Septième histoire: Quand Priscilla remet les pendules à l'heure
Je décroche mon téléphone, je compose son numéro: c'est l'heure de notre coaching.
Ce matin il fait beau. Un rayon de soleil caresse ma joue et c'est doux. Je suis bien. Une saison s'est écoulée déjà depuis la dernière séance de Priscilla. Comme je vous l'avais dernièrement dit: "elle
vit sa vie. elle digère....Elle prend le temps d'expérimenter tout ce
qui s'est vécu en séance. Elle explore son nouveau territoire ne
manquant pas de créer des remous autour d'elle et en elle. Elle vibre à
n'en pas douter, déployant ses ailes peu à peu". Nous allons repartir sur un nouvel objectif, l'occasion de voir et d'évaluer le chemin parcouru. Mais avant cela, focus sur ses dernières séances de coaching.
Extrait
- Je reviens à ton objectif: apprendre à vivre pour toi-même. Aujourd'hui, où en es-tu?
- J'ai lâché la bride, je suis moins dans le contrôle et je me suis enfin autorisée à vivre ma vie.
- Qu'est-ce que cela a changé pour toi?
- Cela a changé notamment ma relation avec ma mère. Aujourd'hui, je sais qu'elle m'aime d'un amour profond et sincère, bien que maladroit. J'ai découvert que j'ai une maman géniale. Je n'ai plus besoin de l'appeler quinze fois par jour et elle s'inquiète moins. Elle peut se reposer.
- Tu veux dire qu'elle peut se reposer de toi?
- (J'entends son rire) Oui et des suites de mon accident. J'ai bien compris que je la retenais avec mes problèmes de santé.
- Les fameux bénéfices secondaires...
- J'en ai laissé pas mal aux vestiaires; je n'ai plus envie d'être dans la victimisation pour avoir son amour.
- Et toi, est-ce que tu peux te reposer de ta mère?
- Comment ça?
- Est-ce que tu peux lui laisser maintenant la responsabilité de sa vie?
- Oui et c'est ce qui fait que je me suis pardonnée et que je me donne le droit de vivre ma vie.
- Au tout début de ton coaching, sur une échelle de 1 à 10, je t'avais demandé où tu plaçais le curseur pour évaluer l'amour de ta mère à ton égard. Du moins tel que toi tu le ressentais. Te rappelles-tu où tu l'avais placé?
- Ou la la, oui, je l'avais placé à - 1000!
- Et tu avais piraté mon échelle! Et là maintenant, tu le places à combien?
- +100.
- C'est bien ce que je dis....
- 1 à 10 n'est pas suffisamment fort pour exprimer ce que je vivais. C'est une belle découverte que de me sentir aimée par ma mère.
- Oui, je te l'accorde.
Quelques semaines plus tard...
( J'entends une Priscilla survoltée)
- Je sais enfin pourquoi je ne me sentais pas aimée de ma mère. En fait elle me rejette bien, je n'ai pas rêvé...
- Que s'est-il passé?
- Comme je te l'ai déjà dit, elle n'exprime jamais aucune émotion, rien n'est jamais important. Et depuis que moi j'exprime les miennes, cela m'est de plus en plus difficile à accepter. Le week-end dernier, j'étais chez elle et nous nous sommes disputées. Elle a fini par me dire qu'elle n'aimait pas la "Priscilla fragile".
- Celle que tu es devenue? Celle qui pleure, rit, se met en colère?
- Je croyais que je l'étais devenue. Ma mère m'a dit que petite je pleurais pour un rien, de joie comme de chagrin et que je me prenais des claques pour me calmer...
- Donc tu avais oublié que tu pleurais?
- Oui, je l'avais zappé complètement durant des années et des années! Je me le suis interdit pour me faire aimer, pour me conformer à ses désirs. En fait elle n'aime pas qui je suis, du moins la plus grande partie de moi, et ce qui est incroyable, c'est que tout ce qu'elle me disait était limpide. C'était dur à entendre, mais pour une fois, elle me parlait vrai.
- Je te sens soulagée.
- Mais oui! Je sais enfin que je ne suis pas dingue et pourquoi je sentais toujours un décalage entre ces " je t'aime ma chérie" et ce qu'elle taisait...Je sais enfin pourquoi je lui demandais quinze fois par jour si elle m'aimait!
- Et ce qu'elle tait, est-ce que cela ne parle pas d'elle?
- Pfffff...Oui mais maintenant je m'en fiche de ce que ça dit d'elle. Je veux penser à moi, à ma vie. Il est grand temps.
- Vous allez peut-être pouvoir commencer à vous aimer, qu'en dis-tu?
- Je dis que ça remet drôlement les pendules à l'heure! Mais je me sens enfin libre. Et je sais qu'elle m'aime à sa façon. Elle m'aime comme elle peut...
La clôture
A la suite de cette séance, j'ai proposé à Priscilla de clôturer son coaching, son objectif étant atteint. Elle a accepté, souhaitant cependant repartir sur un nouvel objectif à déterminer.
Pour bien ancrer cette clôture, je lui ai demandé de me faire un petit topo par écrit, de tout ce qui s'était passé pour elle. Priscilla ayant accepté que je le publie, le voici :
Cette première partie a donc été faite de découvertes, j’ai pu enfin m’attribuer un rôle positif dans le destin de mes parents, j’ai pu comprendre les raisons inconscientes qui me motivaient pour agir ; ces séances de « compréhension » étaient entrecoupées par des séances liées au quotidien, séances qui ravivaient souvent quelque chose enfoui en moi.
Je ne me suis pas, pendant cette période, projetée dans l’avenir, je vivais ça au fur et à mesure des séances, des révélations, des chocs, « j’encaissais et surtout j’intégrais », enfin je dis ça mais je crois que tout cela s’est fait indépendamment de moi, car moi surtout je dormais !!!
A la fin de ce que je nommerais cette première partie de coaching, je me « pensais » différente, pleine de nouvelles idées sur moi, sur ma vie, pleine d’une nouvelle compréhension, et j’ai commencé à « découvrir » ce nouvel état.
J’avais des réactions différentes, des comportements nouveaux avec lesquels je n’étais d’ailleurs pas très à l’aise. J’expérimentais, je faisais un pas vers la nouveauté et deux pas vers ce que je connaissais. J’avais cette drôle de sensation d’être entre deux ; je mentirais si je disais qu’aujourd’hui j’ai changé de rive, car certains comportements étaient fortement ancrés en moi, mais j’ai l’impression que dans cette nouvelle vie, je vais expérimenter ces nouvelles attitudes ; là où elle me surprenaient, je vais tenter de les provoquer, d’aller de façon active dans le sens d’un bien être.
Alors c’est vrai que c’est très inconfortable parce que je me sens un peu comme toute nue, comme à « remplir », mais cette fois je me remplirais de choses qui m’appartiennent. "
Priscilla