Si je vous donne cette feuille pliée en quatre sur laquelle j'ai écrit ceci :
...... Vous la dépliez pour en lire le contenu, n'est-ce pas? Car cette invitation n'est rien d'autre qu'un ordre déguisé. Mon regard et le ton de ma voix finiront de vous convaincre que ceci est bien un ordre.
Et voici ce qu'elle contient:
...Que se passe t-il en vous à ce moment? Il y a de grandes chances pour que votre cerveau fasse une pirouette complète et que vous vous retrouviez dans l'incapacité de comprendre ce que je veux de vous? Vous voici ligoté et coincé, pris au piège de mon bon vouloir, sauf si vous décidez de vous en extraire...
Il en est ainsi de toutes ces injonctions contradictoires que nous avons reçues, enfant, de la part de nos parents, de nos éducateurs, et de toutes les personnes dont nous dépendions affectivement.
Il en est ainsi également à l'âge adulte et de toute forme de communication paradoxale que nous recevons, ou émettons.
Il en est ainsi également de toutes ces doubles injonctions que nous nous imposons tout seul comme des grand(e)s.
Cette communcation que Grégory Bateson nomme " The double bind ", la double contrainte ou double injonction, n'est ni plus ni moins qu'un paradoxe imposé et une terrible emprise sur la personne qui la reçoit. C'est Watzlawick qui l'illustre par le fameux " Veuillez ne pas lire cette phrase". Ce dernier se plaît également à raconter cette histoire:
Une mère rend visite à son enfant et lui offre deux cravates, une bleue et une rouge. À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate rouge.
La mère lui dit : "tu n’aimes pas la cravate bleue" ?
À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate bleue.
La mère lui dit : "tu n’aimes pas la cravate rouge" ?
À la visite suivante encore, l’enfant se présente avec les cravates bleue et rouge à la fois au cou et sa mère lui dit : "Ce n’est pas étonnant que tu sois placé en pédopsychiatrie" !
Oui cela donne froid dans le dos! Mon propos, cependant, n'est pas de traiter de ces cas pathologiques. Je parle évidemment de la mère, bien que l'enfant soit devenu le symptôme de celle-ci.
Mon propos est de vous amener à identifier ces injonctions paradoxales, à en prendre conscience afin d'apprendre à communiquer clairement avec vos interlocuteurs et avec vous-même. A trouver vos propres solutions, afin de changer les règles du jeu, lorsque celles-ci sont par définition, inacceptables et anxiogènes.
Exposer clairement l'absurdité du paradoxe et sa propre incapacité à y répondre est déjà un changement de paradigme.
La double contrainte étant une situation par définition insoluble de façon logique et directe, sa résolution ne peut passer que par l'adoption de stratégies de survie par le cerveau. A savoir : L'affrontement, l'état de sidération (inhibition de l'action), ou la fuite ....
Je vous en propose une quatrième: L'humour et la dérision! Traiter l'absurde par l'absurde.
Je vous laisse en compagnie de panneaux interdicteurs et paradoxaux, où l'absurde est roi....Que faire à par rire, changer de trottoir ou de restaurant?
Il est interdit de voir les éléphants roses
Interdit aux blaireaux et aux cerfs-volants
Interdit d'utiliser ses fourchette-couteau et cuillère dans son assiette!
- NB : je reviendrai dans un autre billet sur la communication paradoxale en hypnose, qui vise volontairement et à juste titre, à saturer le cerveau afin de se déconnecter du conscient, et ainsi se connecter à l'inconscient, réservoir de toutes nos ressources.