soi-même.
" Notre anxiété ne provient pas du fait de penser au futur, mais de notre volonté de le contrôler."
Khalil Gibran
Arrêter de fumer, "perdre" du poids, reprendre le sport, se nourrir sainement, avoir des pensées positives, méditer tous les matins, être plus ci, plus ça, moins ci, moins ça. Finalement s'envoyer des tonnes d'injonctions et d'objectifs, fer de lance du but conscient à ne surtout pas rater cette fois ci! Et Puis se relâcher, se dégonfler rapidement, tant la pression est forte. D'ailleurs nous retombons sur nos pieds car l'étymologie de résolutions provient du latin resolutio: "qui se fait qu'en se défaisant". A l'origine résolution désignait l'action de lâcher, de se défaire, et je lui préfère cette voie.
"Il faut se défier de ceux qui ont de trop bonnes intentions:
Il leur arrive de changer étrangement d'idées" Stanislaw Jerzy Lec
Me vient en tête le livre de Francis Midal: Foutez-vous la paix! Et commencez à vivre
Je vous partage un petit extrait, mon cadeau pour les premiers jours de l'année; ces lignes illustrent merveilleusement bien ma pensée:
"Nous sommes pris dans un activisme frénétique qui nous rend complètement aveugles. Happés par l'urgence de "faire", nous ne voyons plus qu'en réalité nous ne "faisons" rien: nous nous agitons et nous oublions l'essentiel. Nous oublions d'oser.
Foutez-vous la paix! Mon expérience m'a appris qu'il n'y a pas d'autre moyen de redécouvrir les possibles en nous que nous avions complètement oubliés. Arrêtez! C'est le seul moyen d'agir. Libérez-vous des protocoles, des procédures, des pseudo-urgences qui n'en sont pas! C'est ainsi seulement que vous verrez jaillir en vous l'enthousiasme et l'envie d'aller plus loin.
...
Est-ce que je médite? Non pas dans ces conditions. Je ne me somme à rien et, quand je n'ai pas envie, je fais autre chose et puis c'est tout: ce n'est ni un bien, ni un mal, ce n'est pas un drame.
Je n'applique pas de technique, je ne m'appuie pas sur un mode d'emploi: je médite pour me libérer de toutes les injonctions.
Et je n'ai pas pour objectif de devenir sage, ni calme, ni patient. Je n'ai aucun objectif, aucun but, pas même celui d'entamer ou de finir la journée dans un état d'esprit particulier.
Non je ne vous conseille certainement pas de lire ce livre; Exception faite si l'envie jaillit en vous; Suivez-la alors et mon partage aura été fécond.
Je n'ai pourtant rien contre contre les rituels et les racines profondes, bien au contraire. Nous manquons d'ailleurs cruellement de rituels dans nos sociétés actuelles de consommation et de performance , rituels et rites pourtant indispensables, repères aux nombreux ancrages vertueux: importance des rituels dans la construction de l’identité, ciment de l'identité d'un groupe, rites de passage de l'enfance à l'adolescence et de l'âge adulte, rituels de séparation et de deuil qui ont tant manqué lors des trop nombreux confinements (J'ai dit trop?) et bien d'autres encore…
Mais se faire violence avec l'idée d'un changement volontaire, chaque début d'année et pratiquement sans résultats? Le changement profond ne serait-il pas la seule issue, inconfortable certes, mais vitale, à un moment où la vie étouffe sous le poids de la survie? A un moment où le mouvement de la vie ne circule plus?
Lorsque la vitalité de l'être est en péril, alors le changement n'est plus que la seule issue. Certes manger mieux, et ne plus fumer restent du bon sens; Mais ce bon sens arrivera à point nommé à la fin d'un cycle, lorsque ce sera le bon moment. C'est pourquoi les thérapies aident les personnes à changer, car ce sont elles, qui n'en pouvant plus, ayant tout essayé, viennent à nous thérapeutes.
"Mais que peuvent contre la destinée les plus fermes résolutions?" Catulle Mendès
Alors qu'est-ce que j'ai à vous proposer en échange? Rien.
Enfin pas vraiment rien; Une image s'est imposée à moi avec ces ballons dirigeables ci-dessous et si vous vouliez faire absolument quelque chose, alors laissez vos paupières se fermer pour mieux faire la lumière en vous et partons à l'exploration de mon imaginaire, au service du vôtre...Mes mots en un claquement de doigts se transforment en sons, en musique, et vos paupières sont de plus en lourdes, d'une torpeur agréable et enveloppante.
Imaginez que vous chargez dans ces ballons tout ce qui ne vous convient pas ou plus, de tous ces automatismes, de ces circuits neuronaux creusés à coup de répétition, imaginez cette charge, ces poids se transformer en air, en gaz et en hélium; Donnez-leur des couleurs si cela vous enchante, elles enchanteront vos rêves...
Et puis, montez dans un de ces ballons dirigeables. Pour les plus téméraires, vous vous retrouvez aux commandes, pour les autres, un instructeur/guide vous y attend.
Vous allez utiliser la poussée d'Archimède.
Pour monter dans les airs, vous allez relâcher l'air comme une longue expiration, et tout ce dont vous ne voulez plus aujourd'hui.
Pour redescendre, vous faites rentrer de l'air comme une longue inspiration, et vous remplissez de tous vos rêves et changements à venir qui sont déjà réalité à votre portée. Vous visualisez votre vie future, qui devient le moment Présent, qui est le présent. La vie circule en vous en couleurs et en lumière, en une spirale énergétique en vous et tout autour de vous.
C'est aussi simple que cela, ici et maintenant.
Bonne Année 2023!
Pour ceux qui me découvriraient
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Rédigé le 02 janvier 2023 dans Instants de vie, Points de vue, Thérapie brève systémique et stratégique | Lien permanent | Commentaires (0)
Après une longue période en jachère, me revoilà aux commandes de mon blog "Sculpter sa vie". Pourquoi jachère me direz-vous? Le mieux est de vous donner une définition qui parle d'elle-même.
Jachère: Pratique agricole consistant à maintenir inutilisée pendant une certaine période une surface agricole pour lui permettre de reconstituer ses réserves en eau, sa capacité de production ainsi qu'une bio-génération des sols lui conférant qualité et fertilisation.Je précise qu'il y a des jachères que l'on fleurit, pour éviter les mauvaises herbes d'occuper le terrain; Personnellement, je suis coquelicot!
Et cela m'a fait un bien fou de me laisser ce temps à ne pas écrire, ne pas produire à tout prix, afin de recharger mes batteries grâce à une rêverie contemplative que je revendique depuis fort longtemps, et ce en mode Adagio!
Loin d'être improductive, comme on la stigmatise encore trop souvent, la contemplation réserve bien des surprises de par sa fécondité, si l'on veut bien quitter tout "but conscient" et tout résultat anticipatif escompté...Elle se découvre au fil du temps, sur des chemins de traverse que l'on n'avait même pas imaginés, ni même pensés.
"La vie a bien plus d'imagination que nous n'en aurons jamais".
J'avais ce besoin impérieux de me retirer pour un certain temps d'une société de surconsommation, dans laquelle le "trop d'information tue l'information"; C'est comme le chocolat, à petites doses c'est délicieux, à hautes doses cela gave comme les oies. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement ces injonctions à être heureux, à devoir trouver le bonheur à tout prix, à faire ceci, pas faire cela, me détournent justement de ce chemin imposé.
Mon chemin, je le façonne pas à pas, à mon rythme, et tant pis si je ne suis pas dans la mouvance du "Encore plus vite, encore plus haut, toujours plus…"
J'écoute battre mon cœur, et j'avance autant que faire se peut à son rythme, y compris avec certaines de ses embardées, je vous rassure au sens figuré du terme, que j'apprivoise chaque jour davantage. Je l'ai déjà dit et aime à le répéter, mon parcours accidenté à bien des égards, a fait naître ma résilience, l'une de mes principales ressources en tant que thérapeute.
Mon blog "Sculpter sa vie" est né en 2009. Il a traversé déjà de nombreuses évolutions, témoin du mouvement de ma vie. Ce que je sais c'est que je continuerai à vous raconter des histoires, et parfois même des histoires à dormir debout, de celles, je l'espère, qui vous atteignent en plein cœur et parlent à votre inconscient, tout en vous berçant agréablement.
Ces histoires qui créent avant tout du lien et de l'émotion.
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Rédigé le 27 octobre 2022 dans Instants de vie | Lien permanent | Commentaires (0)
C'est avec un grand plaisir que je vous présente l'ouvrage de la fine équipe fondatrice de Lact, cabinet d'intervention, de formation et de recherche, spécialisé dans la régulation systémique et stratégique des troubles psychologiques et relationnels individuels ou collectifs, d'après le modèle de Palo Alto.
Ce livre est un incontournable et s'adresse à toutes les personnes en souffrance au travail comme à toutes celles intervenant dans leur accompagnement, à titre privé ou en collectivité.
Le monde de l'entreprise souffre de plus en plus, et ses salariés sont les premiers touchés, sous la poussée de la mondialisation et des bouleversements sociétaux qu'elle entraîne. La performance dans l'entreprise est devenue une urgence pour continuer d'exister, malmenant les individus au sein d'une organisation qui ne peut plus prendre en compte les capacités d'adaptation dont la survie de chacun dépend.
Ce livre est une méthodologie complète, pragmatique et très pédagogique qui place au cœur de la souffrance l'humain et le système dont il dépend. Comprendre ce qui engendre la souffrance ne la résout pas, intervenir sur un individu "porteur du symptôme" sans prendre en compte la totalité des acteurs composant le système pertinent, ne fera que le stigmatiser davantage, le poussant à faire encore plus de la même chose.
Des cas de burn out, harcèlement, conflits, addiction, syndrome post traumatique, pensées suicidaires... sont clairement exposés tant dans le diagnostic posé que dans la résolution de problème.
Une pépite dont on ne pourra plus se passer en thérapie et coaching systémique et stratégique du modèle de Palo Alto, en lien avec la souffrance au travail.
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Rédigé le 20 avril 2017 dans La souffrance au travail, Thérapie brève systémique et stratégique | Lien permanent | Commentaires (0)
Balises: accompagnement systémique et stratégique, burn out, conflits, dépression, harcèlement, méthodologie de Palo Alto, ouvrage"Quand le travail fait mal, pensées suicidaires, souffrance au travail, stress post traumatique
"Peur évitée, peur augmentée"
Giorgio Nardone
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La peur est une émotion
Elle est plus précisément l'émotion du danger, qui très paradoxalement nous maintient en vie. La peur est inhérente à notre survie, et agit comme un signal d'alarme. L'enjeu est de taille et ses symptômes spectaculaires (rythme cardiaque qui s'accélère et s'emballe, muscles tendus, tension aiguisée, sueurs froides etc), sont à la hauteur de ce qui se joue, prompts à nous préparer à échapper ou à faire reculer le plus grand prédateur nous menaçant. C'est notre cerveau reptilien, par l'intermédiaire de notre amygdale cérébrale située dans le système limbique qui prend les commandes de notre survie. Sa fonction essentielle est de décoder les stimulus qui pourraient être menaçants pour l'organisme. Notre cerveau est programmé tel un puissant ordinateur et son travail est de trouver des solutions pour nous maintenir en vie, à chaque instant de celle-ci, et ce le plus longtemps possible. Il est capable de faire des milliards de calculs en fonction des informations qu'il reçoit de l'extérieur par l'intermédiaire de nos sens et de notre pensée. Il vaut mieux essuyer de fausses alertes, que de les ignorer aux dépens de notre vie.
Si j'entends ou vois une voiture à vive allure venir sur moi au moment où je traverse une route, mon cœur va s'affoler dans ma poitrine pour mieux oxygéner mes muscles dans un réflexe de survie, et me permettre de faire un bond puissant en arrière. Et si en réalité, j'avais grandement le temps de traverser en toute sécurité, alors je me remettrais de ma grande frayeur, mais toujours en vie.
D'après Henri Laborit (Eloge de la fuite), il y a trois grands programmes archaïques de survie, la fuite et si celle-ci n'est pas possible, l'agressivité qui préparera au combat. Si l'on ne peut ni fuir, ni combattre, alors nous tombons dans un état de sidération. Ce troisième programme archaïque est bien trop souvent passé sous silence, notamment sur son utilité: être totalement paralysé et tétanisé par la peur est une ultime solution en quelque sorte qui vise à nous anesthésier lorsque le danger est sur nous. La girafe le sait bien lorsque le lion va la dévorer, le danger est sur elle, elle ne peut plus y échapper, mais elle peut dans un état de sidération involontaire, ne plus rien ressentir pour adoucir sa mort.
Je me rappelle avoir vécu cet état de sidération. J'étais en voiture dans un grand état d'épuisement, et à un carrefour, je n'avais pas calculé un camion qui arrivait droit sur moi. Je me revois encore le regarder, hébétée et totalement paralysée en pensant ma fin programmée; fort heureusement le poids lourd s'est arrêté avant de me broyer. Rétrospectivement, j'en ai encore des suées...
La phobie est une peur devenue invalidante et pathologique.
La peur est une réaction normale tant qu'elle ne paralyse pas systématiquement toute action ou ne bloque pas les actions de la vie courante. Si c'est le cas, elle devient une phobie.
Lorsque la peur nous empêche de vivre notre vie et de faire de nouvelles expériences, lorsque la réalité devient menaçante jusque dans les actes les plus courants de la vie quotidienne, alors la phobie a pris le pas sur la peur.
La peur est un moyen de nous adapter à notre environnement, la phobie nous en empêche et limite notre adaptation.
La liste des phobies est longue comme le bras. Les voici répertoriées dans Wikipédia et nous renseignent sur l'imagination intarissable de notre cerveau.
Retenons qu'il existe des monophobies (peur de l'avion, peur des araignées, peur de prendre un ascenseur...) et des phobies généralisées (des peurs qui bloquent totalement l'individu dans tous les actes de sa vie comme l'agoraphobie: peur des endroits publics avec incapacité de sortir de chez soi, le syndrome d'attaque de panique, les troubles obsessionnels compulsifs, l'hypocondrie...)
