"C'est l'histoire d'un arbre. Il nous fascine, mais nous dérange parfois, car nous n'avons éclairé qu'une partie de ses mystères. C'est l'histoire de notre arbre généalogique". La plus belle histoire des plantes
Si je vous dis Transmission, Héritage, Legs, Racine, Génération, Ancêtre, Descendant, Ascendant, Clan, Famille, Fratrie, Enfant, Parent, certains me diront: "je te hais" ou "je te Haime" ou "je ne les ai pas connus, ils sont pratiquement tous morts" ou bien encore "ils sont fâchés, plus personne ne parle à personne" et j'en passe et des meilleures, mais cela ne laisse personne indifférent...Normal, ça ne parle que de nous et de notre mémoire qui agit, tapie dans l'ombre de notre inconscient, nourrie de tous les secrets familiaux et non-dits, et s'inscrivant, bien malgré nous, dans notre histoire et celle de notre clan.
Nous vivons et croyons être les détenteurs de notre propre vie... Et pourtant nous sommes animés, telles des marionnettes, par des conflits, peurs, croyances et enjeux qui appartiennent à nos ancêtres. Alors devons-nous être fatalistes et porter le poids des générations sur nos épaules? Attendre que le ciel nous tombe sur la tête, et subir notre vie tel un destin, comme nous l'a si bien dit Jung? Non, c'est la bonne nouvelle. Etre acteur de sa vie, et c'est bien le propos lorsque l'on parle de coaching, c'est cheminer en toute conscience.
Le génosociogramme (voir en fin de note) est un outil puissant que j'utilise particulièrement en coaching familial, mais aussi pour toute personne, si cela est judicieux, en coaching de vie ou coaching en entreprise. Il s'agit de détricoter les fils de notre roman familial et d'identifier ainsi, ce qui appartient à chacun, pour construire sa propre identité et trouver sa vraie place. Celle que l'on va choisir en toute conscience, loin de cette toile d'araignée tissée au fil des générations.
La famille en terme de clan est un système, qui pour survivre, a besoin de l'adhésion totale de chacun de ses membres. Celui ou celle qui transgresse sera exclu(e) et montré(e) du doigt, afin de ne pas bouleverser l'ordre établi. Paradoxe de ce système, qui veut à la fois se protéger de toute intrusion venue de l'extérieur, et qui pourtant en cherche la reconnaissance.
L'un des concepts les plus prégnants en transgénérationnel est l'idée de loyauté au clan. Pourquoi cette loyauté? Tout individu se sent redevable de la vie qui lui a été donnée. Un lien puissant qui peut ressourcer autant qu'emprisonner.
En effet, si cette loyauté nous pousse à nous engager et renforce le sentiment d'appartenance, elle est souvent aussi celle qui engendre un sentiment de dette et de sacrifice, sclérosant toute envie de liberté et étouffant dans l'oeuf tous désirs et besoins propres à chacun. Alors faut-il adhérer au groupe ou s'en exclure? Ou choisir sa propre voie sans culpabilité, renonçant par là même à la famille idéale?
C'est par le biais d'un questionnement minutieux que va se faire jour une nouvelle vision du monde. Celle que l'on se sera autorisé à vivre. Je vous le donne dans ses grandes lignes.
Dans ce clan, quelle est la place des femmes et celle des hommes? Quelle est l'image du féminin et du masculin véhiculée? Les mères ont-elles été nourricières ? Les pères ont-ils été protecteurs? Qui subit, qui choisit? Qui prend le rôle de qui? Qui a transgressé les lois du clan et de son époque? Qui fait figure de héros, d'héroïne? Qui a été banni?...
Notre conception est-elle le fruit de l'amour, mariage forcé ou arrangé, mariage heureux ou malheureux, union libre? Abandon, mère célibataire, père inconnu? dans quelle climat affectif, social et évènementiel avons-nous été conçu? Arrivons-nous après un enfant disparu, mort-né, une fausse couche? Quel rang occupons-nous dans la fratrie? Venons-nous remplacer un ancêtre décédé dont le deuil n'a jamais été fait?...
Notre fratrie est le champ d'expérimentation privilégiée de notre future vie sociale: rivalité, jalousie, amour fusionnel, complicité, jeu, déchirement, partage, souffrance? Notre rang dans la fratrie? Qui a la préférence des parents? Qui est entendu ou ne l'est pas? Qui est reconnu? Qui devient le symptôme tout désigné de la famille, provoquant rebellion et sentiment d'injustice?
Les alliances et les mésalliances dans le clan. Qui s'entend avec qui? Qui est en conflit avec qui?
Les émotions sont-elles exprimées ou niées? Y a-t-il du bonheur, de la souffrance, de la tristesse, joie, colère, violence, cris ...?
La communication existe t-elle? Est-ce que l'on parle dans ce clan ou est-ce que l'on se tait? les non-dits, les secrets de famille...
Les valeurs du clan, le travail, l'argent, les déracinements, départs forcés, ruine, échec, réussite, ascension sociale, maladies, accidents, décès...
Les répétitions de scénarios? qui répète quoi? le syndrome d'anniversaire (évènement heureux ou malheureux qui tombe un jour anniversaire de l'un des membres).
Et bien d'autres aspects encore seront abordés selon l'histoire que racontera l'intéressé(e). Seul, son ressenti est important et la réalité des faits importe peu dans ce roman familial qui va se dessiner peu à peu. Chaque résonance aura le mérite d'être revisitée, et ce qui était héritage pourra devenir transmission acceptée.
Cet éclairage va permettre de faire des liens et donner du sens là où il y avait incompréhension et fatalité, coupant ainsi le cordon avec un passé qui ne nous appartient pas en propre, et dont nous ne sommes en rien responsables, encore moins redevables.
La voie est libre pour commencer à construire sa propre vie...
Le Génosociogramme (sur 4 générations)
NB: On parle aussi de génogramme qui est le génosociogramme "commenté". Les femmes sont représentées par des ronds, les hommes par des carrés, symbolique oblige....
Il s'agit de le compléter avec les prénoms, âges, date de naissance, décès, rang dans la fratrie comptant les fausses couches, les mariages, divorces, familles recomposées, maladies, accidents, métiers, passions, ainsi que tous les évènements familiaux et historiques marquants...
Photo Baobab : National Geographic