Les monophobies laissent encore un espace de liberté et d'adaptation à l'individu, tant qu'il se tient éloigné de l'objet de sa phobie; les phobies généralisées envahissent peu à peu la vie de l'individu, grignotant sournoisement jour après jour son autonomie.
"Je porte toutes les blessures des batailles que j'ai évitées"
Fernando Pessoa
En thérapie brève systémique et stratégique, il est important de comprendre et d'identifier la construction de la phobie plus que l'élément déclencheur, sachant d'ailleurs qu'il n'y en pas toujours. La phobie est une construction de notre cerveau et comprendre pourquoi ne nous donnera pas les clés de la guérison. La phobie tout comme la peur ne sont pas rationnelles.
Ce trouble basé sur la peur se construit avec sa propre tentative de solution, qui élève peu à peu les murs d'une prison. C'est en voulant systématiquement éviter sa peur et demander de l'aide que la personne rentre dans l'enfer d'un cercle vicieux. Plus elle évite, plus elle a peur, plus elle s’envoie le message: "Je ne suis pas capable", moins elle s'adapte et la boucle est bouclée. Idem pour la demande d'aide: Plus je demande de l'aide, plus je sabote ma confiance en moi, plus j'apprends à devenir dépendant, plus j'ai peur et plus je construis une perception phobique de la réalité. Comme le dit Watzlawick, le problème, c'est la solution.
Certes la personne trouve un soulagement immédiat dans l'évitement et la demande d'aide, mais elle prépare la prochaine crise. Plus elle veut contrôler sa peur en l'évitant et plus elle perd le contrôle. Une peur doit être traversée pour faire ainsi l'apprentissage du courage, seul antidote à la phobie.
Fuyez le fantôme et il vous poursuivra, touchez-le du doigt et il disparaîtra. La peur affrontée permet de dépasser ses propres limites.
Traitement d'une phobie avec le modèle de Giorgio Nardone
Giorgio Nardone Psychologue et psychothérapeute italien, il est l'un des principaux représentants de la thérapie brève, systémique et stratégique en Europe. Il dirige le Centre de thérapie stratégique d'Arezzo qu'il a fondé en 1989 en collaboration avec Paul Watzlawick ainsi que le Mental Research institute de Palo Alto (Californie).
Il travaille depuis plus de 15 ans sur les troubles phobiques en leur appliquant avec succès le fruit de recherches axées sur des thérapies plus rapides et efficaces. Voir son ouvrage: Dépasser les limites de la peur
La logique d'intervention de ce modèle va se focaliser sur les tentatives de solution (évitement et demande d'aide) afin de briser le cercle vicieux qui entretient la phobie. Pour cela, le thérapeute va devoir utiliser des stratagèmes thérapeutiques pour amener la personne à rompre ses tentatives de solution infructueuses, en lui permettant de faire de nouveaux apprentissages de dépassement de sa peur, sans même en être consciente dans les premiers temps.
Afin d'illustrer ce mode d'intervention, prenons le cas de cette jeune fille, que j'ai accompagnée dans le traitement d'un syndrome de panique. On l'appellera Catherine afin de préserver son anonymat.
Catherine est une jeune étudiante de 20 ans, tout juste sortie de deux années de classes préparatoires littéraires. Elle s'apprête à intégrer une école de commerce. Depuis quelques mois, sa vie est devenue un enfer. Elle ne peut plus prendre le métro sans faire une crise de panique. La peur de la peur de s'évanouir ou de vomir au milieu de la foule la tétanise et l'empêche de sortir. Nous sommes en juillet, et l'anticipation de la perspective de sa rentrée en septembre rajoute à sa peur une dimension supplémentaire et déclenche une angoisse de chaque instant, même loin de l'objet de sa phobie. Peu à peu le piège se referme sur elle, au fur et à mesure de ses évitements et de sa demande d'aide, vis à vis notamment de son copain qui l'accompagne systématiquement dans tous ses trajets. Chaque matin, son angoisse est plus forte et provoque des tremblements, une boule au ventre et des nausées qui la font vomir (d'où sa peur de vomir dans le métro devant tout le monde). Peu à peu et très insidieusement, elle refuse de sortir le soir, de conduire une voiture et ne prend les transports en communs qu'avec la présence de son ami.
L'attaque de panique est une crise paroxystique de l'angoisse avec perte du contrôle (sensation d'un très grand danger immédiat, peur de mourir avec de très fortes palpitations, vertiges, sueurs, tremblements, syncope...), conséquence d'une peur trop grande et d'un sentiment d'impuissance.
Topo de ses séances
Première séance: Elle permet de créer le lien et de prendre connaissance de la situation et du problème. Face à Catherine, ne surtout pas tenter de la raisonner et de rationaliser sa peur, mais la "rejoindre" dans sa souffrance. Puis mettre l'accent de façon hypnotique sur la construction de sa phobie:
- "Et plus vous évitez, plus votre peur est grande, plus vous demandez de l'aide à vos parents et à votre ami, plus vous vous rendez dépendante et dans l'incapacité de sortir, de prendre les transports en commun....Et plus votre vie devient un enfer....Et plus vous vous sentez en danger...
Dans cette première séance, il est bien trop tôt pour amener des changements, et lui faire traverser graduellement ses peurs. L'idée est de l'amener à percevoir l'aide et ses conséquences, comme une peur plus grande que sa propre phobie.
Je lui donne deux prescriptions:
- Noter toutes les fois qu'elle demande de l'aide mais ne surtout rien changer.
- Prescription du carnet de bord qui ne devra plus la quitter et qu'elle remplira à chaque début de crise. Le carnet de bord consiste à noter dans un petit carnet acheté à cet effet, et ce dés le début d'une crise, le jour, l'heure, le contexte, les symptômes, les pensées, les réactions de la façon la plus consciencieuse qui soit. Il vise entre autre, à distraire de la crise.
Deuxième séance: le petit carnet a permis à Catherine, lors d'un début de crise d'angoisse, de reprendre le contrôle et d'apaiser peu à peu ses nausées et son envie de vomir. Très fière d'elle, Catherine a fait une
première expérience émotionnelle correctrice et commence à semer les toutes premières graines de confiance restaurée. Elle envisage de prendre le train seule pour un long trajet.
- Prescription du fantasme du pire chaque jour en rapport avec la peur de prendre le train. C'est un rituel quotidien qui consiste à donner rendez-vous à sa peur en imagination afin de la traverser.
Troisième séance: Catherine n'a jamais pu prendre son train. Accompagnée par sa mère à la gare, la crise de larmes la rattrape très vite pour monter crescendo et s'interrompre par une syncope. Obligée de faire le trajet en voiture avec sa mère (7 heures de route), elle décide pourtant, voyant cette dernière très fatiguée de prendre le volant au prix d'un grand effort.
Effort récompensé car Catherine a réussi à reconduire en traversant sa peur; grande victoire pour elle. Celle-ci sera suivie de plein d'autres petites victoires en cascade: dire oui à toutes les sorties en étant accompagnée, faire des travaux dans une maison, perdre du poids (ce qu'elle souhaitait) etc.
Catherine se remet peu à peu en mouvement et une boucle vertueuse a pris la place du cercle vicieux de l'évitement et de l'enfermement.
L'échéance de la rentrée approchant, nous mettons le focus sur le fait de pouvoir reprendre le métro seule.
- Prescription stratégique: Aller chaque jour en direction du métro et s'arrêter à 50 m de celui-ci et ne surtout pas le prendre. Faire demi-tour, mais avant de rebrousser chemin, faire 10 pas en arrière (à son insu, Catherine va se rapprocher un peu plus du métro). S'en rapprocher chaque jour davantage.
Quatrième séance à sixième séance: Catherine va peu à peu traverser ses peurs et même transgresser mes prescriptions en prenant le métro seule....Le jour de la rentrée, elle se fera accompagner par son ami, car trop d'angoisse en ce jour J mais parviendra peu à peu à retrouver sa totale autonomie, voire me dira t-elle, une bien plus grande confiance en elle.
Septième séance: Séance de consolidation
Témoignage de Catherine: "Les crises d’angoisse me sont tombées dessus au moment où je m’y attendais le moins. Je venais de passer une année formidable et pourtant, j’ai commencé à avoir une crise et la peur de cette crise m’a fait faire encore d’autres crises comme un enchaînement en cascade. Pendant deux mois avant de décider de suivre une thérapie, je suis restée enfermée chez moi, la boule au ventre, car je ne voulais plus qu’elles reviennent. Le problème étant qu’elles reviennent toujours si on ne fait rien pour les arrêter. Au bout d’un mois, j’ai décidé d’agir. Je ne pouvais pas rester enfermée dans une vie comme celle-ci. J’ai commencé une thérapie qui consistait sans que je le sache à retrouver confiance en moi par des exercices différents comme la demi-heure du pire, le carnet de bord que je devais garder sans cesse avec moi, ma revalorisation, l’abandon de l’aide et de tous mes évitements… J’ai véritablement réappris à faire les choses toute seule grâce à ça, et au travers de l’accompagnement avec Béatrice Giraudeau, j’ai été guérie en à peine 5 séances. Ce ne fut pas facile et parfois j’ai cru que j’allais tout lâcher, mais au fur-et-à-mesure, j’ai commencé à voir la lumière au bout du tunnel de cet enfer. Aujourd’hui je vais beaucoup mieux, même mieux qu’avant mes crises et je sais que ce genre de problème peut se régler avec beaucoup de détermination et de courage."
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Rédigé le 08 novembre 2016 dans Cas illustrés thérapie brève, Thérapie brève systémique et stratégique | Lien permanent | Commentaires (0)
Les chats de Bornéo
Mieux que des mots pour illustrer ce qu'est la systémique, cette géniale vidéo de Sustainability Illustrated vous emmènera dans les dédales d'une escalade systémique, et vous fera intégrer très facilement en quoi "la solution est le problème". C'est ainsi que dans toute thérapie brève, issue du courant de l'école de Palo Alto, nous identifions le problème dans sa globalité, extrêmement complexe, de l'interaction d'une personne avec elle-même, avec son entourage et avec tout son contexte environnemental.
Réguler le problème qui provoque la souffrance consiste alors à prendre en compte tout ce que fait, dit et pense la personne avec elle-même (y compris avec ses croyances, son histoire, son éducation, ses émotions et ses expériences passées etc.) mais aussi avec son entourage et son environnement, qui voulant trouver des solutions au problème, ne font pourtant que nourrir et aggraver la situation, et par là même avec les meilleures intentions du monde, intensifier la souffrance. Pensez au hamster qui tourne dans sa roue, sans jamais trouver d'issue...
C'est pourquoi après avoir identifié le problème (1ère phase de la thérapie), couper les tentatives de solutions seront les premières interventions du thérapeute systémique et stratégique pour débloquer la situation (2ème phase de la thérapie) en les remplaçant par des prescriptions stratégiques à 180° de ce qui était tenté et ne fonctionnait pas, pour ensuite consolider le travail (3ème phase de la thérapie).
Mais sans plus attendre, allons rejoindre les chats de Bornéo.
Rédigé le 28 octobre 2016 dans La systémique | Lien permanent | Commentaires (0)
et le règne de l'enfant roi...
Comme je l'avais déjà écrit dans Echec et phobie scolaire, de plus en plus de parents dépassés m'appellent et me consultent pour gérer la relation avec leurs adolescents, le plus souvent déscolarisés ou déjà bien décrochés de leurs études, errant sans projet de vie, déprimés, addict aux écrans et de plus en plus au cannabis, avec qui les conflits sont devenus quotidiens, parfois menaçants et violents. Ces parents impuissants "s'arrachent les cheveux", dans le plus grand découragement et désenchantement. Ils me disent avoir tout essayé, de l'autoritarisme avec punition et interdiction, au lâcher-prise permissif et à la démission, à l'injonction d'aller consulter un psychologue, pour enfin revenir à la sanction et aux cris, sans résultats aucun, si ce n'est de renforcer l'opposition adolescente. Force est de constater qu'ils ont perdu tout contrôle sur leurs enfants, ces derniers ayant repris à leur compte une domination sur leurs parents.
Mais que se passe t-il? Serait-il plus difficile aujourd'hui d'avoir de l'autorité sur ses enfants? Et comment reprendre les rênes lorsque ce sont eux qui ont pris le pouvoir? Est-ce la seule et entière responsabilité des parents?
Allons faire préalablement quelques constats autour de cette problématique et y trouver des pistes de réflexion.
Notre société d'aujourd'hui
Dans notre paysage sociétal extrêmement mouvant, la cellule familiale a connu ces dernières décennies de grandes mutations, ébranlant la structure même de son organisation, et ses repères ont volé en éclats. La famille est aujourd'hui multi-organisationnelle: décomposée, recomposée, mono-parentale, traditionnelle ou pas...
L'accélération d'une société de plus en plus individualiste et autocentrée, ainsi que l’évolution de la vision du couple et du rôle de chacun, ont amplifié ce phénomène.
Les relations parents-enfants se sont modifiées, voulant faire la part belle à l'épanouissement de chacun, y compris de celui des enfants, laissant de côté l'autorité au profit d'une notion de "parentalité" qui donne l'injonction aux parents de s'adapter à leurs enfants et à leurs besoins. Besoins de plus en plus sur-valorisés par une société prônant toujours plus de consommation et de plaisir. La tâche est rendue très difficile, voire totalement paradoxale, du fait du décalage grandissant entre les valeurs prônées par notre société consumériste et les exigences de l'éducation au travers d'une autorité parentale qui doit poser des limites. Dans une société d'hyper consommation, dire "non" semble plus périlleux encore face à un mastodonte sociétal gourmand, qui déploie toujours davantage la valeur (ou anti-valeur devrais-je dire) de l'immédiateté comme seule loi.
En 2009 déjà, le philosophe Bernard Stiegler annonçait l'essoufflement de cette société consumériste, avec fort heureusement l'émergence de nouveaux modèles de croissance.
Extrait de La Tribune: La société consumériste a atteint ses limites. Bernard Stiegler
"Ce modèle qui détourne tous les désirs du consommateur vers les objets de consommation et se transforme rapidement en machine à détruire la libido....Alors règne la consommation addictive fondée sur la satisfaction immédiate des pulsions. Le résultat est que la société de consommation ne devient plus productrice de désirs mais de dépendances. C'est un modèle dangereux: le consommateur y devient malheureux comme peut l'être le toxicomane qui dépend de ce qu'il consomme mais déteste ce dont il dépend. D'où une frustration grandissante et des comportements qui inquiètent comme la destruction de la structure familiale, la peur des adultes à l'égard de leurs propres enfants ou une déprime généralisée.."
Comprendre les mécanismes de notre environnement est indispensable à qui veut rester acteur de sa vie, une condition sine qua non à notre adaptation et à notre survie. Mais aujourd'hui, c'est une course en avant sans cesse renouvelée par les dictats d'une technologie de pointe frénétique, qui nous pousse à nous sur-adapter en permanence. Et ne jetons pas trop vite la pierre aux enfants et aux adolescents, qui tout comme les adultes, sont victimes eux aussi de cette société de consommation. Oui mais, ce sont eux les enfants, et les parents doivent pouvoir se positionner comme tels.
Pour John Kabat-Zinn, professeur de médecine à Boston, comment un enfant pourrait-il s'intégrer à une société où, de son point de vue, les adultes sont devenus fous?
"L'année dernière, j'étais assis avec ma femme à une terrasse de café à Strasbourg, et j'ai vu une jeune mère, à une autre table, pendue à son téléphone pendant une heure et demie tandis que son enfant de 3 ou 4 ans tentait en vain d'attirer son attention. On parle beaucoup de trouble du déficit de l'attention (l'hyperactivité) à propos des enfants, mais c'est celle des parents, distraits par la technologie, qui laisse à désirer!
...Pour arranger le tout, nous portons dans nos poches des super-ordinateurs qui, en fait, nous dirigent. Ils nous imposent une sur-information constante et une obligation de connexion permanente qui contribuent au stress. "
L'Autorité, axe médian de l'autoritarisme et du laxisme
C'est une notion complexe faisant souvent polémique, mal appréhendée dans ce qu'elle représente vraiment. L'autorité n'est surtout pas de l'autoritarisme, ni une prise de pouvoir ou une quelconque domination sur autrui. L'autorité n'utilise pas la force ou la violence pour faire entendre son point de vue. A contrario, le manque d'autorité débouche sur du laxisme, une perte de repères et un vide sidéral existentiel qui provoque l'angoisse et la violence. Les enfants livrés à eux-mêmes sont en manque de cadre et de repères, ces règles qui balisent un monde inconnu et les rassurent; ils les réclament d'ailleurs à corps et à cris.
Il y a comme un grand écart entre la peur de l'autoritarisme aujourd'hui, et la permissivité qui mène toutes les deux au même constat d'échec. Entre "obéis et tais-toi" d'avant mai 68 et Françoise Dolto, et "il est interdit d'interdire" de la deuxième moitié du XXe siècle, il y a un monde. Mais qu'est-ce que l'autorité?
Étymologiquement, de la racine "augerer", l'autorité signifie faire naître, enraciner et augmenter dans une notion de croissance. L’autorité a donc la capacité de faire grandir quelque chose, ce qui est de bon augure lorsque l'on parle de l'autorité des parents. La légitimité, la responsabilité, la connaissance et la sagesse en sont ses gardes rapprochées, la transmission et l'éducation, sa mission de vie, vitale pour le bien fondé des générations en construction.
La légitimité implique un positionnement de son rôle de parents et d'éducateurs, et passe forcément par l'acceptation de déplaire à ses enfants ainsi que l'acceptation du conflit comme réponse à leurs frustrations. Elle est la colonne vertébrale d'une bonne autorité, et demande à se remettre en question, parfois à tâtonner et à se tromper. Mieux vaut l'erreur que la démission. Beaucoup de parents que j'accompagne craignent de perdre l'amour et le respect de leurs adolescents en leur posant des limites, alors que finalement, ils provoquent tout ce qu'ils voulaient éviter.
Cependant, poser des limites n'est pas un prétexte à exprimer sa colère ni à se justifier; il y a plusieurs façons de dire non et la bonne nouvelle c'est que cela s'apprend, pas besoin d'être un super-héros. On ne le dira jamais assez, l'autre va jusqu'où je le laisse aller et il en va de la responsabilité des parents de circonscrire le territoire et la position de chacun.
A lire ou à relire un ancien article de mon blog, toujours d'actualité: Savoir dire Non
L'enfant roi est un tyran
Placer l'enfant au coeur de la société, l'a élevé au rang d'enfant-roi omnipotent, tourné exclusivement sur lui-même, tempêtant à la moindre contrariété et privé de toute faculté d'adaptation. Sans limites et sans cadre référentiel, l'enfant et plus tard l'adolescent, prennent le pouvoir de la relation sur leurs parents, et deviennent de vrais tyrans prompts à les faire tourner en bourrique, peu préparés et armés à s'intégrer à la société dans laquelle ils devront pourtant bien vivre. L'enfant roi n'est pas heureux, car la confrontation avec le monde est rendue impossible. Il teste toujours davantage les limites de ses parents, afin de trouver sa place et sa sécurité. Une escalade s'installe très vite pour déboucher sur des conflits toujours plus violents, expression de l'impuissance des uns et des autres.
Si l'autoritarisme a privé de nombreuses générations de toute liberté individuelle et de la capacité à exprimer leurs émotions, le laxisme a inversé les rôles, mettant en danger les enfants livrés à leurs pulsions d'omnipotence.
Une piste de réflexion supplémentaire dans un article du Telegraph intitulé "La Suède est-elle en train de créer une génération de petits cons? La journaliste Nadia Daam cite Judith Woods qui s'interroge sur la politique familiale suédoise, pourtant classée en tête de liste par L'Unicef.
Extrait: "Le problème, c’est que la Suède pourrait aussi être en train de former une génération de petits cons prétentieux, instables et aux tendances dépressives. C’est résumer de manière à peine grossière les propos tenus par Judith Woods sur le site du Telegraph. La journaliste vient en effet de mettre un coup de canif rageur dans le tableau idyllique de l’éducation à la suédoise.
C’est que cette manière d’élever les enfants est à l’opposé de l’éducation britannique démodée qui est la sienne. Ainsi, si sa fille de 5 ans se lance dans une crise dont les enfants et les pervers narcissiques ont le secret ("Quoi!? Tu me forces à éteindre la télé pour aller à l’école? Tu es un monstre je ne t’aime plus, tu n’es plus ma copine"), elle ne la considérera pas comme un individu qui doit être écouté, mais comme un enfant capricieux à remettre illico dans le droit chemin. Sa réponse à cette tentative de manipulation sera donc:
"Je n’ai jamais été ton amie. Les amis ne lavent pas tes chaussettes, ils ne t’achètent pas un manteau chaud pour l’hiver, pas plus qu’ils ne te forcent à te brosser les dents. Maintenant, tu t’habilles ou je téléphone à l’école. Ils appelleront la police pour qu’elle vienne arrêter et expulser tes Sylvanians."
Fermeté, recadrage et un soupçon de menace. C’est selon elle la seule réaction possible face à un enfant capricieux. Ça fait d’elle une mère qui aime son enfant mais qui refuse de se laisser marcher sur la tête. Contrairement aux parents suédois qui la désespèrent.
"On peut négocier avec un adulte, certainement pas avec un enfant. De la même manière que laisser des pré-ados fixer l’heure de leur coucher est totalement irresponsable."
L'autorité, l'adolescence et la thérapie systémique et stratégique
Tout d'abord, un premier recadrage s'impose concernant la relation des parents avec leur ado; ils vont devoir s'adapter et réajuster le mode d'autorité à cette étape charnière qu'est l'adolescence. En effet, leurs chères petites têtes blondes ont des poils qui poussent et des hormones qui les submergent de partout, les attirant vers le besoin irrépressible d'explorer ce nouveau monde. C'est un processus physiologique et psychologique très déroutant et angoissant pour les adolescents (comme pour les parents) qui ne se reconnaissent plus dans cette phase hybride et pourtant constructrice de leur future identité d'adulte. Malheureusement dans nos sociétés modernes, aucun rituel ne vient accompagner ce changement.
Poser des limites à des adolescents ivres de liberté et de nouvelles expériences, est un peu comme se frapper la tête contre un mur et attendre qu'il se fende le premier.
C'est là un virage à amorcer à l'aide de stratégies telles que "Sillonner la mer à l'insu du ciel, Rajouter des bûches pour éteindre le feu", stratégies que nous voyons en séances, et qui permettent aux parents de véhiculer des messages paradoxaux qui "feintent" leurs enfants avec bienveillance; tout en leur donnant plus d'espace pour respirer, les limites se trouveront d'elles-mêmes. Les résultats attendus sont très vite au rendez-vous.
Pour en savoir plus sur le sujet, je vous recommande un excellent livre de Giorgio Nardone: Chevaucher son tigre (ou comment résoudre des problèmes compliqués avec des solutions simples).
Alors que faire lorsque le système parents-adolescents, enkysté dans le conflit, s'est emballé dans une boucle infernale?
Tout d'abord, vouloir obliger son adolescent à venir consulter, alors qu'il n'est pas demandeur, qu'il n'a pas de problème selon lui, est contre-productif et s'avère être la meilleure façon de le rendre encore plus résistant. En effet, le problème est interactif. Ce sont les parents qui doivent reprendre le contrôle de la relation, et non pas l'inverse. D'autre part, cela stigmatise davantage encore plus le jeune comme" porteur du problème", et l'accabler ne favorisera pas une meilleure relation, bien au contraire.
La première stratégie consiste donc à travailler avec les parents dans l'objectif immédiat d'assouplir le système relationnel. Pour cela, il s'agira d'établir scrupuleusement l'inventaire de tout ce qu'ils ont mis en place pour solutionner le problème et qui n'a pas fonctionné, pour les stopper. En thérapie systémique et stratégique, on appelle cela les tentatives de solutions. En effet, pourquoi continuer à dire, à faire, quelque chose qui non seulement ne résout pas le problème mais à contrario l'aggrave?
On peut décliner 3 à 4 thèmes récurrents: Le scolaire, la maison, l'argent et les sorties. Les addiction aux écrans et au cannabis faisant figure d'emballage cadeau....
Les principales tentatives de solutions des parents sont toujours les mêmes:
* Il (elle) ne bosse pas = On le pousse, on lui répète tous les jours inlassablement: "Tu as fait ton travail? Encore sur ton ordinateur? Encore sur ta tablette? Encore sur ton téléphone? Encore sur les réseaux sociaux? C'est pas comme ça que tu vas y arriver! Il faut travailler pour réussir!"etc.
La question à se poser est: Est-ce que ça marche? Est-ce que ça améliore ou est-ce que ça aggrave? Que répond votre fils ou fille? Se remet-il en mouvement?
* Il(elle) ne range pas sa chambre, ne participe pas aux corvées de la maison = On le pousse, on lui répète inlassablement:" Range ta chambre! Viens un peu nous aider! Dans la vie il n'y a pas que le plaisir!" etc.
La question à se poser est: Est-ce que ça marche? Est-ce que ça améliore ou est-ce que ça aggrave? Que répond votre fils ou fille? Se remet-il en mouvement?
* Il(elle) réclame toujours plus d'argent, ne sait pas gérer = On lui en redonne quand il n'en a plus, on lui paye son téléphone malgré son argent de poche.....
La question à se poser est: Est-ce que ça marche? Est-ce que ça améliore ou est-ce que ça aggrave? Que répond votre fils ou fille? A-t-il toujours besoin davantage d'argent? Trouve-t-il des limites à ses dépenses?
Dois-je continuer l'énumération?...
Loin de moi l'idée de vouloir accabler les parents car cela se fait en séance avec la plus grande bienveillance. Très souvent, lorsqu'ils réalisent qu'ils faisaient toujours de la même chose sans résultats autre que l'aggravation, ils deviennent alors très demandeurs pour apprendre à faire autrement. Après avoir stoppé les tentatives de solution, il est impératif de les remplacer par le fameux 180 degrés, pilier de la thérapie stratégique de Palo Alto.
Plutôt que de continuer à s'épuiser et à pousser ses adolescents, un peu comme le faisait Sisyphe et son rocher, le 180 degrés consiste à freiner en donnant l'injonction d'en faire encore moins. Ceci n'est que le mouvement à imprimer, tout le travail du thérapeute et des parents, alors co-thérapeutes, consistera à créer sur mesure de nouveaux comportements, qui prendront en compte le contexte de chaque famille.
Pour exemple, lorsque vous dites à votre adolescent qui sèche de plus en plus les cours et se lève lorsque vous rentrez du travail:
"Déjà debout? Mais pourquoi tu te lèves alors que tu n'as plus de cours? Reste donc couché, c'est trop déprimant de se lever quand on n'a plus aucun projet" et ceci avec la plus grande bienveillance, répété chaque jour comme un rituel.
De deux choses l'une, soit votre adolescent continue à prendre le jour pour la nuit, mais il vous obéit! Et cela n'est pas pensable...
Soit, il se remet en mouvement et peut continuer à jouer à son jeu préféré, celui de la désobéissance.
C'est ce que l'on appelle "sillonner la mer à l'insu du ciel" et croyez-moi, ça marche...
Ce bref résumé est évidemment réducteur du contenu des séances, mais il pourra vous donner un aperçu de ce qui est mis en place pour réguler les conflits parents-adolescents, en stopper l'hémorragie, voire, retrouver une certaine harmonie.
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Rédigé le 06 juin 2016 dans Thérapie brève systémique et stratégique | Lien permanent | Commentaires (0)
Planter le décor
La dépression c'est un peu comme une maison abandonnée, où l'on ne peut que contempler, impuissant, le spectacle de sa vie en ruine....C'est une souffrance extrême, provoquée notamment, par la perte de désir. Le goût de vivre s'en est allé et l'existence s'effondre comme un château de cartes. Les jours et les nuits passent, immuables dans la tristesse et le désespoir, les insomnies s'installent et les ruminations autour d'une fin annoncée, grignotent peu à peu le cerveau. La palette du peintre s'est focalisée sur les gris et le noir, comme une intolérance à la lumière. Pas de porte de sortie, sinon celle du renoncement. Plus d'issue quand l'avenir s'envisage avec les yeux du présent, ceux-là même qui ne broient que du noir.
Rideau, circulez, y'a plus rien à voir!
"Il est fatigué le beau prince charmant" comme chantait le regretté Michel Delpech, lui-même foudroyé à un moment de sa vie par une terrible dépression.
Philippe Labro, homme aux facettes multiples, journaliste, écrivain, cinéaste, raconte sa dépression dans Tomber sept fois, se relever huit. Il évoque cette tristesse sans larmes et les effets de la broyeuse qui vous ronge le ventre. En voici un extrait qui décrit magistralement cette traversée dans un autre monde:
"C'est arrivé subrepticement, sournoisement, sans prévenir, une vraie saloperie, une lente et insidieuse pénétration. Je suis l'esclave d'une chose indéfinissable qui est en train de me détruire et je lui obéis sans aucune résistance... Quelque chose a changé."
Je pourrais citer également Guy Birenbaum, journaliste-polémiste, "naufragé de Twitter" comme le titrait le Monde après la parution de son livre: Vous m'avez manqué. Histoire d'une dépression française.
Extrait: "Je suis français, j'observe, je commente, je dépiaute la grande conversation de mon pays à la radio, sur le web, au quotidien.
C'est mon métier. Je tweete, je facebooke, je blogue, j'instagrame. Je me crois fort. Plus fort que les autres. Je fanfaronne. J'ai tort. Tout est en place pour la grande glissade....
Je n'ai aucune idée du moment où ça m'a rattrapé. Je me souviens d'une grande lassitude, de larmes qui coulent comme par inadvertance. Puis de nuits trempées de sueurs, de douleurs au dos, au ventre; du coeur qui s'emballe. Un matin, j'ai été incapable de me lever. La dépression m'a cloué au lit. Je ne voulais voir personne. J'avais peur de tout...."
Etat des lieux
Le nombre de personnes atteintes de dépression est vertigineux; ainsi plus de 300 millions de personnes dans le monde souffrent de ce trouble de l'humeur avec une nette prédominance féminine (j'aurai fait mentir les sondages en citant 3 hommes), et la France est première prescriptrice d'antidépresseurs. Sans compter que la dépression est la première cause de suicide. Et pour bien faire peser une prophétie auto-réalisante, des études menées aux États-Unis annoncent qu'en 2020, la dépression sera la deuxième cause d'invalidité derrière les maladies cardiaques.
Face à la gravité de ce trouble de l'humeur et de cette souffrance très invalidante, faire un état des symptômes s'impose pour clarifier les esprits de chacun; être déprimé peut rester une passe difficile de sa vie, sans pour autant tomber dans la dépression. Celle-ci n'est pas un simple coup de blues. Elle s'inscrit durablement dans la durée, paralyse le goût de vivre.
D'après le DSM 5, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l'Association Américaine de Psychiatrie, les critères diagnostiques de la dépression sont les suivants, sachant que parmi les 9 symptômes cités, au moins 5 doivent exister depuis 2 semaines et l'un des deux premiers doit être obligatoirement présent:
A noter que tous les âges sont touchés par la dépression; les enfants et les adolescents n'y échappent pas, les personnes âgées non plus. La pression sociétale et la solitude sont des activateurs de dépression.
En toute première ligne, les médecins généralistes n'ont pas la tâche facile face à la masse considérable de ces patients en mal de vivre, sans compter l'avalanche actuelle de burn out; le temps leur manque, et ils se retrouvent face à une double contrainte:
Détecter et diagnostiquer au plus vite pour une prise en charge précoce, et ne pas psychiatriser des problèmes existentiels et sociaux qui aboutiraient à une prescription abusive des psychotropes.
L'approche de la thérapie systémique et stratégique face à la dépression
NB: Elle ne se substitue pas à un diagnostic médical, mais propose un accompagnement thérapeutique efficace, et ce, en collaboration étroite avec les médecins et psychiatres.
Chaque cas de dépression est unique, car intrinsèquement lié à la personne en interaction avec son entourage, et au contexte dans lequel elle vit.
Toutes les tentatives de solution, aggravantes et contre productives, vont être stoppées et remplacées par le célèbre 180° de l'approche de l'école de Palo Alto.
Des prescriptions seront données au patient. A noter que dans la dépression, on ne commence que par des tâches d'observation, car le mouvement stratégique est de freiner.
La reformulation stratégique et recadrante du problème est indispensable pour faire cheminer le patient vers une petite graine de changement, un regard différent, "une différence qui fait la différence".
1) La première démarche du thérapeute est de "rejoindre" le patient dans sa souffrance, sans jugement et a priori. Rentrer dans sa vision du monde, construite et investie de ses ressentis propres, sensations et émotions, de ses croyances et du contexte dans lequel il vit. L'aider à identifier et clarifier ses symptômes dans une approche stratégique et métaphorique, car le patient est dans l’œil du cyclone et ne voit plus rien:
- Avez-vous l'impression que votre avenir est bouché? Que vous vous enlisez dans des sables mouvants?
- Avez-vous renoncé dans vos actes, mais pas dans votre tête, ou avez-vous renoncé totalement?
- Êtes-vous déçu par vous-même, par les autres, ou par la société?
- Qu'est-ce qui vous fait le plus souffrir? La perte de tout désir, ou la peur de ne jamais pouvoir sortir du tunnel?
- Comment saurez-vous que vous allez mieux? Quelle est la première chose qui devrait changer?
Etc.
Il s'agit dans notre jargon thérapeutique de "problématiser" la situation, en allant chercher le fonctionnement de la dépression, et non pas le pourquoi. La recherche du "comment s'est construite la dépression", donne les rouages du fonctionnement du problème et ce qui le maintient, voire l'aggrave. (Nous le verrons plus tard avec les tentatives de solution).
De plus, donner du sens à l'état dépressif du patient, est un recadrage primordial qui permet de le déculpabiliser; culpabilité qui le pousse à s’exhorter, à se pousser à faire, à se remettre en mouvement pour assumer ses responsabilités (de parents, de conjoint, au sein de son travail, à l'école, au sein de la société...), et répondre aux injonctions de l'entourage et aux diktats de la société. Ce qui l'épuise encore davantage.
Pour ce recadrage, le thérapeute présente à son patient un autre niveau de lecture. En effet, si le patient ralentit et freine des quatre fers, c'est qu'il a de bonnes raisons, inconscientes certes, mais vitales pour lui. D'un point de vue des programmes archaïques de survie, le cerveau reptilien, qui assure la survie de l'espèce, n'a rien trouvé de mieux que de dire stop! Freiner permet de ne pas se prendre le mur, de ne pas se perdre davantage...Le thérapeute utilise des métaphores pour faire passer le message:
" Votre cerveau a trouvé le disjoncteur, il a appuyé sur stop, vous allez enfin pouvoir souffler et récupérer"
Cette injonction déguisée équivaut à freiner encore davantage le patient, ce qui représente déjà un 180° et impacte un changement stratégique.
2) Une deuxième phase, très caractéristique de la systémique, est de considérer le patient dans son interaction avec son entourage, afin d'identifier et stopper les tentatives de solution: qui dit quoi, qui fait quoi, qui intervient dans l'expression et les dommages collatéraux de la dépression? Ce qui implique de travailler également avec l'entourage (parents, conjoint, famille et entreprise...)
- Quand vous avez tendance à vous comparer aux autres ou à avant, ça vous améliore ou ça vous dégrade?
- Faites-vous quelque chose pour sortir du problème ou avez-vous renoncé?
- Demandez-vous de l'aide ou attendez-vous que votre entourage vous réconforte?
- Quel est votre entourage proche qui intervient quotidiennement?
- Que fait ou dit votre entourage pour vous aider?
- Et quand votre entourage vous aide et vous réconforte, est-ce que cela améliore ou aggrave votre incapacité à faire les choses?
- Avez-vous tendance à éviter toutes les situations qui vous font peur, ou vous poussez-vous à y aller? (Je dois, si je veux je peux)
....
Les tentatives de solution, et notamment la réassurance et l'aide des proches, ne font qu'aggraver le problème.
En effet le 1er message délivré est: "Je t'aime, je suis là pour t'aider"
le deuxième message implicite est: "Tu n'es pas capable de...." et la boucle est bouclée.
Les conseils de l'entourage sont légion: "secoue-toi, fais un effort, prends sur toi, tu as tout pour être heureux, arrête de traîner, change-toi les idées, sort! ..."
Pour stopper ces tentatives de solution, le dialogue stratégique va constituer à provoquer une peur plus grande vis à vis de l'aide réclamée ou donnée: "A chaque fois que vous le rassurez, le poussez à faire, vous lui envoyez le message qu'il(elle) n'est pas capable de...., que sa dépression n'a pas de sens, et il(elle) s'effondre encore davantage, plus désespéré(e) encore.
Un petit mot sur l'entourage qui souffre également de cet état, voit sa vie bouleversée par la dépression d'un des siens et intervient pour l'aider à sortir de la souffrance, avec un grand sentiment d'impuissance qui le fait souffrir, provoque de la colère et de la lassitude face à la plainte répétée de la personne dépressive.
Imaginez la vie d'un clan, organisée autour de la place et de la fonction de chacun; la survie de ce clan passe par le maintien de l'équilibre de cette organisation que je pourrai appeler homéostasie, principe de régulation interne, propre à tout système vivant (organisme, famille, entreprise, société, caste...) Ce qui donne un éclairage sur ce qui exhorte l'entourage à pousser, encourager et sortir au plus vite la personne de son impasse. Tout le monde est en danger! Rejoindre l'entourage permettra de mieux le recadrer pour stopper ses tentatives de solution.
3) Une troisième étape va clôturer la séance et préparer l'inter-séance du patient. Après avoir "assouplit" le système, le thérapeute donne des prescriptions et des tâches d'observation qui permettront d'identifier davantage les tentatives de solution ainsi que tous les facteurs aggravants. C'est délibérément que je ne vous les donne pas, car je ne peux pas afficher ces stratégies et prescriptions qui ne le seraient plus. Ce serait un peu comme vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué....
Ces trois étapes sont réductrices et simplifiées, mais il est utile de rappeler que "trop d'information tue l'information". Gregory Bateson
Avant de vous quitter...
Pour conclure, et si le sujet vous intéresse, tout comme la thérapie brève systémique et stratégique, je ne saurai que vous recommander la prochaine web conférence gratuite de LACT, intitulée Faire face à la dépression (en entreprise)
le mardi 22 mars de 11h à 12h.
LACT est un cabinet d'intervention et de recherche, spécialisé dans la régulation systémique et stratégique des troubles psychologiques et relationnels individuels ou collectifs. Dans sa vocation de faire connaître et reconnaître la thérapie brève systémique et stratégique scientifiquement et méthodologiquement, LACT réunit actuellement 50 partenaires de recherche, thérapeutes (dont je fais partie), psychologues, médecins et intervenant en régulation systémique dans l'entreprise.
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Thérapie Brève Systémique
Hypnose
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Rédigé le 29 février 2016 dans La dépression, Thérapie brève systémique et stratégique | Lien permanent | Commentaires (2)
Aujourd'hui, jeudi 5 novembre 2015, première journée dédiée au harcèlement à l'école, un événement mis en place par la ministre Najat Vallaud-Belkacem; je ne suis pas trop fan de ces journées dédiées à une cause, mais si cela peut sensibiliser tous les acteurs impliqués et piégés dans cette dérive sociétale qu'est devenu le harcèlement, alors j'y vais de ma plume également pour témoigner et apporter je l'espère, un certain éclairage. En effet, et je le constate quotidiennement en consultation à mon cabinet, le phénomène enfle, amplifié sournoisement par les réseaux sociaux. Les demandes de parents démunis, ainsi que d'élèves harcelés, esseulés et traumatisés augmentent dangereusement; et cela dans le meilleur des cas, c'est à dire lorsque les enfants harcelés parlent, car il y a ceux qui se taisent, trop honteux pour se confier, ou trop menacés par leur harceleur pour les dénoncer.
Ce fait est-il nouveau? Non. Les enfants et adolescents sont-ils plus méchants qu'avant? Non. Mais ne nous cachons pas la face, les enfants peuvent être féroces dés qu'il s'agit de défendre leur territoire; c'est le difficile apprentissage de la loi de la jungle, du dominant-dominé; seul le plus fort ou le plus malin survit et prend sa place au dépens du plus faible. Alors me direz-vous, qu'est-ce qui a changé?
Plus que le fond, c'est la forme bien plus "élaborée", ainsi qu'une généralisation du processus, qui intensifient les effets dévastateurs du harcèlement, tout en le banalisant. De plus, le cyberharcèlement a vu le jour, amplifiant la souffrance psychologique en dehors des murs de l'école, et privant les enfants et les adolescents harcelés, d'un pseudo retour à la normale, une fois rentrés chez eux. Mon propos n'est pas de dénoncer internet, mais les faits sont que les canaux numériques accélèrent et facilitent les effets de toute psychologie de groupe, en alimentant les rumeurs, le dénigrement et les insultes, sous le couvert d'un écran et d'un certain anonymat. Ce sont, et je dis bien entre autres, les dommages collatéraux de cette merveilleuse "toile" qui présentent comme toute chose, les deux facettes diamétralement opposées de l'ombre et de la lumière. Reste à savoir quelle face on choisit de regarder, et il en est de la responsabilité de l'école, des éducateurs et professeurs, des parents, et de chaque enfant de choisir son clan. Cet apprentissage, car il s'agit bien d'un apprentissage (je parle principalement d'autonomiser et responsabiliser les enfants), me semble bien faire défaut, au profit des interdictions, punitions, jugements moralisateurs du bien et du mal.
Bref, cela n'engage que moi, et revenons au coeur du problème: le harceleur et le harcelé dans la cour de l'école. (En grammaire le masculin l'emporte, mais notons que le féminin est bien présent dans les deux cas de figure.)
Je vais sans doute enfoncer un clou, un énorme clou, mais j'entendais ce matin une présentatrice à la télévision, lors d'une émission consacrée au harcèlement, parler des "victimes" tout au long de son émission. Oui les enfants harcelés sont victimes de harcèlement et de souffrance, bien évidemment, mais de là à les désigner, à les identifier, et les étiqueter sous l'unique registre de victimes, me paraît bien être la solution qui aggrave le problème! Les harcelés sont choisis, non pas au hasard, mais parce qu'ils sont différents et, ou, vulnérables. On peut être roux, petit, gros, timides, avoir un zozotement, et surtout manquer de confiance et devenir une cible de premier choix. Rappelez-vous la loi de la jungle, vieille comme le monde, qui désigne les proies faciles aux prédateurs, rien que par leur odeur: celle de la peur.
Alors plutôt que de plaindre encore davantage ces enfants, et de les rendre par ce fait encore plus vulnérables, apprenons leur à se défendre, apprenons leur à avoir confiance en eux, apprenons leur à exister avec leur différence en la sublimant dés leur plus jeune âge.
Avant de continuer plus en avant, j'aimerai citer Emmanuelle Piquet et son livre tout simplement génial : Te laisse pas faire! que je conseille à tous les enfants, ado, parents, profs et directeurs d'établissements. Emmanuelle Piquet a créé un protocole contre le harcèlement, issu du modèle de la thérapie brève, systémique et stratégique et qui devrait être remboursé par la sécurité sociale.
Je l'ai modélisé avec un grand plaisir et j'obtiens des résultats stupéfiants dans la résolution du harcèlement. De quoi s'agit-il?
1) D'éviter que ce soit les adultes qui interviennent à la place de l'enfant harcelé, sous peine de donner raison au harceleur et de délivrer un message implicite qui va toujours dans son sens:" Il est vulnérable, il n'est pas capable de se défendre tout seul, c'est une cible idéale, continuons! " Le remède est alors pire que le mal, et les sanctions à l'encontre du harceleur ne font qu'alimenter sa volonté de se venger.
2) De permettre à l'enfant ou l'adolescent harcelé de se défendre stratégiquement et efficacement, en décochant" une flèche de résistance" à la face du harceleur. Il ne s'agit pas de rendre coups pour coups, mais bien plus subtilement, de renvoyer le venin à son destinataire, exactement comme dans les arts martiaux, où l'on utilise la force de l'attaquant, pour lui retourner tel un boomerang.
Cet apprentissage se fait au travers de jeux de rôles lors des séances, et dédramatise le rôle de la victime. Que cherche le harceleur?
De prendre le pouvoir sur le harcelé et selon son âge, de provoquer soit des larmes (il a gagné), soit de la colère et de l'impuissance (il a gagné) soit de l'évitement en se cachant (il a gagné) soit en réclamant l'aide des adultes (il a encore gagné).
- Le premier grand changement va résider dans le fait que le harcelé va partir à la recherche de son harceleur (au lieu de se cacher et d'être poursuivi), pour lui décocher sa flèche apprise lors de la séance de thérapie. Une différence qui déjà, va changer tout le rapport harceleur-harcelé, car les règles du jeu ont changé! Qui court après qui?
- Le deuxième changement est de regarder en face son harceleur (la peur est travaillée en séance également) et de le remercier: "je te remercie de me dire tout ça parce que si tu savais comme j'aime ça quand tu me parles comme ça, ou si tu savais comme j'apprends tellement de toi...."
- Le troisième changement est de lui retourner sa flèche par quelques paroles bien pesées et stratégiques.
Pour exemple, voici le cas de cette jeune fillle,Tiphaine, un peu enrobée qui se fait traiter par une harceleuse de sa classe de "grosse vache, et de sale pute qui a une sale gueule" à longueur de journée, j'en passe et des meilleures....(les Bisounours sont une espèce en voie de disparition)
Voici sa flèche: Après avoir cherché sa harceleuse dés qu'elle arrive au lycée, elle lui dit: "wouah, machine, je te remercie de me traiter de grosse vache, tu as raison, je suis grosse, mais je peux faire un régime, moi....Toi, par contre ta connerie, elle est à l'intérieur, et c'est pour ça que ça pue tout le temps quand tu parles!....Beurk...Suis pas sûre que la connerie ça se soigne! "
Croyez-moi, ça calme les plus enragés et ça rebooste la confiance et l'estime de l'enfant harcelé.
Il est indispensable également d'accompagner les parents, afin qu'ils apprennent à leur enfant à puiser dans ses propres ressources, car il est bien plus fort et résistant qu'il ne paraît; cela nécessite qu'ils cessent d'intervenir à sa place tout en lui inculquant des stratagèmes de défense, qui dédramatiseront la situation en coupant très vite l'escalade relationnelle qui sévit entre pouvoir et vulnérabilité.
Un grand merci à Emmanuelle Piquet.
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Thérapie Brève Systémique
Hypnose
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Rédigé le 05 novembre 2015 dans Harcèlement à l'école, Thérapie brève systémique et stratégique | Lien permanent | Commentaires (0)
"La folie, c'est se comporter de la même manière et
s'attendre à un résultat différent"
Albert Einstein
Dans la mouvance actuelle des nombreuses thérapies, d'inspiration psychanalytique ou pas, longues ou brèves, il est souvent très difficile pour une personne novice de savoir ce qu'il en retourne; je vais tenter de vous donner un éclairage, quelque peu réducteur je le crains, mais accessible au plus grand nombre, je l'espère, sur la thérapie brève systémique et stratégique, qui est une approche thérapeutique psycho-relationnelle née du courant de pensée de l'Ecole de Palo Alto.
Dans un premier temps, on peut retenir qu'elle se différencie - par une vision novatrice de la genèse et de la résolution de problème - de la psychanalyse et de la psychologie, qui elles s'efforcent de trouver le pourquoi de votre souffrance en allant chercher les évènements traumatisants de votre histoire. Oui mais, car il y a un mais, comme le dit si bien Giorgio Nardone dans Le dialogue stratégique:" Penser que si l'on comprend une chose, on pourra la changer est une vieille illusion des êtres humains." Contrairement au pourquoi et à de longues années d'accompagnement, la thérapie brève s'illustre par une démarche qui vise le comment sortir la personne de sa souffrance, en étant orientée solution et changement dans l'ici et maintenant, avec un travail plus bref (de quelques séances parfois à 20 séances au grand maximum). Mais avant d'aller plus loin, revenons à l'Ecole de Palo Alto et à ses pionniers.
Petit rappel Historique de l'Ecole de Palo Alto
Ne cherchez pas l'école! Palo Alto, appelé aussi le "collège invisible", est un courant de pensées riches et novatrices initié par l'anthropologue et biologiste anglais Gregory Bateson qui crée ce groupe du nom de la ville de Palo Alto en Californie, dans les années 50. Avec lui et grandement inspiré par Milton Erickson, c'est toute une équipe, et pas des moindre, qui va se constituer avec Don Jackson (psychiatre), Paul Watzlawick (psychologue), Dick Fish (psychiatre), John Weakland (anthropologue et thérapeute) et Jay Haley (brillant stratège en communication et thérapeute formé par Erickson).
Ce courant est notamment à l'origine de la thérapie familiale - véritable révolution en psychiatrie - mais aussi de la thérapie brève, la thérapie systémique, la PNL (programmation neurolinguistique) et l'AT (analyse transactionnelle).
L'approche totalement innovatrice de la thérapie familiale est fondée sur l'hypothèse de la double contrainte de Bateson (j'y reviendrai), et va donner l'impulsion à Don Jackson en 1959, à créer le MRI - Mental Research Institute - vite rejoint par Watzlawick, Fish, Weakland, Haley et une nouvelle venue, Virginia Satir. Le MRI a posé les fondements, puis permis l'évolution de la conception de la thérapie systémique, et débouchera sur la création du Centre de thérapie Brève, puissant mouvement né aux Etats-Unis, et plus présent aujourd'hui en Europe.
Il est impossible de parler de Palo Alto, sans aborder (ou du moins mentionner) les concepts clés de la communication et de ses interactions, la notion de constructivisme, ainsi que les fondements de la thérapie systémique. Cette dernière repose sur 3 notions fondamentales que sont la cybernétique, la théorie générale des systèmes ainsi que la théorie de l'information, (que je ne développerai pas ici). La systémique résulte de l'évolution de ces trois disciplines.
Pour bien comprendre cette révolution de Palo Alto, il faut également nous replonger dans le contexte scientifique des années 50, toujours empreint du Discours de la méthode de Descartes et de son approche scientifique, cartésienne et réductrice du 17ème siècle. Réductrice, car séparer et analyser chaque élément d'un système (prenons le corps et chacun de ses organes) sans prendre en compte la complexité de l'interaction et de l'interdépendance de chaque organe dans leur système global, étonnamment plus riche que la somme de toutes ses parties, peut vous donner la mesure du chemin à parcourir. Je donnerai un peu plus loin des exemples concrets.
De plus, n'oublions pas qu'en tant qu'anthropologue, Gregory Bateson encourageait l'étude scientifique comme moyen d'élargir la vision du monde, car il n'existe pas un monde donné qui serait le même pour tous, mais des mondes dans lequel chaque être humain construit sa propre réalité. Pour lui, l'étude du fonctionnement d'une société se fait sur le terrain, et au travers de l'observation de l'interaction de chacun de ses membres, et ce, dans un contexte donné; alors et seulement dans ce contexte donné, et grâce à l'observation des interactions circulaires de chaque membre (qui dit quoi, qui répond quoi, qui fait quoi, comment, avec qui ...), les comportements prennent tout leur sens et peuvent être encouragés, modifiés ou interrompus si la nécessité s'en fait ressentir.
Le courant de pensée de Palo Alto va marquer un changement épistémologique certain dans l'approche du comportement humain et de la résolution de problème de l'individu, faisant émerger une notion fondamentale longtemps oubliée de la thérapie: la relation - relation d'une personne avec elle-même, avec les autres, avec son environnement qui déboucheront sur une autre notion fondamentale: le contexte.
Voir une similitude avec ce (qu'aurait) dit Pasteur peu de temps avant sa mort: "Le microbe n'est rien, le terrain est tout", est un pas que je franchis aisément.
En effet, un individu n'existe pas dans l'absolu en dehors d'un système (sa famille par exemple composée de chaque membre) et de son contexte, car l'être humain échange de façon essentielle avec le monde qui l'entoure, qui lui-même interagit sur l'individu; Seul le contexte environnemental et interactionnel le définit, donne un sens à ses comportements, ses émotions et ses pensées, et ainsi lui donne des leviers puissants de changement. Une « personnalité » ne peut être définie en faisant abstraction du réseau complexe de relations interpersonnelles qu'entretient la personne dans son quotidien.
C'est en changeant la relation au monde de la personne, et donc la perception qu'elle en a, qu'on l'amène à être autrement.
Pour en savoir plus, et partir à l'aventure de ce mouvement fondateur de la thérapie brève, je vous renvoie à un livre passionnant co-écrit par Jean-Jacques Wittezaele et Teresa Garcia, formés au MRI de Palo Alto, et co-fondateurs en 1987 de l'IGB (Institut Gregory Bateson) à Liège et Paris:
A la recherche de l'école de Palo Alto
La thérapie familiale et l'hypothèse de la double contrainte
On l'appellera aussi le projet Bateson; dix années de recherche sur la communication paradoxale qui marqueront les contours de la thérapie familiale, révolutionnant la psychiatrie dans la genèse de l'apparition des symptômes psychotiques et dans leurs résolutions. En 1956, les membres fondateurs publieront un article commun: Vers une théorie de la schizophrénie qui introduira le concept de double contrainte (double bind). La schizophrénie serait une réponse adaptative à une structure pathologique et dysfonctionnelles des relations familiales basées sur un mode de communication paradoxale. Cette hypothèse se transforme en théorie et amorce un virage à 180° de l'approche psychanalytique, en élargissant dans une vision globale, non normative et interactionnelle, le symptôme de l'individu ainsi que ses comportements pathologiques.
Par Paradoxe, on entend le fameux "Soyez spontané" décrit par Watzlawick, Weakland et Fish dans Changements (paradoxes et psychothérapie), un des ouvrages fondamentaux de l'Ecole de Palo Alto. En effet, il est difficile, voire impossible d'obéir à un ordre en étant spontané; la spontanéité échappant à toute contrainte et volonté! Cette communication paradoxale piège la personne qui ne peut en aucun cas obéir à l'injonction sous peine de ne plus être spontané.
Notre communication est quotidiennement paradoxale; qui n'a jamais dit: "Mais calme-toi" à une personne stressée ou en colère, dont le propre précisément de ce stress est de ne pas être calme. La solution interactionnelle du "calme-toi" visant à l'apaisement, risque bien d'être contre-productive en aggravant encore plus l'état de votre interlocuteur, impuissant à se calmer, et de surcroît maintenant, incompris de vous.
La double contrainte est une communication paradoxale plus complexe encore car redondante et répétée quotidiennement par une personne dont l'autorité et l'affection ne sont pas contestables; et comme si cela ne suffisait pas encore, non seulement deux messages contradictoires simultanés sont donnés, mais ceux-ci sont verrouillés par un troisième, souvent implicite, bloquant toute tentative de réaction de la part de la personne qui reçoit ces messages. Cette dernière piégée, est poussée inconsciemment à s'échapper en adoptant un comportement hors norme et à se comporter de "façon folle".
Cette illustration de Watzlawick, vous donnera une idée très claire de ce qu'est la double contrainte et des ravages qu'elles entrainent dans son sillage:
Une mère rend visite à son enfant et lui offre deux cravates, une bleue et une rouge. À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate rouge.
La mère lui dit : "tu n’aimes pas la cravate bleue" ?
À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate bleue.
La mère lui dit : "tu n’aimes pas la cravate rouge" ?
À la visite suivante encore, l’enfant se présente avec les cravates bleue et rouge à la fois au cou et sa mère lui dit : "Ce n’est pas étonnant que tu sois placé en pédopsychiatrie" !
L'influence de Milton Erickson
Elle est une pierre angulaire de la thérapie brève, notamment dans son approche stratégique de la communication. On y retrouve les prescriptions de tâches visant à faire vivre de nouvelles expériences, les interventions paradoxales, les suggestions directes et indirectes, les recadrages métaphoriques et la capacité à parler le langage du patient, sans oublier la participation active du thérapeute.
Comme l'écrit Jeffrey Zeig dans La technique d'Erickson, Milton Erickson était un thérapeute de génie: "Le génie d'Erickson était le résultat de la combinaison de son intelligence, de ses qualités humaines, de sa curiosité, de son inventivité et de son intuition. Que ce soit dans le domaine de l'hypnose, de la psychothérapie, de l'enseignement, ou encore, sur le plan individuel, dans sa capacité à transformer ses handicaps en atouts, le génie d'Erickson était évident."
Dans Un thérapeute hors du commun, Jay Haley (membre du MRI et élève d'Erickson durant 17 ans), retrace au travers de chaque étape de la vie de chacun, toute l'approche du travail de celui-ci.
Illustration concrète en thérapie brève de l'influence des interactions sur le comportement
"La situation est désespérée, et la solution désespérément simple" Paul Watzlawick
Faites vous-même votre malheur
Prenons en exemple la famille, système par excellence, et voyons comment les interactions peuvent influencer chaque membre, désigner un porteur du "symptôme", généralement fort peu demandeur d'aide et transformer une simple difficulté en problème, par l'insistance et la répétition de messages inadaptés, certes logiques et de bon sens, mais contre productifs. Les prénoms sont fictifs, la situation plutôt commune.
Marc est un adolescent de 16 ans, qui depuis le collège, ne travaille plus en classe, et de surcroît n'a jamais beaucoup aimé l'école. Il n'a plus de motivation et va d'échec en échec, traîne de plus en plus avec ses copains, découvrant les joies transgressives de l'école buissonnière. Il passe de plus en plus de temps à visionner des séries téléchargées sur son ordinateur ou à jouer à des jeux vidéo en ligne.
Il est l'aîné d'une fratrie de 3 enfants. Sa soeur de 11 ans, Eléa, est 1ère de sa classe et son petit frère de 5 ans, Lucas, accapare encore beaucoup l'attention de ses parents. Ces derniers, désespérés et inquiets pour l'avenir de leur aîné, s'arrachent les cheveux, ont déjà tout essayé, vont de punition en privation - sans résultat, sinon de faire l'effet inverse à celui escompté - Ils ne reconnaissent plus leur fils, et lui répètent à longueur de journée la même ritournelle: "Mais travaille au lieu d'être toujours sur ton ordinateur! C'est pas comme ça que tu vas réussir! Et range ta chambre!" Sa mère le contrôle de plus en plus, et dés qu'elle rentre du travail, lui pose la sempiternelle question: "Tu as fait tes devoirs?" et Marc de répondre: "Mais oui cool, j'assure" et s'en retourne jouer en ligne à son jeu vidéo préféré. Son père rentre et demande à voir ses notes, que Marc avait bien pris soin de camoufler, priant le bon Dieu que ses parents l'oublient dans un moment d'amnésie. Marc de plus en plus renfrogné et pris au piège, montre ses notes catastrophiques à son père excédé, déçu, et impuissant, qui réagit à son tour: "Mais comment veux-tu qu'on te fasse encore confiance? Tu vas devenir quoi si tu continues comme ça?" .
Et au fur et à mesure que le ton du père monte, le mutisme et la résistance du fils se durcissent, son besoin de rébellion (dans ce cas précis, rébellion froide) atteint des sommets, alors que son estime de soi descend en flèche. Une relation en cascade s'auto-alimente, la guerre des nerfs a commencé et chacun souffre dans son coin, tournant en rond un peu comme un hamster dans sa roue; sans compter que la relation parents-enfants s'appauvrit et se réduit comme une peau de chagrin, ne se nourrissant que de contrôle, de déception et de résistance, au détriment de complicité et d'instants présents à partager sur d'autres thèmes.
En observant la situation, sans interprétation et sans jugement, il s'avère qu'avec la meilleure volonté du monde et faisant de leur mieux, plus les parents poussent leur fils à travailler, plus leur fils freine et moins il travaille. Moins ça marche, et plus les parents insistent encore et encore, un peu comme si à force d'acharnement, leur fils allait enfin avoir le bon déclic, et se mettre à travailler, peut-être même à y trouver du plaisir.
C'est sans compter que le propre d'un adolescent est de chercher le point de friction avec ses parents, ses profs et toute forme d'autorité, pour dire NON et les défier, pour transgresser et pouvoir couper le cordon.
En effet "La maturité est la capacité de faire quelque chose malgré le fait que vos parents vous l’ont recommandé." Watzlawick dans Faites vous-même votre malheur
Que fait le thérapeute en thérapie brève, systémique et stratégique? En brossant les grandes lignes, le thérapeute va voir les parents dans la plupart des cas, car l'adolescent est rarement demandeur d'une aide, et il serait (encore) contre-productif de vouloir travailler avec lui contre son gré. Si le jeune est demandeur, on le voit bien évidemment, mais sans faire l'économie de travailler avec les parents. Le thérapeute tout en créant la relation, va minutieusement faire son "enquête" et demander toutes les tentatives de solution des parents, et si cela a donné un résultat: " Et lorsque vous faites et dites cela à votre fils, y-a t-il une amélioration ou un durcissement du problème? Et vous faites çela depuis combien de temps? Et vous me dites que vous avez tout essayé? Et il travaille encore moins, se comporte de plus en plus mal à la maison? etc."
Ce sont par ces questions et reformulations recadrantes, que le thérapeute amène les parents à envisager le problème sous un autre angle - "C'est parce que vous êtes des parents vigilants et aimants que vous faites tout ce que vous faites, mais au vu du résultat, ça n'est peut-être pas la bonne solution? Et donc si j'ai bien compris, plus vous poussez votre fils à travailler et moins il travaille? ..."
Le thérapeute va pouvoir alors proposer de nouvelles interactions parents-enfants, à 180° de ce qu'ils faisaient alors, et la tâche n'est pas aisée, car ces nouvelles interactions stratégiques, échappent au bon sens et surtout à une certaine logique bien ancrée dans les cerveaux. L'idée est de le freiner au lieu de le pousser:
"Alors mon chéri, pas trop fatigué par ta journée de cours? Bon il faudrait peut-être te détendre ce soir et lever le pied? J'avoue que je suis un peu pénible parfois à toujours te parler de tes notes, mais c'est parce que je m'inquiète, et du coup je te mets la pression...Et si tu me montrais un peu comment on joue à ce jeu vidéo?" Bien évidemment, c'est une piste, un petit jeu de rôles à proposer aux parents, qui trouveront leurs propres mots à dire à leur fils.
Cette interaction stratégique répétée quotidiennement "piège" votre chérubin, car soit il continue à ne pas travailler, MAIS IL VOUS OBÉIT, et croyez-moi vous obéir, ça n'est même pas en rêve; soit IL VOUS DÉSOBÉIT, et se remet en mouvement peu à peu, à condition que vous le lâchiez sur le travail et réitériez constamment votre bienveillante invitation à ne pas trop se" fatiguer".
L'idée est là, réduite à sa plus simple expression dans cet exemple, mais met bien l'accent sur l'importance capitale de l'interaction et du changement.
Béatrice Giraudeau
Thérapeute et coach de vie, je suis formée à la thérapie brève systémique et stratégique, à l'hypnose, à la PNL et au coaching de vie. Je suis également partenaire de recherche à LACT (Cabinet d’intervention et de recherche, spécialisé dans la régulation systémique et stratégique des troubles psychologiques et relationnels individuels ou collectifs.)
"LACT a développé une base de données qui permet d'encoder de manière détaillée l'ensemble des séances ou des consultations réalisées par nos thérapeutes experts. Ces séances concernent à la fois des problématiques personnelles et professionnelles.
Nous souhaitons améliorer encore cette base de données, mais surtout arriver à quantifier l'efficacité de notre modèle d'intervention stratégique systémique de Palo-Alto."
Bibliographie
A la recherche de l'école de Palo Alto de JJ.Wittezaele et T.Garcia Ed.Couleur Psy Seuil
L'Homme relationnel de JJ.Wittezaele Ed.Couleur Psy Seuil
L'Art du changement De G.Nardone et P.Watzlawick Ed.L'Esprit du Temps
Changements de P.Watzlawick, J.Weakland, R.Fish Ed.Essais
Le Dialogue stratégique de G.Nardone et A.Salvini Ed.Le Germe
Faites vous-même votre malheur de P.Watzlawick Ed.Points
Comment réussir à échouer de P.Watzlawick Ed.SeuilL
La connaissance par le changement de G.Nardone et C.Portelli Ed.Le Germe
La technique d'Erickson de J.Zeig Ed. Hommes et groupes
Un thérapeute hors du commun de J.Haley Ed. Desclée De Brouwer
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Thérapie Brève Systémique
Hypnose
Partenaire de recherche Lact
Rédigé le 12 octobre 2015 dans Thérapie brève systémique et stratégique | Lien permanent | Commentaires (0)
Cet article fait suite à ma note sur l'hypnose et les troubles des conduites alimentaires.
En effet, on a trop vite fait de réduire systématiquement le surpoids à l'alimentation, et d'en restreindre ainsi le champ thérapeutique. Certes, l'alimentation est au coeur du problème, mais n'en a pas l'exclusivité.
Le problème de surpoids est en effet multifactoriel (y compris dans la différence biologique hommes et femmes), car en plus des troubles alimentaires, viennent se surajouter les facteurs d'hérédité, de métabolisme, de l'histoire de chacun, mais aussi de programmes archaïques de survie. Le danger de réduire le surpoids à l'alimentation est de donner cette équation: problème de poids = régime restrictif.
Combien de jeunes filles notamment, ont commencé par des régimes pour perdre quelques kilos sans savoir qu'elles déclenchaient cette boucle infernale: restriction de nourriture = stockage des graisses. Je me prive et donc je me prépare à stocker des réserves comme pour faire face à une famine; sans compter que la privation entraîne des désirs compulsifs. Finalement, je provoque ce que je crains le plus. A méditer....
Comme le dit très justement Dany Dan Debeix à propos de la perte de poids: "que faites-vous lorsque vous perdez vos clés? Vous les cherchez et la plupart du temps, vous les retrouvez! C'est la même chose pour le poids; qui perd, retrouve, avec en plus des intérêts revus à une hausse toujours exponentielle, car le cerveau n'aime pas le vide. Préférez le terme mincir, gagner en finesse et en légèreté, plutôt qu'à toute notion de perte de poids."
Dame nature et la survie
J'ajouterai que la programmation de la survie reste la première préoccupation de notre cerveau. S'entend notre cerveau reptilien, le plus primaire dans son apparition au cours de l'évolution des espèces. Il assure la satisfaction de nos besoins fondamentaux au travers de comportements très archaïques et inconscients, visant également à conserver l'équilibre homéostasique de notre système vivant. Nous verrons au travers de ces programmes archaïques en quoi le surpoids (ou sous poids) est une solution du cerveau reptilien, et que restreindre n'a pas d'effet sinon à renforcer et réactiver le dit programme.
Je m'en explique: qui dit survie dit adaptation à son environnement, défense du territoire, protection au sein du clan, accouplement et reproduction, recherche de nourriture avec parfois selon la saison et l'environnement plus ou moins hostile, obligation de stocker des graisses. C'est ainsi que plusieurs stratégies de survie nous sont très reconnaissables chez nos amis les bêtes, comme dissuader les prédateurs en les impressionnant, fuir au plus vite ou disparaître en se fondant au décor.
Dame Nature est formidablement bien équipée pour cela. Voici quelques exemples illustrés de défense du territoire et de protection vitale face aux prédateurs.
Ce chat qui fait le gros dos, hérisse ses poils, les pupilles dilatées, signifiant qu'un autre chat (ou humain) vient de tenter de pénétrer sur son territoire et qu'il est prêt à le défendre. C'est notamment en décuplant le volume de sa silhouette, et en montrant des crocs et des griffes, qu'il tente d'impressionner et de dissuader l'adversaire d'aller sur son territoire. C'est le plus fort et le plus dominant qui imposera la soumission au plus vulnérable.
D'autres espèces utilisent le camouflage ou le mimétisme pour se protéger de leurs prédateurs, en se fondant au décor de leur environnement, ou en donnant l'illusion d'être toxique (certaines espèces de papillons) et bien plus dangereux qu'ils ne le sont réellement. Tout est histoire d'illusion...
Camouflage parfait de cette grande sauterelle dénommée Gumleaf Grasshopers
Mimétisme du Sphinx du Liseron. Photo Marc Solari
S'adapter et survivre dans un environnement hostile, exigent une robustesse et une endurance à toute épreuve; citons le Yack en Himalaya, animal robuste et puissant, à la longue toison épaisse le protégeant du froid et des intempéries, pour ne pas parler du chameau dans le désert, des rennes dans la Toundra, des phoques et de leur précieuse graisse...
Sélection, séduction et parades amoureuses répondent à des besoins différents chez le mâle et la femelle. Cette sélection permet une reproduction efficace et vitale à la survie de chaque espèce. Chez le mâle, la survie le pousse à féconder le plus grand nombre de femelles; ces dernières, quant à elles, vont repérer le mâle le plus robuste et le plus protecteur pour leurs petits. Le mâle n'a plus qu'à gonfler son poitrail, ou à faire la roue, les femelles à paraître le plus fertile possible.
Et les humains dans tout ça?
Etre humain oui, mais être biologique toujours, visant à se maintenir en vie. Pour cela et selon le professeur Henri Laborit: "un être humain est une mémoire qui communique et agit". Pour évoluer, nous avons obligatoirement dû mémoriser tous ces programmes archaïques de survie, et nous devons toujours nous nourrir, nous reproduire, nous déplacer pour conquérir de nouveaux territoires, faire face au danger qui menace ce même territoire, et toujours échapper au prédateur. Ce sont nos pulsions de survie, qui ne paraissent pas toujours logiques et cohérentes à notre cerveau limbique, siège de nos émotions ainsi qu'à notre néocortex, siège de notre langage et de notre pensée.
Dans l'Eloge de la fuite, Henri Laborit exprime métaphoriquement et admirablement bien, nos deux comportements de survie: le combat ou la fuite. Je le citais déjà dans cette note Un voilier nommé désir.
Mais si nous ne pouvons ni lutter, ni fuir, nous allons nous retrouver dans l'inhibition de l'action, sans pouvoir bouger, et ainsi attendre sous une extrême tension que le danger nous tombe dessus; c'est l'angoisse et le surstress qui nous font tomber dans le mal-être, puis dans la maladie.
Oui mais les problèmes de poids dans tout ça? J'y arrive...
Faire face aux conflits en prenant du poids
Nos conflits et nos peurs ne sont pas si éloignés de ceux des animaux: nous avons engrammés dans notre mémoire qu'être seul dans la nature équivaut à une mort certaine, ou du moins nous expose à de grands dangers.
Ainsi, les surchages pondérales sont des solutions de survie, principalement dans les syndromes d'abandon ou de séparation. Pour nous humains, il ne fait pas de différence entre un réel abandon, comme un accouchement sous X, et un ressenti d'avoir été abandonné, délaissé ou ignoré. Cela reste la réalité de la personne qui souffre. Une séparation peut se vivre comme la perte brutale d'un être cher et protecteur, ou d'un éloignement. Etre seul au monde, sans famille, sans amis, sans travail, en marge de la société, ou ressenti comme tel.
Dans tous les cas, la personne se sent en grand danger, souvent bien plus inconsciemment qu'elle ne le soupçonne; comment un petit d'humain (tout comme d'animal), peut-il survivre loin de sa mère (vital), de son père et de la présence du clan protecteur de la famille, amis, et de toute représentation symbolique du clan? Difficilement s'entend, avec la peur de manquer de nourriture, de la sécurité d'un toit, de la protection d'un clan...
On retrouve aussi les solitudes affectives, amicales et sociales qui se caractérisent au travers d'un deuil, d'un divorce ou d'un chomâge.
Tout ce qui crée un sentiment d'insécurité vitale, peut pousser la personne à faire des réserves, pour tenir le coup le plus longtemps possible, forcir sa silhouette pour faire face au danger, enfler comme une "grenouille", et se protéger de toute agression extérieure à l'aide de capitons graisseux protecteurs...Dans tous les cas, il faut être fort et cela résulte plus d'un comportement masculin
(Yang) qui consiste à lutter, mais qui ne signifie pas qu'on le retrouve exclusivement chez les hommes, loin de là. Beaucoup de femmes sont plus yang que yin. Pousser la personne à perdre son poids, alors qu'il est une solution de survie de son cerveau reptilien, paraît bien une hérésie. Non seulement, ce poids sera retrouvé et amplifié, mais la personne se sentira de plus en plus danger, augmentant encore son mal-être et l'intensité de son conflit. Le cerveau reptilien n'a pas d'états d'âmes et surtout pas de sens esthétique! C'est un combat stérile que se livrent le néocortex, le cerveau limbique et reptilien; les enjeux sont incompatibles entre la survie, le désir d'être heureux, l'esthétisme et les diktats de la société. Avant de changer quoique ce soit à l'alimentation de la personne, il sera primordial de l'accompagner à identifier ses peurs et ses émotions, ainsi que les programmes archaïques de survie mis en place, afin de la faire cheminer.
Quant au comportement plus Yin de certaines personnes, elles traverseront les épreuves au travers de la fuite (nécessité de rester très leste et agile), pour parfois même tendre à disparaître et échapper ainsi au danger et à toute prédation. Celles-là même qui maigrissent à vue d'oeil dés qu'elles sont stressées, et irritent tellement les autres qui grossissent, elles, à la simple vue d'un gâteau.
Une piste à ne pas négliger dans les cas d'anorexie, maladie spécifiquement féminine; les "femelles" peuvent perdre tout attribut féminin (seins, fesses, cycle menstruel, séduction) au travers de l'anorexie, échappant ainsi au prédateur qui reste encore aujourd'hui le mâle. Que dire du viol, toujours une arme de guerre, et ce depuis la nuit des temps? Explorer ce programme archaïque de survie dans tous les cas d'anorexie est un levier puissant.
Comme on le voit, les problèmes de poids ne sont pas qu'affaire d'alimentation et demandent une synergie de processus thérapeutiques qui agiront à différents niveaux de la personne.
"Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change."
Henri Laborit
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Rédigé le 09 décembre 2014 dans Thérapies brèves - Hypnose - Surpoids et survie | Lien permanent | Commentaires (6)
Le magazine web de l'Etudiant Trendy m'a contactée pour une interview et cela concernait les exclusions des élèves au collège et lycée. Le problème étant de savoir comment l'annoncer à ses parents. J'ai accepté volontiers de donner quelques pistes. La meilleure stratégie étant d'afficher la situation, non de la cacher ad vitam aeternam, et ainsi de faire notamment l'expérience de traverser sa peur, peut-être même d'éviter une fois de plus un bras de fer avec ses parents.
Article de Samantha Corti pour l'Etudiant Trendy
Rédigé le 17 octobre 2014 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
La boulimie et ses troubles associés
(vomissements - restriction/jeûne -
prise abusive de diurétiques et de laxatif...)
L'anorexie et l'obésité ne sont pas traitées dans ce chapitre.
Autorisez-vous une chose, vous pourrez décider de vous en passer; Refusez-vous la, elle deviendra irrésistible. Giorgio Nardone
"La boulimie est caractérisée par l'absorption compulsive d'une quantité excessive de nourriture en une seule prise, et d'une manière répétitive dans le temps." C'est une forme de gavage en un temps record qui ne s'arrête que lorsque la personne se sent très mal, comme prête à exploser. "Elle est accompagnée de méthodes compensatoires pour prévenir la prise de poids, telles que les vomissements, la restriction alimentaire (jeûne) et son contrôle excessif, la prise abusive de laxatif, de diurétiques et le sport intensif." Tous les boulimiques n'ont pas recours aux vomissements, et l'on peut établir deux catégories: la boulimie avec vomissement et la boulimie sans vomissement appelée aussi hyperphagie boulimique. L'hyperphagie se caractérise également par une ingurgitation maximale et compulsive d'aliments, mais n'est pas accompagnée de méthodes compensatoires; S'ensuit alors des prises de poids rapides. A préciser que le grignotage, s'il est un dérèglement alimentaire, ne rentre pas dans la catégorie de la boulimie.
Le vomissement, s'il est provoqué dans les premiers temps pour éviter toute prise de poids, peut devenir à la longue un syndrome à lui seul, voire un rituel extrêmement sophistiqué, dés lors que manger compulsivement sera recherché uniquement pour "le plaisir" de se faire vomir. En effet, ce besoin d'expulser les aliments quotidiennement devient une source immédiate de soulagement et de satisfaction intense, et ce, provoqué avec une facilité déconcertante, à l'insu de l'entourage proche.
Dans tous les cas, cette ingurgitation se fait toujours dans une grande solitude, car le sentiment de honte pousse la personne à se cacher. Cet épisode s'ensuit d'une grande culpabilité face à la perte de contrôle et provoque ainsi une boucle infernale.
La boulimie est majoritairement un comportement féminin, mais pas exclusivement. L'estime de soi est souvent très basse et dépend fortement du poids et de la silhouette. Les femmes sont bien plus touchées par les dictats de la société, tels que minceur et séduction.
Les émotions sont à fleur de peau et submergent la personne. Une humeur instable ainsi qu'une forte auto-critique accablent souvent celle-ci.
L'hypnose est un outil efficace qui facilite le travail et s'inscrit dans un accompagnement global de la personne: à la fois adapté à chacune, mais aussi commun aux compulsions alimentaires et à une grande dévalorisation de soi. L'hypnose ouvre des portes, permet des connexions et des déprogrammations nécessaires, utilise des stratégies et des astuces pour reprogrammer l'inconscient (voie royale de toutes nos ressources et apprentissages). Si les comportements boulimiques sont à la base une adaptation pour faire face à des difficultés, ils se sont inscrits à la longue dans le cerveau, et sont devenus tout simplement des conditionnements.Tout comme on a pu les apprendre, il s'agira de les désapprendre, en y programmant autre chose, le cerveau n'aimant pas le vide. Cet autre chose sera toujours axée vers un gain positif et gratifiant pour la personne: une silhouette redessinée, un bien-être, le plaisir retrouvé...
Mais pour autant, l'hypnose n'est pas une baguette magique! L'engagement et l'implication de la personne doivent être conséquents et viser des objectifs précis.
L'apprentissage de l'autohypnose en séance sera fortement recommandé afin de permettre à la personne de modifier peu à peu ses comportements en les expérimentant dans sa vie quotidienne.
Les grandes étapes de mon accompagnement sont les suivantes
- Repérer comment les proches interagissent: (interdiction et injonction en tous genre - nourriture cachée - surveillance quotidienne...) Et stopper toute tentative qui irait dans ce sens, afin que la personne se réapproprie son autonomie et ses sensations propres. Ce qui retourne d'un accompagnement systémique avec l'entourage.
- Réguler les crises compulsives: Il ne s'agit surtout pas de les interdire ou de vouloir exercer un plus grand contrôle encore sur la personne qui passe déjà sa vie à alterner contrôle excessif (épisode de restriction, jeûne) et perte totale de celui-ci (épisode de boulimie); Ce qui est source d'une grande souffrance et entraîne culpabilité et échec à répétition. Pour sortir de cette boucle infernale, la stratégie sera de demander à la personne de continuer ses crises boulimiques en y ajoutant un élément nouveau qui viendra "perturber" et "casser" un fonctionnement bien rôdé et huilé. L'hypnose sera aidante pour intervenir sur les conditionnements dysfonctionnels.
- Renouer avec le plaisir de manger: c'est une étape essentielle et incontournable sur les sensations et le rapport à la nourriture. Amener peu à peu la personne à évaluer et apprécier ce qu'elle mange sous un autre éclairage que celui d'aliments interdits, autorisés, expulsables ou pas, gras, sucrés, lipidiques, glucidiques....
A ce sujet d'ailleurs, je vous renvoie à la parole d'une experte que vous pouvez retrouver sur son blog; J'ai nommé Ariane Grumbach, diététicienne gourmande, comme elle aime à nous le dire.
- Reprogrammer la sensation de satiété: avec notamment l'anneau gastrique virtuel, j'en parlerai dans mon prochain article à venir sur le surpoids.
- Restaurer une meilleure estime de soi: tout le travail consiste à réconcilier la personne avec elle-même et à lui donner un regard neuf; c'est au travers notamment de nouvelles expériences émotionnelles et relationnelles que les changements pourront s'ancrer.
- Faire un travail sur la gestion des émotions: elles doivent être accueillies, nommées et reconnues pour enfin leur donner la juste place. Se remplir de nourriture pour combler un vide affectif est une tentative de solution stérile qui calme à très court terme, mais débouche sur une boucle infernale et renforce encore le sentiment de solitude de la personne.
- Retrouver un poids stable: en retrouvant une harmonie des sensations, des émotions et en régulant la satiété, des modifications interviendront sur le poids si la personne accepte de prendre le temps nécessaire au changement (voir mon prochain article sur le surpoids).
C'est de la combinaison de choses discordantes que naissent les plus belles harmonies. Héraclite
NB: cet accompagnement ne se substitue en aucun cas à un suivi médical; celui-ci est même recommandé.
Rédigé le 29 avril 2014 dans Thérapies brèves - Hypnose - Surpoids et survie | Lien permanent | Commentaires (1)
HAPPY de Pharrell Williams, j'ai aimé, j'ai adoré, j'ai dansé, sauté de joie et j'ai touché du bout des doigts cette sensation palpable; et je ne suis pas la seule, puisque cette liesse a été planétaire. Les gens du monde entier ont repris Happy en livrant un petit morceau de chorégraphie à leur sauce; du point de vue de la psychologie positive, Pharrell Williams a fait un carton plein!
Et puis toute cette joie partagée est revenue comme un boomrang en plein coeur de celui qui l'avait envoyé, juste retour des choses. Pharrell Williams pleure des larmes de gratitude et la boucle est bouclée.
Alors osons et cultivons la gratitude...
Moi je dis juste chapeau Monsieur Williams!
Bravo également aux deux "frenchies" Clément Durou et Pierre Dupaquier, qui ont réalisé le clip de 24h, mis à disposition sur le site dédié 24hoursofhappy.com
Rédigé le 17 avril 2014 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Je vois arriver jusqu'à moi de plus en plus de parents affolés par le mal-être de leurs enfants, (ados et étudiants) en échec scolaire, voire en phobie scolaire (et universitaire). C'est un stress ultime également pour ces ado en échec scolaire, mais aussi et surtout en échec d'eux-mêmes; j'y reviendrai plus tard.
Ces parents sont totalement paniqués face à l'avenir de leurs enfants dont le projet de vie semble bien compromis: "Il n'étudie plus, elle a baissé les bras, il est déscolarisé depuis un an et fume des joints, elle ne nous parle plus et n'accepte aucune autorité à la maison, il est toujours sur son ordinateur ou avec son téléphone portable..."
Ces jeunes sont perdus, n'ont plus de cadres référents, ne voit aucun avenir, n'ont plus d'envie et pas de rêves auxquels se raccrocher. Bref, ils sont dans l'immobilité la plus totale, une impasse existentielle, en échec, ou enfermés à la maison, refusant de continuer l'école ou la fac...Le refus et la rebellion, expression de leur souffrance, met un terme à leur échec en quelque sorte; ils réussissent bien à "ne plus rien faire", et échappent à toute forme d'autorité et de règles. Ils ne sont plus dans la course.
Il faut dire que la pression de la société, des profs et des parents est grande! Alors à qui la faute?
L'horizon semble bien se rétrécir, compte tenu d'un chômage et d'une crise ambiante qui donne la prirorité au stress, à l'angoisse et à une compétitivité toujours croissante.
Vous me direz que la crise a bon dos, certes! Il s'agit bien aussi d'un bouleversement sociétal, qui a fait éclater la cellule familiale, développer un matérialisme à outrance, accélerer le rythme d'une vie toujours plus trépidante, et pour finir récompenser l'excellence et la compétitivité, pénalisant encore davantage les jeunes en difficulté.
Est-ce que cela signifie que je remets aussi en question le système éducatif français? Je le crains, oui! Et plutôt que de dire ce qui va mal, je préfère donner l'exemple d'un modèle éducatif très gratifiant, considéré comme le meilleur au monde: le système éducatif finlandais. En voici les points clés:
- Enseignement public et égalitaire (pas d'écoles privées-pas de sélection-pas d'élitisme).
- Enseignement entièrement gratuit.
- Cours de 9h à 13h et peu de devoirs.
- Cours de soutien.
- Travaux manuels mixtes.(aucune distinction garçons-filles en terme d'orientation professionnelle).
- Pratique du sport valorisée.
- Auto-évaluation de chaque éléve à l'aide de questionnaire (pas de notes jusqu'à l'âge de 16 ans).
- Valorisation de l'erreur comme axe de progrès (pas de sanction)
- Haute compétence et bienveillance des enseignants (et forte valorisation du métier).
Ce système finlandais que l'on croirait tout juste sorti d'un conte de fée, favorise la responsabilisation et l'autonomie de chaque élève, considéré dans sa globalité émotionnelle, intellectuelle et physique, dés son plus jeune âge. Il permet à tous de réussir (ascenseur social), et encourage l'esprit d'entraide et d'émulation du groupe. Un contexte favorable pour donner aux élèves le plaisir d'apprendre tout en respectant leurs besoins essentiels.
Je ne rentrerai pas dans un débat socio-politico-éducatif. Mais si le système éducatif français est déficient, il est capital de renforcer l'entente et la communication parents-enfants et de faire à la maison, ce qui devrait être suivi à l'école. Sans oublier qu'une plus grande collaboration parents-profs est indispensable.
Voici les grands axes de cet accompagnement systémique et stratégique de crise de vie.
NB: Si l'adolescent ou le jeune adulte est en grande souffrance, trop replié sur lui-même et semble être en danger, je demande au préalable aux parents de veiller à ce qu'une surveillance médicale (médecin traitant ou psychiatre) soit mise en place. Je suis amenée à travailler en collaboration avec ces derniers.
En premier lieu, je vois les parents et le jeune, si celui-ci est d'accord et a exprimé le besoin de se faire aider. S'il est réfractaire (c'est souvent le cas), je vois en un premier temps, les parents seuls. Ce travail d'accompagnement est avant tout systémique car l'enfant porteur du symptôme n'est souvent que le maillon émergent d'un dysfonctionnement du système familial et parental, exacerbé dans un système éducatif obsolète, qui n'a de cadre que la sanction. L'adolescence est aussi un "cap" plus ou moins facile à gérer et à vivre.
Attention, il ne s'agit en aucun cas d'accabler les parents, plus qu'ils ne le sont déjà. Ces derniers sont dépassés par la situation, et ont grand besoin de trouver un espace de paroles bienveillant, non culpabilisant. Il s'agit de clarifier la situation contextuelle, émotionnelle et relationnelle dans laquelle vit l'ado ou le jeune adulte. Identifier le mode de communication des parents, les règles de vie et les limites qu'ils posent à leur enfant, l'histoire de la fratrie et leur propre histoire si cela est judicieux. Très souvent, la demande des parents de la réussite à tout prix, de viser l'excellence ou de suivre telle ou telle filière, n'est que la répétition de ce qui leur avait été demandé, enfant.
Dans un deuxième temps, leur donner des outils de communication, pour établir à nouveau une relation avec leur enfant, car celle-ci, pour la plupart du temps est gelée, ou ne se fait que dans le silence, le conflit et les reproches mutuels. Aider les parents à clarifier leurs besoins, et à bien les différencier de ceux de leur enfant.
Responsabiliser davantage ses enfants, est un grand pas dans la résolution de la crise.
Une fois ce changement amené dans la relation, le jeune accepte très souvent de venir à son tour, souvent intrigué d'ailleurs du comportement nouveau et plus stratégique de ses parents. En effet, répéter à longueur de journée à un ado en difficulté, qu'il faut travailler pour réussir, qu'il doit se bouger, qu'il va être sanctionné, qu'il sera privé de....n'est manifestement pas la bonne solution. C'est ce que l'on appelle une tentative de solution, qui ne fait que mettre de l'huile sur le feu. Les parents sont très demandeurs pour sortir de cette boucle infernale, comme ils sont très demandeurs de venir en aide à leur enfant.
Quant à l'ado, je l'amène tout d'abord à reconsidérer son échec, son immobilisme comme une "bonne solution" pour son cerveau et son inconscient. Je parle bien-sûr d'une solution archaïque de survie, comme la fuite ou l'état de sidération face à un grand danger. (Voir La vie des bêtes). Cela me permet de recadrer positivement cet échec et son comportement comme quelque chose qui prend enfin du sens.
Le travail par la suite consiste à soutenir et renforcer l'Estime de soi, clarifier ses besoins, le reconnecter à ses rêves, et peu à peu le placer sur son chemin et son projet de vie (Avoir travaillé avec les parents en amont, lui permet de se sentir davantage entendu et soutenu par ces derniers).
L'accompagner à retrouver la mise en mouvement inhérente à toute vie.
A cet effet, je peux être amenée à utiliser également l'hypnose, un outil supplémentaire et très efficace pour aider le jeune à se reconnecter à un état de bien-être et de confiance, indispensable à sa vie.
"Si vous n'êtes pas préparé à échouer, vous ne sortirez jamais rien d'original." Sir Ken Robinson.
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Rédigé le 01 octobre 2013 dans Coaching de vie adolescent, Echec et phobie scolaire, Thérapie brève systémique et stratégique | Lien permanent | Commentaires (0)
La douleur aigüe et chronique
L'hypnose, voir mon post Qu'est-ce que l'hypnose, pour en finir avec de vieilles croyances) est un accompagnement dans de nombreux champs d'applications.
Dans ce 1er volet, j'aimerai aborder plus particulièrement la douleur aigüe et chronique. Je précise bien que mon travail de Praticienne en hypnose et d'Hypnocoach ne dispense aucunement d'un suivi médical et ne se substitue pas à l'exercice de la médecine.
La souffrance est un signal d'alarme nous prévenant que nous sommes en danger, ou que nos besoins biologiques ne vont pas être satisfaits. C'est aussi le signal d'un dysfonctionnement et, on l'oublie trop souvent, la manifestation d'un processus inflammatoire de réparation biologique de chaque cellule de notre corps. D'où la nécessité de ne pas supprimer complètement la douleur, au risque de camoufler des symptômes indispensables à la survie et à la détection d'une maladie.
La douleur a de multiples ramifications et intrications causales et contextuelles, à la fois biologiques, sensorielles, émotionnelles, et culturelles. C'est précisément ce contexte psychologique, émotionnel et social qui représente 90% du ressenti de la douleur! Les 10% restant correspondent à la perception biologique et chimique de la douleur, appelée la Nociception. Pour faire court, c'est le message nerveux appelé nociceptif, qui véhiculé le long des nerfs périphériques jusqu'au cerveau, provoque la douleur.
Imaginons donc dés lors, comment nous pouvons travailler avec l'hypnose, calmer, soulager, recadrer et réharmoniser ces 90% du ressenti de la douleur. Ceci dit cette part psychologique, émotionnelle et culturelle, très impliquée dans le syndrôme douleureux, reste une sensation réellement vécue par chaque personne. Le fameux: "c'est dans ta tête!" implicitant donc que nous sommes en la présence d'un malade imaginaire, n'est pas recevable et risque bien de majorer l'isolement de la personne qui souffre ainsi que la non compréhension de son entourage.
Les émotions et les hormones: La peur est une des principales émotions liée au syndrome douloureux. Peur de la souffrance et du souvenir de celle-ci, peur d'une maladie, peur de devoir freiner, etc.
L'angoisse devient vite omniprésente comme un mal à vivre. Elle vous tord les boyaux, vous donne les mains moites et la nausée.
Elle amplifie la douleur dans un processus de tension de tout le corps. Qui dit tension dit stress. Le stress est un signal biologique qui prévient d'un danger et permet au cerveau de sécréter principalement 2 hormones: le cortisol et l'adrénaline, qui préparent à l'action et au combat (comportement de survie dans un contexte ressenti comme dangereux).Trop de cortisol empêche de dormir, forcément, provoquant fatigue et insomnie, et voilà quelque peu schématiquement le début d'une boucle infernale propice à l'installation d'une douleur chronique ou grimpant dans l'intensité des aigües.
Si le corps possède ses propres hormones à action antalgique (ce sont des morphines naturelles appellées endorphine ou endomorphine secrétées pour réguler le stress et procurer une sensation de bien-être), le déséquilibre engendrée par la douleur chronique ou trop aigüe, ne permet plus à cet équilibre homéostasique de se faire. L'hypnose interviendra pour rééquilibrer ces circuits.
A noter que ces hormones du bien-être et du bonheur sont secrétées plus avantageusement lorsque vous faites du sport, les marathoniens la connaissent bien, et lorsque vous êtes amoureux. Comprenez aussi amoureux de la vie et de ses petits bonheurs. L'hypnose va permettre la reprogrammation des circuits oubliés, car trop de souffrance et de douleur provoquent du stress, de la mélancolie, de la colère et de l'agressivité, voire des états dépressifs etc.
Grâce aux séances d'hypnose, il est possible de faire revivre à la personne, des sensations de bien-être oublié, de détente et de joie afin que son cerveau inverse le processus, secrète à nouveau de l'endorphine et se reconnecte à toutes les émotions positives qui entretiennent le goût du bonheur. A ce propos, si vous le souhaitez, lire mon atelier du bonheur.
Plus ponctuellement, l'hypnose permet également d'insensibiliser la zone douloureuse au moyen de techniques diverses. L'une d'entre elles plus largement pratiquée est la technique de la main gantée.
Extrait "format blog et lecture"
A première vue cela peut vous paraître quelque peu inconfortable, je le concède! Mais imaginez qu'une de vos deux mains enfile un de ces gants. Peut-être allez-vous choisir la main droite spontanément ou peut-être allez-vous hésiter? Qu'importe, allez-y! Tout en choisissant l'une de vos deux mains, de toute façon, ce sera la gauche ou la droite n'est-ce pas? Vous pouvez déjà sentir le contact du gant très inconfortable et froid sur cette main, celle que vous aurez choisie bien-sûr, ou celle qui va spontanément vous picoter et s'avancer toute seule vers le gant...
Et tandis que votre main s'enfonce dans ce gant, vous découvrez avec surprise que l'intérieur est tapissé de petites bulles de silicone glacée! Vos doigts s'engourdissent et plus ils s'engourdissent, plus cette sensation de froid vous devient presque agréable. Vous ne savez plus si votre main est brûlante ou glacée, peut-être un peu des deux?
Cela vous rappelle lorsqu'enfant, après avoir joué dans la neige et lancé des boules sur la tête des passants, enfin non peut-être pas des passants, mais sûrement sur la tête de vos copains et copines de classe, vous vous approchiez du radiateur, ou les passiez sous l'eau chaude, pour les réchauffer...Vous rappelez-vous de cette sensation, ce chaud-froid qui rendait vos doigts et vos mains complètement insensibilisés? Oui rappelez-vous de cette sensation qui précédait le bonheur de boire un délicieux chocolat tout chaud? Je vous parie qu'à l'instant présent, c'est l'odeur du chocolat chaud qui vient vous chatouiller les narines, n'est-ce pas?
Mais revenons à cette main de plus en plus insensible, c'est comme si elle était anesthésiée...Tellement insensible que plus vous pensez à ce chocolat chaud et plus cette main s'anesthésie au contact des petites bulles glacées. Vous aimeriez pouvoir bouger les doigts de cette main, mais ils sont totalement engourdis dans ce gant de métal gris.
Et maintenant, pensez-vous que vos yeux vont se fermer ,avant ou après que le froid aura gagné tout votre poignet? Bien-sûr si vous vous laissez allez à fermer vos paupières qui ne demandent que cela, vous ne pourrez plus me lire? Et vous ne connaîtrez jamais la suite? Et pourtant vos paupières sont tellement lourdes que les lignes dansent devant vos yeux...Et plus vous résistez, plus vos paupières se ferment. Alors je ne vois que deux cas de figure:
1) Vous fermez enfin vos yeux et profitez juste de cet instant pour vous détendre et soupirer de plaisir...
2) Vous luttez et passez à côté d'un bon moment de détente, mais vous saurez ce que l'on fait de cette main comme anesthésiée. A présent, vous posez cette main insensible sur la zone douloureuse et lui transférez en pensée la sensation de froid et d'insensibilité, jusqu'à ce que, à son tour, cette zone devienne insensible...
© Béatrice Giraudeau
Nota Bene: L'hypnose permet à la personne souffrante, d'insensibiliser la zone douloureuse, de mieux gérer sa douleur, compte tenu des différentes composantes de celle-ci, notamment la composante émotionnelle. Enfin, elle permet d'apprendre à accueillir la douleur comme un état présent, afin de ne plus avoir à lutter contre elle, mais plutôt à l'apprivoiser pour découvrir ses propres ressources, et ainsi apprendre à la transformer.
Pour toute demande de renseignement et prise de RV:
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Rédigé le 20 septembre 2013 dans Douleur et Hypnose, Hypnose | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
En plein coeur de Boulogne Billancourt, un écrin de verdure et d'harmonie se cache à nos yeux... Il s'agit des jardins d'Albert Kahn. Je découvre avec ravissement le jardin japonais pour lequel j'étais plus spécialement venue. Tous mes sens sont en éveil, un éveil apaisant et ressourçant. Moi qui aime vous parler du bonheur, cet instant est purement enchanteur.
Dés les premiers pas le dépaysement est total
Le jardin japonais est un art: Agencement minutieux de tous les éléments
Quitter les azalées pour un rhodendron
Ici tout est calme et harmonie. L'eau coule en petites cascades sonores .
La dégustation du thé n'est pas à l'ordre du jour
Retrouver la verdure et changer soudainement d'ambiance
Loin de tout carcan, le jardin anglais
L'eau y prend la forme d'un coeur
Se retrouver dans une forêt vosgienne
S'assoir un moment et remercier Albert Khan pour toute cette beauté...
"Des jardins à l'image d'un monde en paix"
Albert Khan
Musée et Jardin
10-14 rue du Port
92100 Boulogne-Billancourt
Tel : 01 55 19 28 00
Photos Tous droits réservés Béatrice Giraudeau
Rédigé le 12 mai 2013 dans Les petits bonheurs se ramassent à la pelle | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)